L’élimination
des Lions Indomptables, aux mains du Cap-Vert (0-2, 2-1), ne passe pas
au Cameroun. La pilule est dure à avaler pour les supporters et,
visiblement, la digestion se fera dans la douleur. Premiers visés, les
joueurs: entre un Aurélien Chedjou annoncé blessé mais qui a assuré
avoir seulement « un épanchement » au genou ou un Alexandre Song
cambriolé à son domicile de la capitale politique, rien n’est
franchement rose dans la Tanière.
Même le capitaine, Samuel Eto’o, a été pris à parti. Le meilleur buteur de l’histoire des Lions a été durement taclé par Denis Lavagne, son ancien sélectionneur. « Samuel est un très grand footballeur, mais il veut être à la fois joueur, buteur, capitaine, sélectionneur et président, voire ministre« , a affirmé le technicien français à Jeune Afrique. « Il a eu le brassard de capitaine. Avec moi, cela n’aurait pas été le cas. Donner le brassard à quelqu’un qui a fait grève et boycotté un match parce que le ministre des Sports ne voulait plus de lui comme capitaine ? Impossible. Aujourd’hui, des gens se prosternent devant Samuel Eto’o, alors qu’il y a à peine un mois, ils le critiquaient lors de réunions. »
L’ancien coach du Coton Sport de Garoua, limogé de son poste de sélectionneur en septembre, n’a d’ailleurs pas hésité à s’en prendre à l’encadrement de l’équipe nationale du Cameroun. Lavagne a vertement tancé Linus Pascal Fouda, « team press officer » de la sélection ou Jean Paul Akono, l’actuel sélectionneur. »Quand il était DTN adjoint, je l’avais rencontré avant le match en Guinée Bissau, en qualification pour la CAN 2013, en février (1-0) », explique Lavagne. « Il m’avait dit que j’avais les compétences pour participer à la reconstruction du football camerounais. Juste après, je lis dans la presse qu’il a fait un rapport au ministre des Sports, affirmant que j’étais une honte pour le football du pays. Au moins, Milla ne va pas le critiquer : ils marchent main dans la main. Ces personnes ne souhaitaient pas que le Cameroun gagne. »
Accusateur, le coach de 48 ans n’aime pas qu’on lui savonne la planche. Et il le fait savoir : « En juin, ils sont allés jusqu’à rencontrer l’entraîneur de la RDC pour le renseigner sur les Lions et le supplier de tout faire pour gagner le match. Quand on marque le but de la victoire face à la Guinée Bissau lors du match retour en juin (1-0), des gens ont quitté le stade de dépit. Au Cap-Vert (0-2), j’ai vu des rictus de joie sur certains visages lors de notre défaite, en particulier le chef de presse et l’entraîneur adjoint, Martin Ntoungou Mpilé. Quand on gagnait, on minimisait nos performances. C’est troublant, non ? »
Devant ses accusations non voilées, Linus Pascal Fouda est monté au créneau pour se défendre et charger Lavagne. « Nous avons travaillé avec lui parce que nous sommes des fonctionnaires d’Etat. N’importe quel sabotier, qui est d’ailleurs mal chaussé comme lui, qui ne s’y connaît pas en football et dont les carences se sont vues au grand jour, pense pouvoir insulter n’importe qui ! Il est arrivé là comme il est arrivé, s’habillant en noir les jours de matches, ne pouvant ou ne voulant parler à personne. Aucune influence ni sur les joueurs, ni sur personne d’autre. Ses carences sont apparues lorsque Christophe Manouvrier est parti parce que c’était lui le vrai entraîneur de cette équipe« , a riposté Fouda, furieux d’avoir été égratigné de la sorte.
Le directeur de la communication ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Sur sa lancée, il a poursuivi : « Il n’a jamais regardé quelqu’un dans les yeux. J’ai eu des problèmes avec vous (les journalistes, NDLR) parce qu’on me demande de travailler, à mon corps défendant, avec quelqu’un que je n’apprécie pas du tout. Il doit remercier la fédération de lui avoir permis de toucher de l’argent qu’il n’aurait jamais pu toucher. Il peut désormais écrire sur sa carte de visite qu’il a entraîné le Cameroun. Vraiment, nous n’avions pas besoin de quelqu’un comme lui. »