La parade observée à l’aéroport et dans les médias publics alors même que la partie septentrionale du pays est sinistrée, laisse un goût amer autour de cet évènement.
Fallait –il que le chef de l’Etat se réjouisse du retour de son épouse, visiblement en bonne santé ? Oui. Fallait-il que cet évènement prenne la tournure d’un triomphe démontrant à quel point le président de la République prête finalement l’oreille à tout ce qui se dit dans la presse et dans l’opinion ? Non. Cela principalement parce que le Cameroun à l’heure actuelle est un pays sinistré. La détresse de 20.000 personnes dans le septentrion n’autorise nullement toute attitude triomphale de la part du chef de l’Etat. Tout au plus, Paul Biya et son épouse auraient pu se permettre un triomphe modeste, au lieu de quoi, ils en ont trop fait.
Mise en scène
A l’évidence, la mobilisation du gouvernement au grand complet à l’aéroport était au moins maladroite sinon indécente alors même que le même engagement n’a guère été observé au sujet des inondations dans le septentrion. Puis, l’attitude même du chef de l’Etat, aux anges et de son épouse, comme à son habitude, expressive reléguait au second rang les autres malheurs du pays, les enfermant dans leur bonheur pour lequel il y avait obligation pour tous de s’associer.
Pourtant, la discrétion aurait dû l’emporter sur les élans de triomphe des thuriféraires du régime qui sont toujours prompts à tout transformer en fête. Dans cette posture, le chef de l’Etat aurait pu se livrer à une déclaration à la presse, manifester sa solidarité vis –à-vis des victimes des inondations et partant se tenir stricto sensu à son rôle de chef de l’Etat en confinant dans la sphère privée ce qui a lieu de l’être.
Indifférence
De tout cela, Paul Biya s’expose principalement à deux critiques. D’abord à celle selon laquelle qu’ échaudé par les affirmations de la presse et de l’opinion à l’endroit de l’état de santé de son épouse, le chef de l’ Etat a tenu à assener un coup à tous ses détracteurs. Ce qui est une attitude du parfait politicien toujours rancunier donc prompt à rendre les coups. On se souvient du fameux « Me voici donc à Douala ! », lâché à Douala en 1992, en réponse à ceux qui estimaient qu’il était incapable de se rendre dans cette ville en quasi insurrection contre son pouvoir. Tout comme du sinistre « le fantôme vous salut bien », décoché en juin 2004 à son retour au Cameroun, après qu’il ait été donné pour mort à Genève en Suisse.
Pour le cas des inondations dans le Nord, les mêmes pourraient dire qu’on devrait s’attendre à ce qu’il annonce son déplacement pour cette région. Malheureusement, ajouteraient –ils, on est plus tenté de croire qu’il n’en sera rien.