Revalorisation des salaires: Les fonctionnaires se ruent vers la «bière» de Paul Biya
DOUALA - 29 JUIL. 2014
© Vanessa TSANGA | Le Messager
Suite à l’annonce d’une augmentation de 5% de salaires, bon nombre d’agents de l’Etat ont attendu cette fin du mois avec impatience afin de vérifier l’effectivité de cette hausse.
Vendredi 25 juillet 2014. Il est 15h30. Dans les banques de Yaoundé, les guichets continuent d’afficher complets. On observe des files de salariés qui ne semblent pas prêts à se reposer et à repasser la semaine prochaine pour toucher leur paie. A la trésorerie générale dans la capitale politique, l’affluence laisse sans voix. Dans les rangs, règne un léger désordre, c’est à qui réussira à s’infiltrer pour être rapidement servi. «Alignez-vous comme les autres ! Il n’y a pas de faveur ici, nous sommes aussi pressés comme vous», lance une dame très énervée à l’encontre d’un homme d’une quarantaine d’années qui essaie de négocier une place à l’avant. C’est pratiquement la fin de la journée et ces fonctionnaires tiennent à rentrer dans leurs domiciles avec leurs salaires en poche. Encore que le week-end s’avère long. «Je suis là depuis 12h et je dois rentrer chez moi avec mon salaire, j’en ai besoin», explique Mbita, un militaire. Le jeune homme est également très motivé suite à l’augmentation effective des salaires depuis ce mois. « Ces 5% me seront d’une grande utilité, ce n’est pas grand-chose, mais, ça servira au moins pour mon transport durant une partie du mois», déclare le militaire en service à de Douala.
Léonie, quant à elle, est là depuis quelques minutes. Mais, la jeune femme veut aussitôt être servie. Elle repère un ami et essaie des méthodes de flatterie pour prendre sa place. Malheureusement, l’homme n’est pas d’accord et refuse la proposition de la jeune femme. «J’ai appris que nos salaires étaient déjà disponibles. Mais, je suis en retard et je dois avoir cet argent avant 18h. J’ai une dette à régler et la dame à qui je dois cet argent ne peut plus attendre», confie Léonie, la mine défaite. A la sortie de la paierie, deux militaires discutent âprement, très satisfaits de leur salaire revu à la hausse. «L’augmentation nous arrange parce que ça change quand même quelque chose à notre salaire, ça nous servira au moins pour quelques bières de plus», lancent joyeusement les deux jeunes gens.
Des salariés boudent
Le scénario est le même dans certaines banques de la ville. A la Sgc, la file est longue malgré les heures qui s’égrènent, une certaine impatience se lit sur les visages. «Je tiens à mon salaire, c’est la fin du mois, donc c’est normal même si j’attends encore des heures durant», soutient Manga, cadre dans un ministère. Comme un bon nombre de fonctionnaires, ce jeune père de famille tenait également à vérifier l’effectivité de l’augmentation des salaires. «On attendait cette augmentation ce mois. Dès que j’ai su que mon salaire était disponible, je me suis précipitée ici, mais, j’ai fait cela parce que je voulais vérifier que cette histoire de 5% était vraie », explique Diane, professeur de lycée.
La jeune femme n’est effectivement pas la seule qui souhaitait taire l’appréhension et l’inquiétude nées de cette annonce. Paul, jeune cadre, s’est lui aussi empressé de se rendre à sa banque pour entrer en possession de son salaire, et faire la même vérification. «Je ne suis pas souvent pressé à la fin du mois. Mais, celle-ci est particulière, puisque nous attendions ces 5% dans nos salaires. Je me sens rassuré même si j’estime que cette augmentation ne me servira à rien, cela ne comble même pas mes frais de carburant tout au long de la semaine», déplore-t-il. Même son de cloche chez certains clients de la Nfc-bank. Pour Alioum, professeur, 5% c’est insuffisant : « C’est bien beau d’augmenter les salaires, mais 5% pour moi c’est insuffisant. Surtout en cette période où les parents doivent préparer la rentrée scolaire. On ne va pas nous faire des faveurs dans les librairies et les points de vente. Au contraire, les commerçants n’ont que ça au bout des lèvres, on a augmenté les salaires des fonctionnaires. Pourtant cela n’arrange pas tout le monde ». La hausse des salaires ne fait donc pas que des heureux. Mais, pour l’instant, les fonctionnaires continuent de se ruer vers les banques, un rituel pour ces agents de l’Etat, qui, pour rien au monde, ne manqueraient à l’appel.
Vanessa TSANGA (Stagiaire)
© Vanessa TSANGA | Le Messager
Suite à l’annonce d’une augmentation de 5% de salaires, bon nombre d’agents de l’Etat ont attendu cette fin du mois avec impatience afin de vérifier l’effectivité de cette hausse.
Vendredi 25 juillet 2014. Il est 15h30. Dans les banques de Yaoundé, les guichets continuent d’afficher complets. On observe des files de salariés qui ne semblent pas prêts à se reposer et à repasser la semaine prochaine pour toucher leur paie. A la trésorerie générale dans la capitale politique, l’affluence laisse sans voix. Dans les rangs, règne un léger désordre, c’est à qui réussira à s’infiltrer pour être rapidement servi. «Alignez-vous comme les autres ! Il n’y a pas de faveur ici, nous sommes aussi pressés comme vous», lance une dame très énervée à l’encontre d’un homme d’une quarantaine d’années qui essaie de négocier une place à l’avant. C’est pratiquement la fin de la journée et ces fonctionnaires tiennent à rentrer dans leurs domiciles avec leurs salaires en poche. Encore que le week-end s’avère long. «Je suis là depuis 12h et je dois rentrer chez moi avec mon salaire, j’en ai besoin», explique Mbita, un militaire. Le jeune homme est également très motivé suite à l’augmentation effective des salaires depuis ce mois. « Ces 5% me seront d’une grande utilité, ce n’est pas grand-chose, mais, ça servira au moins pour mon transport durant une partie du mois», déclare le militaire en service à de Douala.
Léonie, quant à elle, est là depuis quelques minutes. Mais, la jeune femme veut aussitôt être servie. Elle repère un ami et essaie des méthodes de flatterie pour prendre sa place. Malheureusement, l’homme n’est pas d’accord et refuse la proposition de la jeune femme. «J’ai appris que nos salaires étaient déjà disponibles. Mais, je suis en retard et je dois avoir cet argent avant 18h. J’ai une dette à régler et la dame à qui je dois cet argent ne peut plus attendre», confie Léonie, la mine défaite. A la sortie de la paierie, deux militaires discutent âprement, très satisfaits de leur salaire revu à la hausse. «L’augmentation nous arrange parce que ça change quand même quelque chose à notre salaire, ça nous servira au moins pour quelques bières de plus», lancent joyeusement les deux jeunes gens.
Des salariés boudent
Le scénario est le même dans certaines banques de la ville. A la Sgc, la file est longue malgré les heures qui s’égrènent, une certaine impatience se lit sur les visages. «Je tiens à mon salaire, c’est la fin du mois, donc c’est normal même si j’attends encore des heures durant», soutient Manga, cadre dans un ministère. Comme un bon nombre de fonctionnaires, ce jeune père de famille tenait également à vérifier l’effectivité de l’augmentation des salaires. «On attendait cette augmentation ce mois. Dès que j’ai su que mon salaire était disponible, je me suis précipitée ici, mais, j’ai fait cela parce que je voulais vérifier que cette histoire de 5% était vraie », explique Diane, professeur de lycée.
La jeune femme n’est effectivement pas la seule qui souhaitait taire l’appréhension et l’inquiétude nées de cette annonce. Paul, jeune cadre, s’est lui aussi empressé de se rendre à sa banque pour entrer en possession de son salaire, et faire la même vérification. «Je ne suis pas souvent pressé à la fin du mois. Mais, celle-ci est particulière, puisque nous attendions ces 5% dans nos salaires. Je me sens rassuré même si j’estime que cette augmentation ne me servira à rien, cela ne comble même pas mes frais de carburant tout au long de la semaine», déplore-t-il. Même son de cloche chez certains clients de la Nfc-bank. Pour Alioum, professeur, 5% c’est insuffisant : « C’est bien beau d’augmenter les salaires, mais 5% pour moi c’est insuffisant. Surtout en cette période où les parents doivent préparer la rentrée scolaire. On ne va pas nous faire des faveurs dans les librairies et les points de vente. Au contraire, les commerçants n’ont que ça au bout des lèvres, on a augmenté les salaires des fonctionnaires. Pourtant cela n’arrange pas tout le monde ». La hausse des salaires ne fait donc pas que des heureux. Mais, pour l’instant, les fonctionnaires continuent de se ruer vers les banques, un rituel pour ces agents de l’Etat, qui, pour rien au monde, ne manqueraient à l’appel.
Vanessa TSANGA (Stagiaire)