Refonte des listes électorales: Controverse autour de la biométrie - John Fru Ndi se lache !
DOUALA - 03 OCT. 2012
© William Bayiha | La Nouvelle Expression
De nombreux leaders politiques ont répondu présents à la concertation tripartite organisée ce 02 octobre 2012 par Elecam. Mais les critiques envers le processus électoral restent vives.
Une anecdote résume à suffisance le climat qui a prévalu ce mardi matin au Palais des Congrès de Yaoundé. Alors que le programme égrené par l’organisation prévoie la présentation du kit d’enregistrement à l’assistance, John Fru Ndi lève la main. Samuel Fonkam Azu’u, le président du Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam) qui s’est félicité quelques instants auparavant de la présence du Chairman du SDF, remarque que ce dernier veut parler. Il interrompt le protocole et donne la parole au leader de l’opposition. En anglais, celui-ci explique aux dirigeants de l’organisme en charge des élections son malaise : «Depuis l’adoption de la loi portant le code électoral, il y a des choses qui n’ont pas marché. De mon point de vue, dans une réunion comme celle-ci nous devons commercer par identifier ce qui n’a pas marché avant d’aller à la biométrie… ». Un silence qui dure quelques longues secondes. Puis des applaudissements clairsemés vite interrompus par Fonkam Azu’u. « Monsieur le Chairman, tente-ti-il d’expliquer à son interlocuteur, la question que vous soulevez est importante. Mais permettez-moi de vous demander d’être patient. »
Dans le détail et malgré l’objection de Fru Ndi à l’endroit de l’ordre du jour, Elections Cameroon a présenté aux partis politiques et la société civile le système de gestion biométrique des électeurs. Le discours tenu par les experts techniques chargés de présenter le kit d’identification des électeurs a été que la biométrie est la meilleure garantie de sécurisation des opérations d’inscription. Elle évite les doublons et limite les fraudes par procuration où un électeur s’inscrit plusieurs fois souvent dans le même bureau de vote. Elle permet aussi un gain de temps. Quatre à six minutes précise Elecam. Plus de dix minutes dans la réalité puisque l’opération d’inscription de trois volontaires à titre d’exemple s’est déroulé sur près de trente cinq minutes provoquant l’exaspération du président Fonkam.
Une concertation à contretemps
La question posée par Fru Ndi lève en réalité un pan de voile sur l’aversion d’une partie de la classe politique vis-à-vis non seulement du Code électoral en soi, mais aussi vis-à-vis de la volonté des autorités électorales de lancer les opérations d’inscription biométrique sur les listes électorales dans l’immédiat. Dans le cas d’espèce, l’immédiat c’est aujourd’hui, 03 octobre 2012. La réaction qui revient lorsqu’on discute avec la plupart des acteurs de la classe politique est qu’Elecam a mis la charrue avant les bœufs. Jean Jacques Ekindi du Mouvement populaire estime par exemple que la tripartite dont parle Elecam est un terme sans contenu. « On nous met devant le fait accompli constate t-il avec amertume. En plus, il est clair que la loi est violée. On aurait dû nous consulter avant. Or ce qui se passe c’est qu’on nous convoque pour nous annoncer que le début des inscriptions c’est le 03 octobre.»
Anicet Ekane du Manidem pense pareil. La concertation du 02 octobre est tardive et ne peut pas résoudre les vrais problèmes électoraux au Cameroun. «Le conseil électoral est déjà lancé dans beaucoup d’illégalité, d’irrégularité…Il essaie de les justifier par la nécessité mais la nécessité ne fait pas toujours loi.» A ce propos, il explique que la loi électorale prévoie que l’enregistrement sur la liste électoral prenne fin le 31 août prorogeable de trois mois. Une disposition qui n’a pas été respectée par l’organe en charge des élections. Pire, la date de clôture des inscriptions est fixée « arbitrairement » pour le 28 février 2013. A sa décharge, Elecam affirme être guidée par des considérations techniques internes pour justifier ce calendrier. Un point de vue que comprend Issa Tchiroma du FSNC. Il reconnaît que tout n’est pas parfait mais qu’Elecam fait beaucoup d’efforts pour améliorer le processus électoral au Cameroun. Un peu noyé dans la désapprobation de la classe politique et les explications des responsables d’Elecam, les personnalités de la société civile ont remarqué la présence d’un grand nombre de personnalités politiques. Un bon point pour Elecam.
Réaction
Fru Ndi: «Nous sommes en train de perdre notre temps !»
Le Chairman du SDF a crée la surprise en participant à la concertation organisée par Elecam. Il exprime ses doutes vis-à-vis du processus électoral.
Nous avons vu que pour enregistrer une personne, cela prend beaucoup de temps. Les images même qui sont prises par le système ne semblent pas être de bonne qualité. Nous avons aussi vu qu’il faut aller à l’étranger pour parachever la procédure d’enregistrement. Nous avons dès lors peur que ce processus aboutisse à quelque chose qui ne reflète pas véritablement la volonté des citoyens camerounais. Nous avons discuté avec le président du Conseil électoral et le Directeur général d’Elections Cameroon. Pendant cette rencontre, nous leur avons demandé si les équipes d’Elecam sont réellement prêtes pour l’opération. Car si les gens ne sont pas suffisamment formés, cela peut entraîner un véritable désastre.
Mais il y a aussi des problèmes généraux entourant la pratique électorale en général. Voilà pourquoi j’ai dit au directeur d’Elecam que nous devons prendre le temps d’étudier ce qui n’a pas marché lors de la dernière élection présidentielle. Par exemple, nous avons vu que les candidats n’avaient pas une couverture équitable notamment à la télévision de service publique, la CRTV. Les candidats ont été également privés de l’espace aérien national parce qu’un seul candidat s’est accaparé de tous les avions du Cameroun. Toutes ces choses existent et entravent le processus électoral. Donc je pense que si rien n’est fait pour résoudre toutes ces questions nous sommes tous entrain de perdre notre temps ici !
© William Bayiha | La Nouvelle Expression
De nombreux leaders politiques ont répondu présents à la concertation tripartite organisée ce 02 octobre 2012 par Elecam. Mais les critiques envers le processus électoral restent vives.
Une anecdote résume à suffisance le climat qui a prévalu ce mardi matin au Palais des Congrès de Yaoundé. Alors que le programme égrené par l’organisation prévoie la présentation du kit d’enregistrement à l’assistance, John Fru Ndi lève la main. Samuel Fonkam Azu’u, le président du Conseil électoral d’Elections Cameroon (Elecam) qui s’est félicité quelques instants auparavant de la présence du Chairman du SDF, remarque que ce dernier veut parler. Il interrompt le protocole et donne la parole au leader de l’opposition. En anglais, celui-ci explique aux dirigeants de l’organisme en charge des élections son malaise : «Depuis l’adoption de la loi portant le code électoral, il y a des choses qui n’ont pas marché. De mon point de vue, dans une réunion comme celle-ci nous devons commercer par identifier ce qui n’a pas marché avant d’aller à la biométrie… ». Un silence qui dure quelques longues secondes. Puis des applaudissements clairsemés vite interrompus par Fonkam Azu’u. « Monsieur le Chairman, tente-ti-il d’expliquer à son interlocuteur, la question que vous soulevez est importante. Mais permettez-moi de vous demander d’être patient. »
Dans le détail et malgré l’objection de Fru Ndi à l’endroit de l’ordre du jour, Elections Cameroon a présenté aux partis politiques et la société civile le système de gestion biométrique des électeurs. Le discours tenu par les experts techniques chargés de présenter le kit d’identification des électeurs a été que la biométrie est la meilleure garantie de sécurisation des opérations d’inscription. Elle évite les doublons et limite les fraudes par procuration où un électeur s’inscrit plusieurs fois souvent dans le même bureau de vote. Elle permet aussi un gain de temps. Quatre à six minutes précise Elecam. Plus de dix minutes dans la réalité puisque l’opération d’inscription de trois volontaires à titre d’exemple s’est déroulé sur près de trente cinq minutes provoquant l’exaspération du président Fonkam.
Une concertation à contretemps
La question posée par Fru Ndi lève en réalité un pan de voile sur l’aversion d’une partie de la classe politique vis-à-vis non seulement du Code électoral en soi, mais aussi vis-à-vis de la volonté des autorités électorales de lancer les opérations d’inscription biométrique sur les listes électorales dans l’immédiat. Dans le cas d’espèce, l’immédiat c’est aujourd’hui, 03 octobre 2012. La réaction qui revient lorsqu’on discute avec la plupart des acteurs de la classe politique est qu’Elecam a mis la charrue avant les bœufs. Jean Jacques Ekindi du Mouvement populaire estime par exemple que la tripartite dont parle Elecam est un terme sans contenu. « On nous met devant le fait accompli constate t-il avec amertume. En plus, il est clair que la loi est violée. On aurait dû nous consulter avant. Or ce qui se passe c’est qu’on nous convoque pour nous annoncer que le début des inscriptions c’est le 03 octobre.»
Anicet Ekane du Manidem pense pareil. La concertation du 02 octobre est tardive et ne peut pas résoudre les vrais problèmes électoraux au Cameroun. «Le conseil électoral est déjà lancé dans beaucoup d’illégalité, d’irrégularité…Il essaie de les justifier par la nécessité mais la nécessité ne fait pas toujours loi.» A ce propos, il explique que la loi électorale prévoie que l’enregistrement sur la liste électoral prenne fin le 31 août prorogeable de trois mois. Une disposition qui n’a pas été respectée par l’organe en charge des élections. Pire, la date de clôture des inscriptions est fixée « arbitrairement » pour le 28 février 2013. A sa décharge, Elecam affirme être guidée par des considérations techniques internes pour justifier ce calendrier. Un point de vue que comprend Issa Tchiroma du FSNC. Il reconnaît que tout n’est pas parfait mais qu’Elecam fait beaucoup d’efforts pour améliorer le processus électoral au Cameroun. Un peu noyé dans la désapprobation de la classe politique et les explications des responsables d’Elecam, les personnalités de la société civile ont remarqué la présence d’un grand nombre de personnalités politiques. Un bon point pour Elecam.
Réaction
Fru Ndi: «Nous sommes en train de perdre notre temps !»
Le Chairman du SDF a crée la surprise en participant à la concertation organisée par Elecam. Il exprime ses doutes vis-à-vis du processus électoral.
Nous avons vu que pour enregistrer une personne, cela prend beaucoup de temps. Les images même qui sont prises par le système ne semblent pas être de bonne qualité. Nous avons aussi vu qu’il faut aller à l’étranger pour parachever la procédure d’enregistrement. Nous avons dès lors peur que ce processus aboutisse à quelque chose qui ne reflète pas véritablement la volonté des citoyens camerounais. Nous avons discuté avec le président du Conseil électoral et le Directeur général d’Elections Cameroon. Pendant cette rencontre, nous leur avons demandé si les équipes d’Elecam sont réellement prêtes pour l’opération. Car si les gens ne sont pas suffisamment formés, cela peut entraîner un véritable désastre.
Mais il y a aussi des problèmes généraux entourant la pratique électorale en général. Voilà pourquoi j’ai dit au directeur d’Elecam que nous devons prendre le temps d’étudier ce qui n’a pas marché lors de la dernière élection présidentielle. Par exemple, nous avons vu que les candidats n’avaient pas une couverture équitable notamment à la télévision de service publique, la CRTV. Les candidats ont été également privés de l’espace aérien national parce qu’un seul candidat s’est accaparé de tous les avions du Cameroun. Toutes ces choses existent et entravent le processus électoral. Donc je pense que si rien n’est fait pour résoudre toutes ces questions nous sommes tous entrain de perdre notre temps ici !