Revendication : Les instituteurs contractuels saisissent la Conac
Dans cette correspondance, ils demandent l’ouverture d’une enquête autour du recrutement de 500 enseignants.
Le
Comité National I11 (Intégration des instituteurs contractuels et
contractualisés en 2011) vient de rebondir. Le 24 novembre dernier,
le Comité a adressé une lettre au président du Comité National
anticorruption (Conac) pour demander l’ouverture d’une enquête «sur les
irrégularités autour du concours pour le recrutement de 500 instituteurs
de l’enseignement primaire et maternel».
Ces irrégularités, d’après
Thomas Messanga Ngono, président dudit comité, sont de plusieurs
ordres. Entre autres, il y a le cas de 309 candidats qui n’ont pas pu
concourir bien qu’ayant déposé normalement des dossiers ; ensuite, le
cas des candidats qui ne devraient pas être autorisés à concourir mais
qui ont concouru.
L’on note aussi le cas des candidats qui
n’avaient pas déposé des dossiers mais qui ont concouru. «Par ailleurs,
dévoile Thomas Messanga, des individus qui ont composé mais qui
n’avaient rien à voir avec l’enseignement». Une liste qui, d’après
ledit Comité, n’est pas exhaustive, d’autres dysfonctionnements étant à
décéler. Mais avant même le déroulement du concours qui s’est tenu le
12 novembre dernier sous «haute sécurité policière», le comité I11
avait adressé une correspondance au Ministère de la Fonction Publique et
de la Réforme Administrative (Minfopra) demandant l’annulation du
concours. La correspondance du 16 octobre 2011, fait état «des grandes
manoeuvres avant cette échéance». Des dénonciations qui vont être
réitérées dix jours plus tard au Premier ministre, Philémon Yang. Outre
ces lettres, le comité enfoncera le clou en réitérant ces
récriminations le 17 novembre 2011 dans une correspondance se voulant
plus précise dans les faits.
Rappels
Ce nouveau
rebondissement intervient alors que cinq leaders du comité I11
s’apprêtent à comparaître le 12 décembre prochain au tribunal de
première instance de Yaoundé, centre administratif. Les prévenus qui
comparaîtront librement, sont accusés d’avoir organisé illégalement la
marche du 10 et 11 novembre dernier. Une marche illégale, de l’avis même
du président du comité, Thomas Messanga Ngono. Et pour cause,
l’autorisation du Préfet du Mfoundi n’avait pas été accordée en raison
de son indisponibilité. Mais seule la justice en décidera.
Il faut
dire que ce n’est pas la première fois que les 40 000 instituteurs
contractuels et contractualisés entre 2001 et 2005 luttent pour faire
entendre leur voix. Depuis plusieurs mois déjà, ils se battent pour
leur intégration en nombre massif dans la Fonction publique.
Entre autres revendications évoquées, ils espèrent aussi une dérogation
spéciale de la loi par le chef de l’Etat, pour ce qui est de l’âge
maximum d’entrée dans la Fonction publique, comme cela a été le cas en
2001. Ils plaident pour que le changement de statut se fasse à travers
un recrutement massif. Pour cela, un sit-in avait même été organisé dans
la cour du ministère de l’éducation de base et puis devant les locaux
du Minfopra , en août dernier. Manifestation pacifique au cours de
laquelle, ils avaient scandé des slogans tels : «Quelle éducation de
qualité pour des enseignants frustrés ?» ou encore «concours source de
corruption, de parrainage et frustration». Mais comme cela devient de
plus en plus récurrent, elle s’était soldée par un refus de
l’administration qui ne s’était contenté de calmer les esprits pour un
laps de temps.
Josephine Abiala