Après l’arrestation du notaire de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de l’ex-directeur général de Société de développement du coton (Sodecoton), la famille et les amis de l’ex-Sg/Pr vivent dans l’angoisse et l’inquiétude.
Maroua, mercredi 27 août aux environs de 11h, Me Harissou, notaire à la réputation établie, est arrêté dans les services du gouverneur par les hommes de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre). Une fois notifié de son arrestation, il demande au patron de la région s'il lui est possible d’aller chercher quelques effets personnels à son domicile. Le chef de terre refuse car, un avion militaire était déjà affrété. Notaire depuis 30 ans environ de Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général à la présidence (Sg/pr) aujourd’hui en prison, l’homme est convoyé manu militari à Yaoundé où il séjourne depuis lors dans une des cellules de la Dgre, indique-t-on.
Selon des sources proches du dossier, Me Abdoulaye Harissou est
soupçonné, en intelligence avec l’ancien Sg/pr, d’être de mèche avec un
groupe armé dans le but de déstabiliser le Cameroun. Signe des temps,
c’est la veille de l’ouverture du procès de l’ancien directeur général
de la Sodecoton, Iya Mohammed, également présenté dans certains cercles
comme un proche de l’ancien ministre de l’Administration territoriale et
de la Décentralisation (Minatd), que le notaire est mis aux arrêts, à
grand renfort médiatique.
Au regard du caractère spectaculaire de cette arrestation et de la
tournure que prend désormais l’affaire Marafa, des questions fusent sur
le message et la symbolique que cette histoire véhicule. Car, au fur et à
mesure que les minutes s’égrènent, l’incarcération de l’ancien Minadt
se présente sous les auspices d’une affaire politique, voire d’Etat.
Arrêté le 16 avril 2012, il a été condamné à 25 ans de prison pour «
complicité intellectuelle de détournement de fonds ». Seulement, pour
des raisons jusque là inconnues, des bonimenteurs essaient de dramatiser
l’affaire. Lui donnant une autre connotation. Pire, tous ceux qui ont
eu quelques liens étroits ou non avec Marafa Hamidou Yaya, sont
désormais traqués, soupçonnés de tout et de rien, pistés, harcelés,
honnis, mis sur écoute, coupables de tout, y compris de l’avoir connu ou
côtoyé. Comme ci, les ennuis judiciaires de l’ancien sg/pr étaient
contagieux à son entourage.
A l’heure où le pays tout entier est tourné vers le combat acharné que mènent le chef de l’Etat, les forces de défense et de sécurité contre la secte islamiste Boko Haram, difficile de comprendre et de cerner les motivations des initiateurs de cet acharnement contre l’entourage de Marafa Hamidou Yaya. L’on ne devrait pourtant pas se tromper d’ennemis en ce moment où les commandos d’Abubakar Shekau disséminent la peur, aspergent et répandent entrailles et sang de leurs victimes dans les villes et villages de l’Extrême-Nord.
Qui veut donc distraire le peuple, en jouant avec le destin d’individus dont l’unique crime est d’avoir connu un haut commis de l’Etat qui, reste à ce jour membre du bureau politique du parti au pouvoir malgré son internement à la prison du Lac ? Et même, s’il était avéré que Me Abdoulaye Harissou était à la tête d’une insurrection, cela ne fait pas obligatoirement de Marafa son complice. Car, faut il le rappeler, il est également le notaire de la quasi majorité des pontes du régime originaires du Grand nord.
Les vrais coupables de la déstabilisation du Cameroun se trouvent,
sans doute, parmi certaines élites de la région de l’Extrême nord qui,
depuis des lustres aux côtés du chef de l’Etat, ne font rien pour aider à
sortir la jeunesse du septentrion, aujourd’hui à la solde de Boko
Haram, de la grande pauvreté dans la quelle elle croupit. Ces caciques
qui gravitent autour du pouvoir depuis des décennies, n’ont jamais pris à
cœur les problèmes de ces jeunes. Résultats des courses, ces derniers
sont prêts à accepter toutes sortes de propositions, venant de n’importe
qui, pour pouvoir s’en sortir. Pour une moto et une poignée de Cfa,
beaucoup rejoignent au quotidien les rangs de la secte islamiste.
Lettre de Madame Marafa