Le vice-Premier ministre a regagné la capitale hier sans son épouse, ni sa garde. Il s’est rendu directement à la présidence.
Quel mot peut-il décrire le retour d’Amadou Ali à Yaoundé hier ? Abandon, peut-être, tristesse aussi. Amadou Ali, le tout-puissant vice-Premier ministre de la République du Cameroun, qui a embarqué à ce même endroit en fin de semaine dernière avec son épouse, se rendant au village pour la fête du ramadan, en est rentré seul, laissant sa femme entre les mains d’une horde de tueurs de Boko Haram qui ont mené un sanglant coup de force à Kolofata au petit matin, dimanche dernier.
Tout était sobre et dépouillé de tout protocole. Lorsque l’avion de la Camair-co en provenance de Garoua (avec escale à N’Djamena) atterrit à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen à 15h55, personne ne peut jurer qu’un membre du gouvernement de la stature d’Amadou Ali est parmi les passagers. Aucun dispositif protocolaire. Ses Land Cruiser noirs aux vitres fumées ne sont pas visibles dans les différents parkings de l’aéroport. Et pourtant, il est bien là.
Lorsque l’avion s’immobilise, trois personnes en gandoura s’introduisent dans la salle d’attente. 16h08 : Amadou Ali sort entouré de ces personnes. Il ne porte pas sa traditionnelle gandoura trois pièces. Il est habillé en « sarreau », bleu avec des chaussures noires, et une chéchia haute, qu’on appelle “Djanna boucar”. Il a l’air pressé, la mine défaite, il a le pas rapide. Son regard est tourné vers le sol. Il n’a rien entre ses mains. Ni son téléphone, ni son boîtier de lunettes.
Il ne porte pas comme d’habitude son sac gris. Non loin de la porte de sortie de l’aéroport, un homme entre deux âges en « sarreau » également lui donne un salut militaire. Il répond en secouant la tête sans dire un mot. Il sort et se dirige directement vers une Mercedes noire en position de départ, moteur en marche. Il s’engouffre avec une seule personne à la cabine. Un de ses aides, avant de fermer la portière, lui tend un magazine plié en deux où on peut voir la photo de Paul Biya.
La voiture démarre en trombe et fonce vers la ville. Sans cortège. Il se dirige directement vers le Palais d’Etoudi, où se trouvent ses bureaux. La foule mobilisée à son domicile pour l’attendre a fini par se disperser, en fin de journée, lasse de l’attendre. Il est resté jusqu’à tard au palais. Dimanche dernier, le domicile d’Amadou Ali à Kolofota dans la région de l’Extrême-Nord a été attaqué par des assaillants armés. Bilan de l’attaque, sept personnes tuées dans son domicile, dont certaines dans des conditions inhumaines et barbares. Au rang des ces victimes, son petit frère, sa belle-soeur, son cousin, son cuisinier etc.
Son épouse, Françoise –Agnès Moukouri que l’on appelle
affectueusement « Dodo »- a été enlevée par les assaillants.
Médecin-pédiatre en service à l’hôpital général, elle est actuellement
entre les mains de ses ravisseurs. L’on sait que le chef de l’Etat a
joint au téléphone le vice-Pm quand il était à Maroua. De retour à
Yaoundé, Amadou Ali vat-il se plaindre auprès de Paul Biya de la
réaction tardive des renforts qu’il a appelés au moment où l’attaque
avait lieu ? En tout cas, selon L’oeil du sahel, au moment où le
domicile de son homme de main, le maire de Kolofata, est attaqué,
celui-ci a pu joindre le vice-Pm au téléphone,
espérant bénéficier d’un secours.