Le
gouvernement a décidé de changer le statut du policier camerounais. Son
job description devrait également suivre la courbe de son statut.Gâtés
comme ils l’ont été, les policiers camerounais ne devraient plus faire
preuve de la moindre approximation dans l’exercice de leurs fonctions. L’heure
du policier exemplaire a sonné, du moins, l’espère-t-on, à défaut de
l’exiger. Même qu’il y a lieu de l’exiger désormais puisque les
policiers n’auront plus rien à envier à aucune autre catégorie des
agents des forces de l’ordre. Aussi chouchoutés que les militaires,
c’est à peine s’ils ne rendent pas jaloux les gendarmes. C’est dire si
l’Etat s’est franchement penché sur leur sort.
Clause de base :
«Le policier est payé par les citoyens. A ce titre, il doit être entièrement à leur service ; il leur doit respect et dévouement et veille sur leur sécurité. » Le reste des obligations du policier découle en toute logique de cette première.
Ci-après un extrait de la bible du policier camerounais qui s’articule en interdits.
Bible du policier
Le policier n’a plus le droit d’arborer une tenue sale.
Il se doit d’être aussi propre que les citoyens auxquels il s’adresse.
Il lui est a priori strictement interdit de se retrouver dans un débit de boisson, sauf pour des besoins de service.
Il lui est a fortiori interdit de s’y retrouver pour consommer de
l’alcool, sachant que tout état d’ébriété lui est fortement interdit,
qu’il soit de service ou non.
Il ne doit plus improviser des faux contrôles routiers pour arnaquer les usagers.
Il ne doit plus, en aucun cas, monnayer les infractions des usagers (défaut de permis de conduire, de pièces du véhicule, etc.)
Il ne doit plus délivrer et vendre de fausses contraventions pour permettre aux usagers qui ne sont pas en règle de circuler.
Il ne participera plus aux vols et agressions ni ne prêtera plus son
arme aux malfrats pour aller perpétrer des casses dans l’attente du
partage du butin.
Il ne diligentera plus une enquête au gré d’une enveloppe qu’il aura reçue de l’une des partiesen conflit.
Il ne faussera plus un constat d’accident contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Il ne prendra plus de l’argent pour délivrer des convocations fantaisistes.
Il ne certifiera plus conformes des actes dont il n’a pas vu les originaux.
Il ne mettra plus en branle le matériel mis à sa disposition pour
intimider les usagers (rafles non autorisés, descentes sur le terrain
sans permission aux fins de perquisition, etc.)
Il ne prétextera plus du manque de carburant pour ne pas voler au secours de citoyens en détresse.
Il ne renverra plus les citoyens vers le Cardinal Tumi quand ceux-ci feront le 117 pour le solliciter.
Il ne torturera plus les citoyens en garde à vue.
Il ne demandera plus de l’argent lors de l’établissement ou du retrait des cartes nationales d’identité.
Il ne se dissimulera plus derrière les poteaux ou les véhicules pour piéger les automobilistes qui violeraient les feux.
Il n’usera plus de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles des femmes en difficulté dans son unité.
Il ne rançonnera plus les visiteurs des personnes gardées à vue pour leur donner accès au parloirdes cellules.
Il ne prendra plus en chasse un automobiliste qui aura refusé d’obtempérer.
Il ne violentera plus les hommes politiques ou les
corps sociaux engagés dans une manifestation de protestation ou de
revendication.
Il ne se planquera plus pour surprendre les automobilistes qui auront violé le sens interdit.
Il ne dressera plus les barricades sur la route pour rétrécir la chaussée afin d’obliger les automobilistes à s’arrêter.
Il ne prélèvera plus les droits sur les clandos et autres transporteurs pour les laisser circuler.
Il ne gardera plus les pièces des automobilistes pour les contraindre à le corrompre.
Il ne volera plus les pièces sur les véhicules de particuliers admis en fourrière au commissariat.
Il ne s’appropriera plus l’argent et/ou les objets de valeur des personnes détenues dans soncommissariat.
Il ne mettra plus son béret sur le tableau de bord de son véhicule
affecté au transport clandestin afin d’échapper au contrôle de ses
collègues.
Il n’utilisera plus ses titre et fonction pour
mettre son véhicule non immatriculé ou dépourvu de pièces en circulation
afin d’échapper aux contrôles et aux pénalités.
Il ne prêtera plus sa tenue et son arme aux malfrats pour aller arnaquer les citoyens.
Il ne se fera pas admettre au concours d’entrée sur simple paiement d’une dîme de 500.000 francs et plus.
Il ne simulera plus une Mst ou toute autre maladie pour essayer de ne pas faire partie des casques bleus des Nations unies.
Il ne collera plus un faux motif à un usager afin de trouver de quoi donner la ration du lendemain à sa femme.
Il ne percevra plus les frais de fourrière à la tête du client et ne les empochera plus.
Il délivrera désormais un reçu pour tout frais de fourrière payé et reversera la somme perçue à qui de droit.
Il ne combattra plus, de quelque manière que ce soit, le nouveau code de procédures pénales.
Il ne maquillera plus la vente et/ou la location de son matériel de travail en acte de vol.
Il ne mettra plus son badge à l’envers afin de cacher son identité aux personnes qu’il interpelle.
Il ne prétextera plus qu’il fait chaud pour demander «une bière » ou «la motivation» aux usagers de la route.
Il ne signera plus d’avance et à la pelle des contrats de vente de véhicules sans en connaître les tenants et les aboutissants aux seules fins de percevoir une une enveloppe.