Regards: L’opération Epervier - par Suzanne Kala-Lobè
DOUALA - 26 MARS 2012
© Suzanne Kala-Lobè | La Nouvelle Expression
Sans aucun respect avec les principes mêmes qui fondent le droit, 13 anciens ministres, plus de trois cadres de directions croupissent aujourd’hui dans les geôles du renouveau avec pour seuls chefs d’accusation, leur présumée culpabilité dans des affaires de détournements qui sont toutes plus ou moins liées a la succession de Paul Biya !
Quatre ans après une opération plus que controversée, certains hommes politiques réclament clémence et pardon, pour tous ceux et toutes celles que l’on a jeté dans la gueule du loup à partir d’une simple dénonciation et en se fondant sur un principe barbare et ancestral, la préemption de culpabilité…
Sans aucun respect avec les principes mêmes qui fondent le droit, 13 anciens ministres, plus de trois cadres de directions croupissent aujourd’hui dans les geôles du renouveau avec pour seuls chefs d’accusation, leur présumée culpabilité dans des affaires de détournements qui ont toutes plus ou moins parties liées avec la succession de Paul Biya ! Pendant que le Sénégal règle ses comptes démocratiques avec des acteurs qui se mobilisent sur le terrain en s’affrontant à l’aune de leurs programmes respectifs, malgré le croc en jambe subit par Idrissa Seck, le Cameroun lui, semble s’embourber dans un feuilleton juridico-politique où l’objectivité n’a rien à voir dans les accusations accumulées contre ceux et celles qui croupissent dans les bagnes sales et immondes.
Loin de défendre les anciens bandits en cols blancs qui n'ont certes pas démérité dans les transactions et les négociations pour gagner le maximum, les Regards de cette semaine vont aller de la fable à la réalité. De la mythologie à la mystification de cet oiseau très particulier qu'est : L'Epervier la mythologie et les signes extérieurs des ressorts qui font la politique un ressort de bons sentiments sans que jamais celle-ci ne soit capable de révéler la vérité d'un fait, ses aspérités et ses contradictions.
Reprenons comme chaque semaine les trois articulations qui rythment ces Regards:
Le conte d’abord
Il était une fois un jeu : L’épervier. Jeun prisé depuis 1950 dans les contrées européennes, régi par une règle : pas question pour les petits de se faire prendre par l’oiseau prédateur et pas question pour l’épervier de prendre la proie pour l’ombre. Dans la philosophie du jeu et sa didactique, l’objectif est d'apprendre aux enfants de se méfier de tout : avoir le pouvoir ne signifie pas l'impunité à vie. Et dès qu'on rompt le pacte de solidarité dans la République des copains-coquins, on est rattrapé par la logique du pouvoir. Qui veut que le pouvoir corrompe tout absolument ! Avoir le pouvoir ne signifie ne pas prendre les précautions d’usages et les prendre signifie se faire des ennemis à vie! La politique n'étant qu'un jeu à sommes multiples ou chaque entrepreneur, chaque acteur, joue à qui perd gagne. Lorsqu'on entre en politique, il faut savoir avec qui on marche et dans quel système on joue ! Héla, ces précautions d’usages ne servent à rien lorsqu’on est en politique, puisque chacun croit en sa chance, le succès de ses mots et des discours. Dès lors l’ambition aidant, on baisse la garde et on se comporte comme si conquérir l’opinion d’un pays était une drague facile et qu’il suffit d’un discours univoque et populaire, sans aucune précaution.
Quatre ans après une opération lancée à grandes pompes et forces sarcasmes, on doit de faire le bilan du jeu auquel se livrent ceux et celles qui à un moment ou un autre ont cru détenir les clés de l’avenir du Cameroun et ont joué avec nous, nos sentiments et nos valeurs...
Le conte veut que l’on termine par quelques adages. L'Epervier est un jeu qui a été inventé en 1950 en Europe et qui a des règles précises, un code de déontologie. Si l’Epervier attrape sa proie, c’est d’abord toujours le plus faible. Ensuite il ne doit pas lui faire mal. Il ne doit pas laisser lui faire mal. Et enfin il a des codes à respecter.
Le temps des faits
A l’évidence rien dans l’arrestation des éperviables n’a été respecté. On a empilé des hommes et des femmes, des actes et des faits et on a transformé leur vie en enfer au point qu’ils se sont crus obligés de rendre compte. De dire leur part de vérité. C’est Atagana Mebara qui commence avec ses "Lettres d'ailleurs", préfacées par le Cardinal Tumi où il dit sa part de vérité. Puis, c'est au tour de Nguini Effa, qui s'étonne de sa déchéance comme s'il était surpris par la réplique qui lui est donnée par ses adversaires. Avec son «De la Tour Total à la prison de New-Bell» et pour couronner le tout sous la coordination de Charly Gabriel MBock un ouvrage aux prétentions scientifiques : «L’Opération Epervier au Cameroun : un devoir d’injustice ?». L’interrogation du titre laisse percevoir un parti pris. Pour les auteurs la cause est entendue, l'Opération n’a rien à voir avec la justice, mais est plutôt une instrumentalisation de la justice au service du pouvoir pour l'aider à résoudre ses problèmes de discipline en son sein et de contrôler ses adversaires. La cause est entendue et claire pour tout le monde. L’Epervier, cet oiseau prédateur est un missile à têtes chercheuses à qui élimine ceux et celles qui gênent! Mais qu’y peut le peuple ?
Le temps de l’analyse
Avec le recul, on comprend ce que demandent les uns et les autres et à quoi servent les plaidoyers. Il est clair que trous les arguments ici sont politiques et éthiques. Il s’agit de prendre en considération la qualité d’humanité de ceux et celles qui n’en ont pas eu au moment de commettre leurs forfaits mais qui ne sont pas plus coupables que ceux et celles qui les condamnent à la réclusion à perpétuité. Dans ces conditions quelle est la position éthique la plus juste ? A vous d’en décider !!!
© Suzanne Kala-Lobè | La Nouvelle Expression
Sans aucun respect avec les principes mêmes qui fondent le droit, 13 anciens ministres, plus de trois cadres de directions croupissent aujourd’hui dans les geôles du renouveau avec pour seuls chefs d’accusation, leur présumée culpabilité dans des affaires de détournements qui sont toutes plus ou moins liées a la succession de Paul Biya !
Quatre ans après une opération plus que controversée, certains hommes politiques réclament clémence et pardon, pour tous ceux et toutes celles que l’on a jeté dans la gueule du loup à partir d’une simple dénonciation et en se fondant sur un principe barbare et ancestral, la préemption de culpabilité…
Sans aucun respect avec les principes mêmes qui fondent le droit, 13 anciens ministres, plus de trois cadres de directions croupissent aujourd’hui dans les geôles du renouveau avec pour seuls chefs d’accusation, leur présumée culpabilité dans des affaires de détournements qui ont toutes plus ou moins parties liées avec la succession de Paul Biya ! Pendant que le Sénégal règle ses comptes démocratiques avec des acteurs qui se mobilisent sur le terrain en s’affrontant à l’aune de leurs programmes respectifs, malgré le croc en jambe subit par Idrissa Seck, le Cameroun lui, semble s’embourber dans un feuilleton juridico-politique où l’objectivité n’a rien à voir dans les accusations accumulées contre ceux et celles qui croupissent dans les bagnes sales et immondes.
Loin de défendre les anciens bandits en cols blancs qui n'ont certes pas démérité dans les transactions et les négociations pour gagner le maximum, les Regards de cette semaine vont aller de la fable à la réalité. De la mythologie à la mystification de cet oiseau très particulier qu'est : L'Epervier la mythologie et les signes extérieurs des ressorts qui font la politique un ressort de bons sentiments sans que jamais celle-ci ne soit capable de révéler la vérité d'un fait, ses aspérités et ses contradictions.
Reprenons comme chaque semaine les trois articulations qui rythment ces Regards:
Le conte d’abord
Il était une fois un jeu : L’épervier. Jeun prisé depuis 1950 dans les contrées européennes, régi par une règle : pas question pour les petits de se faire prendre par l’oiseau prédateur et pas question pour l’épervier de prendre la proie pour l’ombre. Dans la philosophie du jeu et sa didactique, l’objectif est d'apprendre aux enfants de se méfier de tout : avoir le pouvoir ne signifie pas l'impunité à vie. Et dès qu'on rompt le pacte de solidarité dans la République des copains-coquins, on est rattrapé par la logique du pouvoir. Qui veut que le pouvoir corrompe tout absolument ! Avoir le pouvoir ne signifie ne pas prendre les précautions d’usages et les prendre signifie se faire des ennemis à vie! La politique n'étant qu'un jeu à sommes multiples ou chaque entrepreneur, chaque acteur, joue à qui perd gagne. Lorsqu'on entre en politique, il faut savoir avec qui on marche et dans quel système on joue ! Héla, ces précautions d’usages ne servent à rien lorsqu’on est en politique, puisque chacun croit en sa chance, le succès de ses mots et des discours. Dès lors l’ambition aidant, on baisse la garde et on se comporte comme si conquérir l’opinion d’un pays était une drague facile et qu’il suffit d’un discours univoque et populaire, sans aucune précaution.
Quatre ans après une opération lancée à grandes pompes et forces sarcasmes, on doit de faire le bilan du jeu auquel se livrent ceux et celles qui à un moment ou un autre ont cru détenir les clés de l’avenir du Cameroun et ont joué avec nous, nos sentiments et nos valeurs...
Le conte veut que l’on termine par quelques adages. L'Epervier est un jeu qui a été inventé en 1950 en Europe et qui a des règles précises, un code de déontologie. Si l’Epervier attrape sa proie, c’est d’abord toujours le plus faible. Ensuite il ne doit pas lui faire mal. Il ne doit pas laisser lui faire mal. Et enfin il a des codes à respecter.
Le temps des faits
A l’évidence rien dans l’arrestation des éperviables n’a été respecté. On a empilé des hommes et des femmes, des actes et des faits et on a transformé leur vie en enfer au point qu’ils se sont crus obligés de rendre compte. De dire leur part de vérité. C’est Atagana Mebara qui commence avec ses "Lettres d'ailleurs", préfacées par le Cardinal Tumi où il dit sa part de vérité. Puis, c'est au tour de Nguini Effa, qui s'étonne de sa déchéance comme s'il était surpris par la réplique qui lui est donnée par ses adversaires. Avec son «De la Tour Total à la prison de New-Bell» et pour couronner le tout sous la coordination de Charly Gabriel MBock un ouvrage aux prétentions scientifiques : «L’Opération Epervier au Cameroun : un devoir d’injustice ?». L’interrogation du titre laisse percevoir un parti pris. Pour les auteurs la cause est entendue, l'Opération n’a rien à voir avec la justice, mais est plutôt une instrumentalisation de la justice au service du pouvoir pour l'aider à résoudre ses problèmes de discipline en son sein et de contrôler ses adversaires. La cause est entendue et claire pour tout le monde. L’Epervier, cet oiseau prédateur est un missile à têtes chercheuses à qui élimine ceux et celles qui gênent! Mais qu’y peut le peuple ?
Le temps de l’analyse
Avec le recul, on comprend ce que demandent les uns et les autres et à quoi servent les plaidoyers. Il est clair que trous les arguments ici sont politiques et éthiques. Il s’agit de prendre en considération la qualité d’humanité de ceux et celles qui n’en ont pas eu au moment de commettre leurs forfaits mais qui ne sont pas plus coupables que ceux et celles qui les condamnent à la réclusion à perpétuité. Dans ces conditions quelle est la position éthique la plus juste ? A vous d’en décider !!!