Résultat périlleux de la démocratie numérique et théâtrale occidentale : une Côte d`Ivoire avec deux présidents
Résultat périlleux de la démocratie numérique et théâtrale occidentale : une Côte d`Ivoire avec deux présidents
La scène politique ivoirienne vient de nous démontrer par A plus B que la démocratie numérique et théâtrale occidentale est un modèle qui expose les Africains à de nombreux périls. La démocratie occidentale est un échec total et une bombe sociale qui peut exploser à tout moment.La Côte d’Ivoire est effectivement sur le point d’exploser dans les jours, semaines et mois à venir, tout simplement parce que les protagonistes du conflit armé issu du coup d’Etat manqué de 2002 (Laurent Gbagbo le président de la République et Guillaume Soro représentant les rebelles du Nord) ont cru que les élections y mettraient fin, chaque camp comptant gagner selon ses capacités de tricher et de calculer.
Les Africains doivent sérieusement questionner, au regard des traditions africaines, la démocratie numérique et théâtrale comme modèle de démocratie. Dans les traditions africaines, l’élection et ses formules numériques assez douteuses de détermination du gagnant sont une formule inconnue d’expression populaire, parce que le consensus est chez eux la meilleure forme d’expression d’une communauté. De même le théâtre de deux individus s’affrontant à travers le pays, tels deux coqs sur une basse-cour, est une nouveauté qui piétine les traditions africaines basées sur l’obligation de prévenir et d’éviter les situations de conflit.
La situation en Côte d’Ivoire, qui est une répétition peu surprenante de la mascarade électorale similaire jouée au Cameroun, au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Tchad, un peu partout en Afrique et même aux Etats-Unis en 2000, doit être un signal d’alarme pour les patriotes africains soucieux de la paix et de la nécessité d’instaurer dans les pays africains une société démocratique fondée sur les traditions africaines profondes. Le consensualisme africain comme modèle idéal de démocratie peut et doit être institutionnalisé dans le nouvel Etat africain, comme je l’ai soutenu dans certains articles (en tre autres, Proposition de Changement, au-delà des concepts creux de république et de suffrage et Proposition de Changement de système politique, d’Etat et de pensée politique au Cameroun .
Car, si nous persistons dans la mauvaise voie post et néocoloniale consistant à copier tout ce qui existe comme modèle occidental, non seulement l’asservissement des Africains sera sans fin, la destruction de l’Afrique sera inévitable.
Laurent Gbagbo aurait dû comprendre qu’une lutte contre la France ne peut pas être effective quand l’on adopte le modèle électoral français comme arme pour la mener. Son adversaire, le pion de la France et de l’Occident Alassane Ouattara, semble le lui avoir clairement démontré. En effet, en Afrique, on a l’habitude de voir le pouvoir en place frauder les élections. Ouattara, Bédié, Soro et leurs troupes houphouétistes viennent de lui montrer que l’opposition peut, non seulement contrôler une commission électorale indépendante, mais surtout orchestrer des fraudes massives ; laissant ainsi le pouvoir en place dans l’embarras de devoir crier au voleur, alors qu’il disposait de tous les moyens d’Etat pour l’éviter.
Sur le laboratoire africain, l’élection suivant les règles de jeu occidentales nous a montré ses limites graves contre la démocratie, notamment sa profonde porosité par rapport à une multitude de plus en plus croissante des types de fraudes. L’élection a montré à tous qu’elle est le plus souvent anti-démocratique en Afrique, parce qu’elle ne donne pas la volonté populaire réelle, et encore la volonté commune qui régit toute démocratie.
Les élections ne sont pas une bonne solution d’expression populaire pour les Africains. Le théâtre des affrontements politiques n’est bon que pour ceux dont Hollywood a lavé le cerveau, et qui trouvent qu’une chose n’est intéressante que lorsqu’elle montre le spectacle d’un affrontement. Cuba a montré au monde que les citoyens jouissent d’une démocratie plus solide lorsqu’elle est débarrassée des affrontements inutiles de candidats. Un tel affrontement est extrêmement périlleux dans un pays pauvre marqué essentiellement par des citoyens anxieux, portés à la colère, et facilement corrompus. Ce qui peut passer pour un simple affrontement verbal entre politiciens en Occident riche peut dégénérer aux massacres ou au génocide dans un pays pauvre.
Nous devons donner aux Africains la démocratie telle qu’ils la conçoivent et l’ont toujours pratiquée dans leurs traditions depuis des millénaires.
L’une des missions importantes d’un bon politicien est de savoir institutionnaliser la volonté du Peuple. La Côte d’Ivoire doit servir de dernier exemple en date de l’échec de la démocratie numérique et théâtrale en Afrique. L’Afrique doit réveiller la démocratie véritable qui sommeille dans ses traditions ancestrales, afin d’en faire la meilleure société démocratique de cette Terre