Renouveau : La trahison des fils
Renouveau : La trahison des fils
Il
existe une dimension majeure, dans l'esprit des Camerounais, que le
genre littéraire n'a pas cessé d'utiliser pour ses plus beaux romans,
qui touche au drame cornélien dans le théâtre : c'est la "revanche". Les
Camerounais adorent les histoires où le héros vient chercher, tôt ou
tard, sa revanche. En même temps qu'il se venge sur son adversaire, il
venge le peuple de lui avoir fait confiance à tort et d'avoir été trahi.
Compte tenu de ces points historiques, et sachant que l'élection
présidentielle doit se jouer, devant les Camerounais, le plus beau drame
qu'aucune pièce de théâtre imaginaire ne parvient à égaler; sachant que
le peuple exige de ces combattants pour l'investiture suprême, ce que
les psychanalystes appellent le "meurtre fratricide", où l'on tue
jusqu'à son propre frère pour gagner - héritage romain - le "complexe
d'Œdipe" ou que le fils tue son père pour être élu.
Tuer son père est une phrase souvent utilisée pour illustrer le passage à l'âge adulte, la rupture avec l'autorité et les interdits représentés par le rôle du père. Tuer son père signifie repartir libre de jugement, se créer ses valeurs, se construire selon ses propres choix et non seulement selon les choix des autres. En politique, cela est tout aussi vrai. On se construit en tuant son père. Paul Biya, ''l'incarnation de la rigueur'' fait aujourd'hui cette amère expérience. Le président camerounais croyait bien faire, en jetant certains de ses ‘’proches’’ dans l'arène politique. Pour le chef de l'Etat, la meilleure façon de faire passer ses idées était d'impliquer également, ceux avec qui il partage une certaine filiation. Il n'a pas hésité pour cela à lancer Louis Paul Motaze, Edgar Alain Mebe et David Nkoto Emane, dans le bain. Le parcours de ces hommes plaidait en leur faveur. On avait du mal à parler de népotisme. La nomination pourrait s’avérer une grave erreur, au fil du temps. Louis Paul Motaze, Edgar Alain Mebe Ngo'o et David Nkoto Emane sont devenus en quelque temps, les fossoyeurs du Renouveau.
Par Nadine Bella, Yves Marc Kamdoum et René Atangana