YOUWIN2018

Source : Camerounlink 18 12 2018

Face à un Sgpr livré à la vindicte populaire, le PDG de Canal2 annule toute émission susceptible d’éclairer l’opinion publique sur les procédures d’attribution des marchés de la Can par la présidence de la République. De même que tout invité, supposé venir contredire les allégations de corruption portées contre ce collaborateur du chef de l’Etat, se voit frapper d’une interdiction d’accès en studio.

Toute ma vérité sur les travaux et les marchés de la CAN ce soir sur canal 2 internationale. » annonce sur sa page facebook ce dimanche 16 décembre à 9h17, Théophile Yimgaing Moyo. L’homme est tout sauf un inconnu de la scène médiatique, un parfait client pour les journalistes. Également homme poli- tique, mais c’est essentiellement pour ses qualités professionnelles que l’architecte hors échelle et président de la chambre des urbanistes est programmé sur le plateau du talk-show dominical « L’Arène ». En face de lui, un invité de taille du nom de Ben Modo, le président directeur général de Prime Potomac, une entreprise adjudicataire des marchés de la CAN, dont le taux satisfaisant de réalisation des travaux sur le terrain à Garoua déplaît à certaines officines du sérail.

Sauf qu’à 20h, c’est-à-dire trente minutes avant le lancement de « L’Arène », Yimgain Moyo revient au galop mais plutôt sous un prisme désolant : « Je viens d´être informé que l´émission "l´Arène" à laquelle je devais participer ce soir sur canal 2 international au sujet des travaux et marchés de la CAN n´aura plus lieu. Hélas ! » Pour qui connaît les pratiques dans la chaîne de télévision d’Emmanuel Chatue, « ce n’est que le PDG lui-même qui peut prendre pareil risque d’annuler une émission déjà programmée, surtout un programme de grande audience comme « L’Arène », de surcroit avec un invité Vip comme Ben Modo » commente un ancien journaliste de la maison, non sans faire le reproche d’une gestion à l’épice- rie. Il ne se fait donc aucun doute que l’objectif de l’annulation de « L’Arène », hier dimanche, était de faire échec au passage de Ben Modo. Et de ce que c’est une décision prise personnellement par Emmanuel Chatue. Traqué par une meute d’affabulateurs déchaînés dans les réseaux sociaux, ainsi que par certains journaux sans reliefs et instrumentalisés, le PDG de Prime Potomac a cru devoir briser le silence la semaine dernière. Ses deux premières sorties médiatiques de la semaine, aux allures de déballages, ont eu un effet d’électrochoc dans le sérail. C’était d’abord à travers une interview exclusive dans les colonnes de votre journal, édition du lundi 10 décembre dernier. Puis dans l’émission « Entretien avec... », de la chaîne de télévision STV, jeudi dernier.

Lors de ces deux sorties médiatiques, Ben Modo s’est surtout appesanti sur le processus ayant concouru à l’attribution des marchés de la CAN à son entreprise, tout en réfutant l’idée de la moindre collusion avec le Sgpr :
« Nous avons proposé au Cameroun, de lui construire 4 stades d’entraînement de classe mondiale, ainsi que deux hôtels quatre étoiles, pour un budget compressé de 26 milliards de Fcfa. L’offre équivalente de la Compétition tournait autour de 35 milliards de Fcfa, soit une économie pour le Cameroun de plus de neuf milliards de Fcfa. Prenez le cas du stade de Coton Sport par exemple, que nous construisons pour 2,5 milliards de Fcfa. Il n’y a, au Cameroun, aucun autre stade d’entraîne- ment de ce standard, qui soit moins cher que nous. Donc ceux qui véhiculent l’idée suivant la- quelle nos marchés auraient reçu quelque faveur que ce soit, se trompent lourdement. En décidant de traiter avec Prime Potomac, l’Etat du Cameroun a économisé plus de neuf milliards de Fcfa. »

Marchés gagnés suite à l’intervention des etats-unis et non de ngoh ngoh

La mise au point de Ben Modo a le don de faire souffler Ferdinand Ngoh Ngoh, accusé de toutes sortes de diableries dans la gestion des marchés de la CAN. Sur- tout que dans son cas, le patron de Prime Potomac convoque plu- tôt le rôle déterminant des Etats- Unis d’Amérique dont personne ne parle. « Et nous avons toujours soutenu que notre dossier doit son succès, d’abord à son mérite ; et ensuite à l’implication directe de l’Etat américain, qui a porté notre dossier au Président de la République du Cameroun directement. L’ambassade des Etats-Unis et le département du Commerce américain, ont dé- fendu notre dossier à un moment où personne au Cameroun ne croyait en nous. L’ambassade des Etats-Unis a pris part à presque toutes les réunions de négociation qui ont eu lieu au ni- veau de la présidence de la Ré- publique. J’irai plus loin : il y a même eu la rédaction d’une note diplomatique faite à l’attention de la République du Cameroun, par les autorités américaines, pour rassurer le Cameroun, sur les capacités de l’entreprise pro- posée. A la fin de ces négociations, un procès-verbal a été signé à la présidence de la République, en présence des autorités de l’ambassade des Etats-Unis, qui ont signé ce PV.

Ce que nous disons depuis un an, nous le disons haut et fort à qui veut l’entendre et jusqu’ici, personne ne s’est donné la peine d’aller vérifier, auprès de l’Ambassade des Etats-Unis, ce que nous disons… et pourtant l’Ambassade est ici à Yaoundé. Les gens se contentent de faire des accusations sans fondement, car il semble que c’est plus facile ainsi. La Constitution dans la- quelle nous nous sommes construits, ne nous permet pas de penser en termes de corruption, comme certains veulent le faire croire. Car nous représentons une éthique plus grande, et avons donc, une plus grande responsabilité. » Raconte Ben Modo dans Essingan du 10 décembre 2018.

Un invité présumé proche du sgpr poussé hors du studio de « canal presse »

« Les interventions de Ben Modo ont eu le don de clarifier les choses. De laver l’honneur terni des collaborateurs du chef de l’Etat, en premier du Sgpr, qui sans nul doute était embarrassé par le silence de ce chef d’entreprise » commente sous anonymat un haut fonctionnaire en service à la présidence de la Ré- publique. Un sentiment contraire chez le patron de Canal2 on di- rait. La preuve, ce même dimanche 16 décembre 2018, un invité, présumé être proche de Ferdinand Ngoh Ngoh, est poussé à la sortie du studio de l’émission de débats « Canal presse ». Au tout début du pro- gramme. Du nom de Cyrille Tollo, il fait savoir sur sa page facebook que « Je suis sur le plateau de canal presse et un pseudo journaliste a fait circuler un fake sur Facebook selon le- quel j´aurai perçu la somme de 5 millions de francs du Ministre SGPR. Ce montant aurait été remis soit au PDG de la chaîne Mr Chatue soit à Monsieur Bouba Ngomna, présentateur de l´émission. D´un commun accord, avec Mr Bouba Ngomna que je rencontre pour la première fois, nous avons décidé d´annuler mon passage à ce rendez-vous dominical. Ceci pour ne pas dé- crédibiliser mon expertise en tant qu´universitaire et pour ne pas ternir la renommée de Canal2 et l´intégrité de son présentateur. »

L’aversion subite et brutale d’Emmanuel Chatue contre le Sgpr surprend plus d’un. Y compris son propre entourage, étonné par la fermeté de ses instructions. A en croire des indiscrétions, c’est tout furieux qu’il a fait savoir dans un échange télé- phonique qu’« Il ira faire son kilav ailleurs, pas dans ma télé- vision. Je tiens à ce qu’il n’y ait aucune prise de parole ni intervention en faveur de Ngoh Ngoh sur mes antennes. Il en veut à mon parrain, c’est une question de camp ».


Essigan

Source : Autres