Réélection de Iya Mohammed: Une victoire embarrassante et «trop» encombrante

Douala, 21 juin 2013
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

Déferré à la maison d’arrêt de Kondengui, malgré son élection au forceps à la présidence de la fécafoot, Iya Mohammed place l’avenir du Cameroun qui veut être « absolument » présent à la coupe du monde « Brésil 2014 » dans une situation d’incertitude.

La messe est dite. Iya Mohammed, directeur général de la Sodecoton, mis en cause par le contrôle supérieur de l’Etat dans le cadre du management de ladite société qu’il dirige depuis plus de trois décennies, passe désormais ses nuits derrière les barreaux, en détention préventive dans la maison d’arrêt de Kondengui. Mille fois annoncé en état de disgrâce, il a su renaître de ses déboires. Le simple fait que cet autre client de l’opération épervier est le président en poste de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) avait fini par cristalliser les opinons et provoquer les excitations. Considéré depuis quelques années, comme le « mouton noir » du football camerounais, Iya Mohammed représentait pour une certaine opinion, l’homme par qui, le mal, la décrépitude et le pourrissement du football est arrivé. Il a même été « jugé coupable » de nombreuses autres forfaitures telles, l’avalanche des défaites de ce qui tient encore lieu de l’équipe nationale (les Lions indomptables). Ecroué à Kondengui, certains ont jubilé de « soulagement », pour s’être débarrassés du « magida… ».

Iya Mohammed en prison, mais, est-ce pour autant que l’acteur est mort en guerre ? Tenace jusqu’au bout, le président en poste de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), est tombé « les armes à la main… ». Il a réussi à maintenir le suspense et la résistance jusqu’au bout ; en gardant le contrôle de ses troupes, même du fond de son cachot, dans les serres du secrétariat d’Etat à la défense. Détenteur d’un record, celui du roseau qui plie mais ne rompt pas; au regard des batailles avec des ministres qu’il a « affrontés » au ministère des Sports: Joseph Owona, Pierre Ismaël Bidoung Mkwaptt, Etamé Massoma, Mbarga Mboa, Augustin Edzoa, Michel Zoah, et Adoum Garoua, Iya Mohammed brave un autre challenge, celui d’un président « tête » de liste réélu au sommet de l’institution faitière du football camerounais, le jour même où, il est placé sous mandat de dépôt dans une prison camerounaise. En usant d’une stratégie de lynchage et d’anthropophagie politique, le gouvernement du Cameroun qui a fait « mousser » la concentration de la haine de l’opinion publique sur Iya Mohammed, se débarrasse de ce dernier; mais sans triompher entièrement.

Un «triomphe» sans gloire et sans panache

Iya Mohammed est tombé. Vive Iya Mohammed ! Le président de la Fécafoot garde le contrôle des choses pour avoir injecté ses pions. Son équipe et lui, ont réussi à désaxer leurs adversaires et concurrents potentiels; surtout le gouvernement camerounais qui criait la victoire avant la lettre, par la voie de la création d’un comité provisoire dont la composition devait connaître l’entrée de plusieurs autres «acteurs ». Les élections tenues tard dans la nuit devant les scrutateurs de la Caf et la Fifa, et qui donnent avantage au « clan » Iya, placent le Cameroun, dos au mur. Le pays de Roger Milla, après une piètre et indigne participation à la finale de la coupe édition 2010 en Afrique du Sud, veut se racheter, par une présence à l’expédition du Brésil 2014. Quoique conscient que le football camerounais va mal, qu’il y a une absence d’un championnat compétitif à l’échelle nationale ; convaincu de la spirale des improvisations, de l’amateurisme, l’inorganisation, des impostures…, le gouvernement camerounais, tient à sa coupe du monde.

La tête au Brésil 2014, mais le corps au nettoyage de la « bande » à Iya Mohammed, le gouvernement camerounais qui a mal manœuvré, se trouve entre le marteau et l’enclume. Comment châtier la défiance de la liste Iya Mohammed sans provoquer le courroux de la Fifa ; dont la corde de la suspension et de la déclaration d’une sentence de forfait du Cameroun, peut être brandie à tout moment. Comment prendre des décisions « courageuses » en l’encontre de l’ancienne nouvelle équipe de la Fécafoot, alors que le Cameroun est bien parti, pour se qualifier pour le second tour ; surtout les trois points en raison de la disqualification du Togo (qui a aligné au match retour, un joueur sanctionné de deux cartons jaunes) ; et parce que le match retour contre la Libye, serait une « formalité » moins stressante. Comment « affronter » les émotions des Camerounais, si la sanction de la Fifa arrivait alors que le Cameroun connaît un retour en zone spectaculaire?

Toutes ces raisons, tous ces calculs stratégiques, justifient la rébellion et la révolte des dirigeants de la « bande » à Iya qui considèrent comme un complot, bien plus, une ingérence, la trop présence du gouvernement camerounais dans les affaires internes de la Fécafoot. Mais le gouvernement camerounais, fidèle à sa « tragédie » de l’inertie et du pourrissement, n’est-il pas pris dans son propre piège ? En laissant Iya Mohammed manœuvrer jusqu’au bout, le gouvernement camerounais est pris alors qu’il croyait prendre. « Quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez »… Enseigne l’adage. Le football camerounais a mal à ses réformes; il a besoin d’être refondé avec un nouveau regard, de nouvelles dynamiques, un autre flair et de nouveaux reflexes. Haro sur le saupoudrage.

Souley ONOHIOLO




21/06/2013
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