L’on croyait définitivement clos le débat sur la tribu au Cameroun et ce, à la faveur de différentes politiques d’intégration élaborées par les régimes successifs qui auront fait de l’unité nationale, l’un de leurs principaux leitmotivs. Mais autant on se serait attendu que les différentes composantes sociologiques du pays se les approprient, autant ces dernières auront plutôt développé des formalismes exaltant la singularité de leurs origines respectives, rendant ainsi inopérantes les politiques d’intégration.
Dans un tel contexte, on comprend que le réflexe identitaire prenne le pas sur la nécessaire et indispensable symbiose de groupe, sans laquelle il est loisible d’implémenter autant les politiques d’intégration elles-mêmes que certaines de ses déclinaisons opérationnelles induisant la participation de tous à la construction nationale. Bien évidemment, que cela ait été dicté par quelque frustration légitime ou non, il est tout de même déplorable qu’on en soit encore à regarder l’autre de haut au seul motif qu’il ne serait pas originaire de la même tribu ou pire, de la même sphère linguistique et culturelle que soi-même.
Pire encore, que certains autres croient détenir
en la matière quelque monopole uniquement fondé sur leur nombre, trahit
indubitablement les velléités qui sont les leurs, dans l’optique de
faire de l’appartenance ethnique ou de ce qui en tiendrait lieu, le
critère par excellence d’accession à quelque statut social.
Car, si cela était alors le Cameroun aura cessé d’être une nation mais
plutôt un conglomérat d’intérêts ethno-tribaux divergents. Une
caractéristique qui est malheureusement loin de favoriser cette
indispensable symbiose de groupe évoquée supra, tant il est vrai que
chacun y ira avant tout de la satisfaction de ses desseins, quitte à
fouler aux pieds le sacro saint principe de la communauté de destin
attaché à notre appartenance à la même sphère territoriale et partant, à
la même nation.
Certes la notion de nation est plutôt restrictive dans notre pays, ne serait-ce qu’à en juger par les insinuations contenues dans le discours politique qui, voulant peut-être mettre en exergue l’impératif de penser nation, en se gardant pourtant pas de reconnaître la disparité de notre pays au point de penser équilibre régional ou intégration. Bien plus, en n’octroyant pas à ceux sensés s’approprier la culture de la nation les moyens probants pour ce faire, il y a lieu de croire qu’à la réalité l’exacerbation des réflexes identitaires aura été favorisée par les mêmes régimes successifs qui, n’hésitèrent parfois pas à accoler aux composantes sociologiques des épitaphes péjoratifs qui, bien évidemment, ne favorisèrent guère le sentiment de quelque communauté de destin.
Dans un tel environnement, on comprend que plus de
50 ans de vie commune n’aient point altéré lesdits réflexes et aient au
contraire exacerbé ceux-ci, au point d’en faire un débat permanent.
Un débat malheureusement pris à son compte par le clergé, alors même
qu’on assimilait cette corporation à quelque autorité morale, mieux à
même de tempérer les ardeurs mais aussi et surtout au recours arbitral
ultime. A croire que, se départant de leur statut d’ecclésiastes, les
membres du clergé voudraient avant tout se définir eux-mêmes comme des
citoyens ordinaires qui peuvent dès lors faire prévaloir leur propre
identité sociologique.
Et même si pour l’heure l’on est loin d’une telle
éventualité, il y a lieu de pourfendre les débats autour de la question
qui, loin d’altérer ces réflexes identitaires, contribuent plutôt à les
renforcer, ne serait-ce qu’à en juger par, l’appropriation de la
philosophie y sous jacente par les plus jeunes, qui pourtant devraient
faire montre de davantage de symbiose de groupe grâce au brassage que
leur impose les établissements de formation qu’ils fréquentent.
En somme, en exposant régulièrement ces jeunes à ces théories et
philosophies rétrogrades à plus d’un titre, on prépare une transposition
de fait du Rwanda des mille collines au Cameroun sans le vouloir. Mais
est-ce vraiment cela que nous attendons de nos différents leaders
d’opinion ? La tentation est forte de répondre à cette interrogation par
la négative, aussi invitons-nous les théoriciens des réflexes
identitaires à altérer leur détermination à exalter leur culture
originelle, quand bien même d’aucuns y voient davantage la tribalité et
non pas le tribalisme.
Mais comme dans l’imagerie populaire on ne saurait
faire de distinguo entre ces deux termes, le savant jeu de mots trouvé
par ces mêmes théoriciens pour maquiller leur sombre dessein, est loin
d’atteindre ses objectifs, tant il est vrai que le plus grand nombre de
Camerounais aspire à la paix et au mieux-être que ne sauraient garantir
les dysfonctionnements sociopolitiques que pourrait engendrer
l’exacerbation desdits réflexes identitaires.
… la notion de nation est plutôt restrictive dans notre pays, ne serait-ce qu’à en juger par les insinuations contenues dans le discours
politique qui, voulant peut-être mettre en exergue l’impératif de
penser nation, en se garde pourtant pas de reconnaître la disparité de
notre pays au point de penser équilibre régional ou intégration. Bien
plus, en n’octroyant pas à ceux sensés s’approprier la culture de la
nation les moyens probants pour ce faire, il y a lieu de croire qu’à la
réalité l’exacerbation des réflexes identitaires aura été favorisé par
les mêmes régimes successifs qui, n’hésitèrent parfois pas à accoler aux
composantes sociologiques des épitaphes péjoratifs qui, bien
évidemment, ne favorisèrent guère le sentiment de quelque communauté de
destin. Dans un tel environnement, on comprend que plus de 50 ans de vie
commune n’ait point altéré lesdits réflexes et aient au contraire
exacerbé ceux-ci, au point d’en faire un débat permanent.