L’ambassadeur
itinérant indique que si la double nationalité était illégal, on lui
aurait déjà retiré l’un de ses passeports. Depuis que Roger Milla et
Adolphe Moudiki, respectivement ambassadeur itinérant et administrateur
directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh), ont
été surpris à l’ambassade de France au Cameroun, votant lors de la
présidentielle Française, le débat sur la double nationalité a refait
surface au Cameroun. Et la polémique enfle.
Réagissant à cette controverse dans une interview au quotidien Le Jour,
l’ancien Lion Indomptable indique n’avoir « rien à cirer » des «
polémiques à la télévision, dans les journaux et les radios». Sa
position tient au fait que pour Roger Milla, avoir une autre nationalité
que la nationalité camerounaise ne pose pas de problème. « J’ai obtenu
ma double nationalité en 1984 (nationalité française Ndlr) (…). S’il
n’était pas possible que j’ai la double nationalité on m’aurait retiré
l’un des passeports. »
Que dit la loi ?
L’alinéa 1 de l’article 31 du code de nationalité interdit la double nationalité. Selon le texte, « tout Camerounais majeur qui acquiert ou conserve une autre nationalité étrangère de manière volontaire perd la nationalité camerounaise ». Autrement dit et selon l’explication de Me Emmanuel Simh, avocat au barreau du Cameroun, « Roger Milla et Adolph Moudiki ont perdu d’office la qualité de Camerounais et n’ont plus de droits civiques au Cameroun ». Pour une partie de l’opinion, ils ne devraient plus par conséquent occuper de hautes fonctions au Cameroun. « Une icône comme Roger Milla ne peut pas voter pour la France », « si M. Moudiki est français, cela signifie que notre pétrole appartient à la France », les entend-on pester dans les rues de Yaoundé.
Pour Roger Milla, ces « gens » disent « n’importe quoi ». Joint au téléphone, il affirme que le Chef de l’Etat est au courant de sa situation avant de fulminer: « je ne suis pas seul dans cette situation. Des personnalités plus haut placées que moi, possèdent aussi la double nationalité.»
Le code de nationalité en vigueur à ce jour au Cameroun date de 1968. L’alinéa 1 de l’article 31 aurait été initié par Amadou Ahidjo le premier président de la République du Cameroun pour empêcher des opposants à son régime (notamment les membres de l’Union des populations du Cameroun) exilés, de retourner au Cameroun, selon certains historiens camerounais.
Cet alinéa est depuis violé notamment par les joueurs de l’équipe nationale de football du Cameroun qui possèdent pour la plupart au moins deux nationalités. Aujourd'hui, cette disposition est jugé anachronique par les camerounais vivant à l’étranger qui n’ont eu de cesse, de demander sa révision. En visite en France en 2009, Paul Biya leur avait promis de résoudre le problème la double nationalité. A ce jour, c’est toujours le statuquo.