Repli identitaire: Le réveil des vieux démons - Le tribalisme refait de plus en plus surface au Cameroun
Yaoundé, 08 avril 2013
© Charles Nwe | La Nouvelle
Alors qu'on parle de plus en plus de la succession du Président de la République, force est de reconnaître que les vieux démons du tribalisme refont de plus en plus surface au Cameroun.
© Charles Nwe | La Nouvelle
Alors qu'on parle de plus en plus de la succession du Président de la République, force est de reconnaître que les vieux démons du tribalisme refont de plus en plus surface au Cameroun.
L'actualité politique au Cameroun ces
derniers jours est incontestablement la préparation des élections
sénatoriales programmées pour le 14 avril prochain. Si cette élection
n'enthousiasme pas toutes les populations en raison du caractère même de
cette élection qui n'engage que les conseillers municipaux, elle ne
revêt pas moins un caractère important dans la mise en place de toutes
les institutions prévues par la Constitution de 1996. Son importance est
d'autant plus grande que c'est le Président de cette Chambre Haute du
Parlement qui devra, à en croire la Constitution de 1996, assurer la
transition en cas de vacance au sommet de l'Etat. En clair, le Président
du Sénat sera celui-là qui devra assurer les élections sans qu'il soit
lui-même candidat à l'élection présidentielle. Avec la mise en place du
Sénat et sans doute dans la foulée de la Cour constitutionnelle, Paul
Biya parachève ainsi la mise en place d'une véritable démocratie au
Cameroun. Du coup, l'on peut penser qu'avec la mise en place du Sénat et
de la Cour constitutionnelle, les jeux sont ouverts pour une succession
tranquille au Cameroun. C'est dire qu'une nouvelle redistribution des
cartes est vivement attendue et elle pourrait remettre en question les
traditionnels équilibres qui, même s'ils ne reposent sur aucune loi
écrite, ont toujours présidé au choix des hommes que ce soit sous
Ahmadou Ahid¬jo ou encore sous Paul Biya. L'on sait par exemple que si
le Président de la République est du Grand Sud, le Président de
l'Assemblée Nationale est anglophone et le Premier Ministre du Grand
Nord et vice-versa. En tout cas, c'est ce qui a fait imposer une sorte
d'axe Nord-Sud dans la répartition du pouvoir au Cameroun. Cet état des
choses va-t-il prospérer après Paul Biya? L'on se souvient que lors
d'une interview accordée aux confrères de France 24 au cours d'une
visite officielle en France, Paul Biya avait clairement indiqué qu'il
n'y avait pas de dauphin en démocratie. Du coup, tout porte à croire que
seules les urnes désigneront le successeur de Paul Biya.
Est-ce pour cela que les différents stratèges ont commencé à s'échauffer dans les antichambres? On peut le dire.
Axe Nord-Sud
Seulement, dans cette ambiance, même si la succession de Paul Biya n'est pas encore officiellement ouverte, les démons du tribalisme refont de plus en plus surface au point de faire peser une sorte d'épée de Damoclès sur le pays. Et en première ligne, la fracture qui manifestement semble s'installer entre le Grand Nord et le Grand Sud. On n'a encore pu le constater il y a quelques jours avec les sanctions infligées à lya Mohammed par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière du Contrôle Supérieur de l'Etat. Pour certains chroniqueurs, ces sanctions à l'endroit de Directeur Général de la SODECOTON étaient tout simplement la manifestation d'un acharnement contre un ressortissant de la partie septentrionale du pays. Une sorte de chasse aux sorcières surtout après l'incarcération récente de Marafa Hamidou Yaya que certaines populations du Grand Nord estiment que ses malheurs sont le fruit de ses ambitions présidentielles. Et pourtant, il est constant que l'ancien Secrétaire Général de la Présidence de la République a été reconnu coupable de détournement de deniers publics dans le cadre de l'acquisition d'un aéronef pour les déplacements du Président de la République.
D'ailleurs, on se rappelle que dans leur logique de maintenir le fameux axe Nord-Sud, nombreux sont les ressortissants du Grand Nord qui ne cachent pas leur impatience à «récupérer» le pouvoir. Parmi ces personnalités de premier plan, l'on note Amadou Ali, vice-Premier Ministre qui n'avait pas manqué, dans une conversation avec l'ancienne Ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, Janet Garvet, conversation reprise par les câbles Wikileaks, d'affirmer que les 3 régions du Septentrion, ethniquement et culturellement différentes du reste du Cameroun, allaient continuer à apporter leur soutien au Président Paul Biya aussi longtemps que le Chef de l'Etat actuel souhaitait rester au pouvoir. Il continuait alors d'indiquer que les Béti étaient peu nombreux pour s'opposer à un pouvoir nordiste et au reste du Cameroun, et que les Bamiléké avaient fait des ouvertures à des élites du Nord pour constituer une alliance qui n'avait aucune chance de réussir pour soutenir un pouvoir politique bamiléké. Traduction facile: l'après Biya ne se fera pas avec les Béti et les Bamiléké. Même si l'ex-vice PM en charge de la Justice avait par la suite parlé d'une affaire de traduction, du Français à l'Anglais, Amadou Ali avait laissé tomber le masque. Et lorsqu'on sait qu'Amadou Ali n'est pas le seul ressortissant du Septentrion à penser ainsi, on peut dire sans risque de se tromper que l'unité nationale est sous la forte menace des démons du tribalisme.
Est-ce pour cela que les différents stratèges ont commencé à s'échauffer dans les antichambres? On peut le dire.
Axe Nord-Sud
Seulement, dans cette ambiance, même si la succession de Paul Biya n'est pas encore officiellement ouverte, les démons du tribalisme refont de plus en plus surface au point de faire peser une sorte d'épée de Damoclès sur le pays. Et en première ligne, la fracture qui manifestement semble s'installer entre le Grand Nord et le Grand Sud. On n'a encore pu le constater il y a quelques jours avec les sanctions infligées à lya Mohammed par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière du Contrôle Supérieur de l'Etat. Pour certains chroniqueurs, ces sanctions à l'endroit de Directeur Général de la SODECOTON étaient tout simplement la manifestation d'un acharnement contre un ressortissant de la partie septentrionale du pays. Une sorte de chasse aux sorcières surtout après l'incarcération récente de Marafa Hamidou Yaya que certaines populations du Grand Nord estiment que ses malheurs sont le fruit de ses ambitions présidentielles. Et pourtant, il est constant que l'ancien Secrétaire Général de la Présidence de la République a été reconnu coupable de détournement de deniers publics dans le cadre de l'acquisition d'un aéronef pour les déplacements du Président de la République.
D'ailleurs, on se rappelle que dans leur logique de maintenir le fameux axe Nord-Sud, nombreux sont les ressortissants du Grand Nord qui ne cachent pas leur impatience à «récupérer» le pouvoir. Parmi ces personnalités de premier plan, l'on note Amadou Ali, vice-Premier Ministre qui n'avait pas manqué, dans une conversation avec l'ancienne Ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun, Janet Garvet, conversation reprise par les câbles Wikileaks, d'affirmer que les 3 régions du Septentrion, ethniquement et culturellement différentes du reste du Cameroun, allaient continuer à apporter leur soutien au Président Paul Biya aussi longtemps que le Chef de l'Etat actuel souhaitait rester au pouvoir. Il continuait alors d'indiquer que les Béti étaient peu nombreux pour s'opposer à un pouvoir nordiste et au reste du Cameroun, et que les Bamiléké avaient fait des ouvertures à des élites du Nord pour constituer une alliance qui n'avait aucune chance de réussir pour soutenir un pouvoir politique bamiléké. Traduction facile: l'après Biya ne se fera pas avec les Béti et les Bamiléké. Même si l'ex-vice PM en charge de la Justice avait par la suite parlé d'une affaire de traduction, du Français à l'Anglais, Amadou Ali avait laissé tomber le masque. Et lorsqu'on sait qu'Amadou Ali n'est pas le seul ressortissant du Septentrion à penser ainsi, on peut dire sans risque de se tromper que l'unité nationale est sous la forte menace des démons du tribalisme.