Revendications: Ambiance de grève à Lom Pangar
YAOUNDÉ - 04 Juillet 2012
© Sébastian Chi Elvido | Mutations
© Sébastian Chi Elvido | Mutations
A
la suite d’un mouvement d’humeur des ouvriers qui dénoncent
l’esclavagisme, Grégoire Owona somme l’entreprise chinoise de respecter
la réglementation camerounaise.
A l’arrivée du convoi de Grégoire
Owona, ministre du Travail et de la sécurité sociale, accompagnés de
Basile Atangana Kouna, ministre de l’eau et de l’énergie (Minee) et
Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région de l’Est sur le
site du projet de construction du barrage hydraulique de Lom Pangar dans
la région de l’Est ce lundi 02 juillet 2012, les ouvriers d’une
entreprise de la place, habillés en ensemble tenue bleu s’activent en
plein temps aux travaux de construction de la tribune devant abriter la
cérémonie de la pose de la première pierre de ce projet structurant
certainement par le chef de l’Etat dans les prochains jours. Si les
ouvriers de cette entreprise n’ont pas un problème particulier du fait
qu’ils sont entrain d’exécuter juste un marché temporaire, ceux de
l’entreprise chinoise, la China Water Electric corporation (Cwe) en
charge des travaux de construction du barrage réservoir de Lom Pangar
sont plutôt en colère contre leur employeur.
En effet, depuis le 25 juin 2012, les 218 ouvriers des différentes sections de la Cwe sous la conduite de leurs chefs, observent un arrêt de travail pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Une grève qui a paralysé le chantier pendant deux jours. Selon leur porte parole, les ouvriers réclament en particulier «l’établissement des contrats de travail, le respect de la grille des salaires contenue dans la convention collective des bâtiments et travaux publics, le paiement sur bulletin de paie, la classification professionnelle, le pointage systématique des heures de travail et leur prise en charge effective dans le bulletin de paie, le paiement des heures supplémentaires, le paiement des indemnités de mission et de transport, la prise en charge des malades, la réduction des prix et l’augmentation du volume des repas et l’immatriculation à la Cnps». Pour Grégoire Owona, sa présente mission à Lom Pangar «sur très hautes instructions du président de la République, vise à ramener la paix pour que règne la cohésion sociale qui fera avancer ce grand chantier». Le ministre de travail et de la sécurité sociale reconnaît également que «les travailleurs ont des revendications fondées et légitimes et la méthode gouvernementale consiste à les régler en profondeur par des solutions durables». Réglementation Pour ce fait, Grégoire Owona a sommé séance tenante, l’entreprise chinoise de se conformer immédiatement à la réglementation camerounaise en matière de travail, notamment à résoudre les problèmes de santé, de nourriture et de l’eau soulevés par les ouvriers. De son côté, Edc, le maître d’ouvrage de Lom Pangar est également pointé du doigt par les ouvriers comme étant parfaitement au courant de la situation qui dure depuis 2010, année de la première grève. Pour son directeur général, Théodore Nsangou, «nous avons déjà sommé l’entreprise par rapport à certaines revendications notamment l’eau, le salaire et les problèmes de nourriture», déclare-t-il en précisant que «nous n’avons pas été associés aux recrutements des ouvriers.» Pour le directeur général de la China Water Electric corporation, Ding Wang Loug, certains problèmes soulevés aujourd’hui comme le logement des ouvriers (qui sont logés à 4 par chambre: ndlr) existent simplement parce que l’entreprise n’a pas encore construit sa base vie. Mais le patron de cette entreprise spécialisée dans la construction des barrages estime que les délais impartis pour la construction du barrage de Lom Pangar doivent absolument être respectés. A ce titre l’option de grève des employés ne doit pas être encouragée. Sur place il a annoncé le début de l’immatriculation des ouvriers du chantier Lom Pangar à la Cnps. Une annonce qui a eu les encouragements de Grégoire Owona qui a aussitôt demandé aux ouvriers de se mettre au travail, vue l’importance du barrage de Lom Pangar pour l’ensemble de l’économie camerounaise en termes d’amélioration de l’offre énergétique. Cependant, les ouvriers dans leur immense majorité continuent à croire qu’il faut absolument prendre en compte l’ensemble de leurs revendications, notamment l’aspect nutrition: «je gagne 45.000 Fcfa par mois, lorsqu’on prélève 36.000 Fcfa pour la nourriture, il ne me reste que 9.000 Fcfa; est ce qu’on peut travailler seulement pour manger?», s’interroge un ouvrier furieux. |
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