Lorsque ce mardi 07 février à 14 heures, l’on m’annonce depuis Elecam que la refonte des listes électorales a été finalement décidée en lieu et place de la révision en cours, j’ai un sentiment mitigé bien qu’adossée sur une satisfaction naturelle au regard du combat que nous menons à cet effet depuis plusieurs années. Aussi, s’impose le besoin de mettre à la disposition de l’opinion les clarifications techniques nécessaires pour mieux comprendre les enjeux et surtout pour mieux canaliser cette opération afin qu’elle ne devienne pas une autre forme d’escroquerie politique. Car, il est évident que les adversaires de la démocratie, du progrès démocratique et de la transparence électorale s’abreuvent à suffisance à la source de l’ignorance des acteurs.
C’est ainsi qu’il a fallu presque 5 années entières pour que la plupart des acteurs politiques camerounais comprennent enfin mes arguments techniques sur la supercherie de la loi illustrée par le fait du Directeur général des élections le véritable maître du processus électoral en lieu et place des membres du Conseil Electoral vers qui, toutes les critiques sont restées concentrées.
L’arme du crime jetée à la poubelle
Toute en félicitant d’emblée le président Fonkam Azu’u qui se bat comme il peut dans un dispositif pollué à l’avance et programmé pour distraire les suffrages des camerounais, Je ne voudrais pas ici m’éterniser sur une attitude régressive, mais il est important de noter qu’à la suite de la dernière mise au point technique que j’ai fait à Elecam, il devenait difficile, voir impossible pour Elecam de continuer le processus de révision des listes électorales qu’ils avaient amorcé.
En effet, aussi bien Elecam que le Président de la
République avait désormais plus qu’intérêt à ce que la liste électorale
actuelle DISPARAISSE dès lors qu’elle apparaissait de fait comme «
l’arme du crime» : le crime étant ici la mascarade électorale qui a été
organisée le 09 octobre 2011. Il est clair, comme je l’ai démontré dans
la mise au point suscitée, que sur la base des chiffres publiés par le
Conseil électoral d’Elecam, et au regard du rythme d’identification des
doublons, il était possible que l’on se retrouva avec un fichier
électoral comportant moins de 3500 000 vrais électeurs.
Or une telle éventualité viendrait disqualifier de manière inéluctable
toute personne ou institution qui prétendrait que Biya Paul a été élu en
octobre 2011, dès lors que le nombre de suffrages «supposés»
valablement exprimés en sa faveur se retrouverait supérieur au nombre
d’inscrits, et partant au nombre de votants. Aussi, il ne restait
qu’une hypothèse pour sauver la face : jeter «l’arme du crime» que
constitue l’actuel fichier électoral afin d’effacer toute preuve de
hold-up électoral d’octobre 2012.
Vu sous cet angle, il est difficile d’affirmer que la décision d’ordonner la refonte matérialise la bonne foi des acteurs en charge de conduire le processus électoral. En l’absence de cette garantie de bonne foi, il apparaît indispensable de mettre en exergue un certain nombre d’éléments sans lesquels la refonte annoncée ne sera autre chose qu’une nouvelle escroquerie politique.
En l’état actuel du droit électoral camerounais, la refonte comme la révision est adossée sur les commissions mixtes préparatoires. C’est ici le nœud de toute la question. La condition première pour qu’une refonte sérieuse soit réalisée est l’effectivité fonctionnelle des commissions mixte préparatoires chargés des listes électorales prévues dans différentes lois électorales. Les acteurs électoraux doivent ensemble s’accorder sur principe légal synallagmatique impliquant l’organisateur des élections et les partis politiques.
Il est important que tout s’accorde sur le fait qu’Elecam n’a pas l’exclusivité des opérations d’inscription, mais que cette opération se fait avec les Commissions mixtes au sein desquelles le représentant du DG d’Elecam assure la présidence mais sans voix prépondérante. La fiabilité du processus passe l’acceptation du fait juridique selon lequel la relation entre les commissaires dans une Commission de travail est forcément horizontale consacrant ainsi le principe d’égalité des commissaires de la commission mixte.