Le non payement des salaires de la majorité de ces agents envoyés dans le Nord complique leur existence au point où certains sont devenus pratiquement des mendiants d’un autre genre.
Le recrutement spécial de 25 000 jeunes à la fonction publique annoncée par Paul Biya le 10 février 2011 dans une adresse à la jeunesse camerounaise et réalisé plu tard, tarde à porter des fruits à cause du mal être des jeunes recrutés. Ceux envoyés dans la région du Nord dans le but de renforcer les services publics dont la plupart sont pratiquement sans agents vivent un véritable calvaire. Nombreux sont ceux qui n’ont pas encore perçu leurs salaires 5 mois après alors même que le budget 2012 a prévu le payement desdits salaires .
Recrutés dans le cadre d’un recrutement spécial, beaucoup crient aujourd’hui leur ras-le-bol. Tous crient mais personne ne veut s’afficher publiquement. Tous ou presque parlent des conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent surtout dans une région où l’activité économique est au ralentie, où des gens ont le « frein à main » tel que ça se dit vulgairement.
« Avant mon recrutement, je faisais des champs mais je ne peux plus le faire aujourd’hui à cause du travail. Comment vais-je vivre ? Je sais que je serais payé tôt ou tard mais entre temps je dois vivre. Comment vais-je faire sans argent« , se lamente sans cesse un agent rencontré par le reporter mais qui a préféré parler sous anonymat sous peine de sanction. Ces jeunes avaient pourtant nourris beaucoup d’espoirs dans ce recrutement spécial. Mais, plus les jours passent, plus beaucoup se rendent compte qu’ils s’étaient trompés. Ils n’avaient pas imaginé un seul instant que « le Cameroun c’est le Cameroun ».
Ils n’avaient pas imaginé que le Cameroun est le seul pays au monde où un fonctionnaire sorti d’une école de formation perçoit son salaire 24 mois après à cause des lenteurs administratives les plus incompréhensibles et insupportables. Le fonctionnaire est parfois obligé de « se débrouiller » comme il peut et bonjour la corruption. Dans son document de stratégie nationale de lutte contre la corruption adopté en 2011, la Commission nationale anticorruption (Conac) établit clairement comme source de corruption, le non payement à temps des salaires et agents recrutés par la fonction publique.
Une situation qui, selon la Conac, expose ces derniers aux actes de corruption. Comment lutter contre la corruption si la mentalité inertielle tant décriée par de nombreux observateurs perdure ? Comment comprendre la situation de non payement des salaires de ces agents, produit s d’un recrutement spécial décidé par le chef de l’Etat dont l’ancien ministre de la Fonction publique Emmanuel Bondé avait dit devant des micros et cameras des radios et télévisions que les salaires des agents seront payés dès la fin du mois de janvier 2012. Qu’est-ce qui peut expliquer ces retards si ce n’est pas l’inertie ?
Alamine O. Mey : un fusible incandescent ?
Pourquoi ? La réponse à cette question reste entière. Des informations en provenance du ministère des Finances font état d’un marchandage qui serait fait autour des futurs noms à publier. Selon ces sources, il faut se battre pour figurer dans les prochaines listes. En attendant que cette information soit vérifiée, nous ne pouvons que parler au conditionnel en déplorant avec la dernière énergie de telles attitudes au cas où celles-ci s’avéreraient fondées. C’est à ce niveau que devrait personnellement veiller le jeune ministre des Finances Alamine Ousmane Mey sous peine d’être considéré comme un fusible incandescent.
Car Paul Biya ne s’amuse plus. Il ne tolérerait pas la moindre peccadille au sujet de ce recrutement spécial qui avait permis en son temps de calmer les ardeurs des jeunes en proie au chômage. Un recrutement qui avait permis de tempérer la colère des jeunes à un moment très délicat, celui des mouvements de protestations en Afrique surtout dans la partie nord du continent que certains avaient qualifié de printemps Arabe. Les 25 000 jeunes recrutés doivent être payés cette année étant donné que le budget 2012 a prévu le payement de leurs salaires. Cette mission incombe en partie sinon en totalité, au ministre des Finances Alamine Ousmane Mey. Et ça ne sera que justice.