Retraite : Le crépuscule de la vieille garde
Retraite : Le crépuscule de la vieille garde
Pierre Semengue, Oumarou Djam Yaya, Nganso Sunji et James Tataw ont été admis à la deuxième section de leurs corps respectifs.
Ces
quatre têtes couronnées ont chacune une trajectoire qui se confond
quelque peu à celle des forces de défense camerounaises. Avec les
derniers actes du chef suprême des forces armées, ces officiers généraux
sont aujourd’hui sans fonction officielle. Pierre Semengue, Nganso
Sunji, James Tataw Tabe et Oumarou Djam Yaya, ont respectivement été
admis à la deuxième section de l’armée de terre et de la gendarmerie.
Si
pour certains ce terme sonne comme un néologisme, il s’agit en réalité
de la mise en retraite (tout en restant en réserve) de ces hommes qui
cumulent à eux quatre 122 années au grade de général dans les forces de
défense camerounaises, et plus de 200 ans de service sous les drapeaux.
Au sein de la grande muette l’on considère cela comme une récompense qui
sanctionne l’immense travail abattu par ces icônes qui ont porté
l’armée camerounaise sur les fonts baptismaux. Ils bénéficient donc d’un
repos bien mérité.
Le général d’armée Pierre Semengue, né le 26 juin
1935, a pris le service dans les forces armées camerounaises le 1er
octobre 1956. Trois après son admission dans les rangs, il vit la
création de l’armée camerounaise le 1er juillet 1959. Il est nommé
général de brigade le 10 juillet 1973 alors qu’il n’a que 38 ans. Il
aura épuisé toutes les fonctions prestigieuses de la grande muette de
chef d’état major de l’armée de terre à chef d’état major des armées en
passant par inspecteur général des armées et contrôleur général des
armées. Agé aujourd’hui de 76 ans, le général d’armée est en réserve
d’une institution qu’il a servie pendant 55 ans.
Le doyen des
généraux de l’armée camerounaise, James Tataw Tabe, a servi pendant 56
ans dans les forces de défense. Celui qui était conseiller logistique du
ministre de la Défense, a intégré les rangs de l’armée camerounaise le
14 juin 1955 alors qu’il revenait du Nigeria. Né le 5 septembre 1933,
James Tataw est élevé au grade de général de brigade à l’âge de 50 ans
le 1er juillet 1983.
Pionnier de l’armée camerounaise, le général de
division âgé aujourd’hui de 78 ans, a consacré 56 années de sa vie au
service de la patrie. A l’image de James Tataw, le général de corps
d’armée Jean Nganso Sunji rentre dans les rangs à 19 ans, soit le même
jour que le général d’armée Pierre Semengue, avec qui il aura cheminé
pendant toutes ces années, et porté sur les fonts baptismaux la future
armée camerounaise en 1959.
Né le 15 octobre 1937, le général Nganso
appartient à la cuvée des officiers supérieurs de l’armée élevés au
grade de général le 1er juillet 1983 par Paul Biya. Pendant 28 ans, il a
servi au haut commandement comme conseiller logistique du ministre de
la défense, chef d’état major de l’armée de l’air ou encore inspecteur
général des armées jusqu’au 11 mars dernier. Avec un total de 55 années
sous le drapeau, Jean Nganso Sunji, 74 ans aujourd’hui, prend une
retraite forcée.
Oumaroudjam Yaya est le cadet de la vieille
garde. A 72 ans, le général qui a vu le jour en 1939, est présenté à
l’étendard le 16 octobre 1957 dans les rangs de la gendarmerie, à tout
juste 18 ans. Comme ses camardes Nganso Sunji et James Tataw, il est lui
aussi élevé au grade de général le 1er juillet 1983 à 43 ans.
L’histoire de la gendarmerie se confond un peu à cet homme qui aura été
jusqu’au 13 avril 1989, unique officier général de ce corps.
Avec 54
ans de service sous le drapeau dont 28 années au haut commandement,
Oumarou Djam Yaya qui est mis en réserve aujourd’hui, est de toutes les
réformes qui ont façonné ce corps des forces de défense. A eux quatre,
ces militaires qui ont fait les grandes écoles de guerre d’hexagone et
du monde additionnent 210 années de service sous le drapeau. Forcés à la
retraite aujourd’hui, ils l’auraient prise depuis des dizaines d’années
quelles que soient les administrations ou les institutions du monde
dans lesquelles ils auraient servi.
PCA