Jointe au téléphone mardi en fin d'après midi jeudi dernier, la fille aînée de l'ancien chef de l'Etat dément toute tractation.Le rapatriement de la dépouille d'Ahmadou Ahidjo ne cesse de raviver la polémique au Cameroun. Lundi 26 novembre 2012, l'hebdomadaire régional d'informations du Nord-Cameroun L'œil du Sahel barre à la Une de son édition : «La fille de Germaine Ahidjo négocie à Yaoundé».
30 Novembre 1989/30 novembre 2012: 23 ans que Ahidjo s’en est allé!
Le rapatriement de la dépouille d'Ahmadou Ahidjo ne cesse de raviver la polémique au Cameroun. Lundi 26 novembre 2012, l'hebdomadaire régional d'informations du Nord-Cameroun L'œil du Sahel barre à la Une de son édition : «La fille de Germaine Ahidjo négocie à Yaoundé». Avec en puce: «Venue de Dakar, Aminatou Ahidjo a discrètement été reçue à Etoudi». L'article de Raoul Guivanda précise: «Installée à Centrale Hôtel... Durant son court séjour d'une semaine environ, elle a été reçue à Etoudi, au moins à deux reprises, par un très proche du chef de l'Etat».
Et de s'interroger: «Qu'est venue faire à Yaoundé la benjamine de l'ex président et de Germaine? Est-elle venue déblayer le terrain en vue de futures discussions? Est-elle venue poursuivre des pourparlers entamés plus tôt?» Suffisant pour alimenter les débats dans les salons huppés et chaumières de la capitale. Surtout lorsqu'on tonnait la proximité du journal de Guibaï Gatama avec le gotha politico-administratif et économique des régions septentrionales.
Officielle.
La Météo s'est rapprochée mardi en fin d'après-midi de la famille de l'ancien président de la République, installée au Sénégal depuis plus d'une vingtaine d'années. D'une voix posée, Babette Ahidjo nous accueille au téléphone. Malgré la liaison téléphonique pas très correcte entre le Cameroun et le Sénégal, la fille aînée de Germaine et Ahmadou Ahidjo est disponible à converser avec nous. Après quelques civilités, nous lui indiquons que nous avons appris qu'elle venait de séjourner à Yaoundé.
Elle marque sa surprise et souligne: «ça doit être ma petite sœur». Nous prenons la balle au bond et attaquons le vif du sujet. Le reporter de La Météo lui indique que, selon certaines publications paraissant au Cameroun, sa sœur aurait été reçue discrètement au Palais de l'Unité afin de négocier le retour des restes du président Ahidjo. Babette ne commente pas cette information mais indique: «La maman (Germaine Ahidjo, Ndlr) n'a jamais été approchée officiellement, et même officieusement, pour négocier quoique ce soit à propos du rapatriement de la dépouille du vieux (Ahmadou Ahidjo)».
Elle poursuit: «Papa a quand même été chef de l'Etat pendant près de 25 ans. S'il faut ramener son corps au Cameroun, est-ce que cela doit faire l'objet d'une négociation en catimini? Il n’y a qu'un décret du président de la République pour réhabiliter sa mémoire, et non d'obscures tractations dans les couloirs». Et de continuer: «En tout cas, c'est comme je vous l'ai dit. Nous n'avons jamais été approchés officiellement. Je pense que nous n'en avons même pas besoin. Il n'est point besoin de négociations pour rapatrier les restes du premier président du Cameroun dans son pays. Cela revient aux officiels de l'Etat camerounais, comme l'a toujours indiqué la maman».
Pour terminer, nous lui demandons à quand son arrivée au Cameroun. Là encore, Babette Ahidjo a l'air confuse. «Dans quelles conditions voulez-vous que j'arrive au Cameroun. En tant qu'étrangère ou en tant que Camerounaise? On nous a retiré tous nos papiers» indique-t-elle. «Cela fait près de 25 ans que la maman n'a plus reçu sa pension. Mais rassurez-vous, elle va bien. Il faut d'abord que la situation du vieux soit arrangée. A partir de là, la notre pourra aussi être régularisée et nous pourrons venir tranquillement au Cameroun», conclut-elle.
Débat.
Pour le président Biya: «Le rapatriement de la dépouille de l'ancien président est un problème d'ordre familial. Je n'ai pas d'objection, et je dois dire que le fils de mon prédécesseur est député. Je n'ai pas de problème avec la famille de mon prédécesseur, ses filles et ses fils vont et viennent et personne ne les a jamais inquiétés. Si la famille de mon prédécesseur décide de faire transférer les restes du président Ahidjo, c'est une décision qui ne dépend que d'elle, je n'ai pas d'objections ni d'observation à faire».
La veuve d'Ahidjo estime plutôt que son mari
appartient au patrimoine national. Elle précisait à l'occasion du
cinquantenaire de l'indépendance: «Je souhaite voir la réconciliation
nationale de tous les Camerounais. Celle-ci ne pourrait se réaliser sans
la réhabilitation officielle de son premier président, décédé et
enterré il y a 20 ans loin de sa terre natale, et le retour de ses
restes au pays dans l'honneur et la dignité».