Depuis leur intégration à la fonction publique, en janvier 2012 pour la plupart, elles sont toujours sans salaire.
Thomas T., ancien étudiant à la Faculté des sciences économiques et de
gestion appliquée (Fsega) de l’Université de Douala est dans le lot de
ces bénévoles. Depuis trois mois, il a fait ses bagages pour aller
prendre service au ministère des Finances (Minfi), son lieu
d’affectation. Depuis sa prise de service, il n’a pas eu même un radis.
Mais, comment arrive-t-il à financer ses déplacements, et à joindre les deux bouts ? «Je reçois pour l’instant l’aide de ma famille », répond notre informateur qui semble se réjouir de son cas. « Il y a même plusieurs qui travaillent depuis janvier et qui n’ont rien eu jusqu’ici », apprend notre interlocuteur. «En tout cas, on attend. Tous les documents exigés ont été déposés. On espère qu’avant la fin d’année, le problème sera résolu », souffle l’économiste. Comme Thomas T., ils sont nombreux ceux qui se sont déplacés depuis au moins trois mois pour aller prendre service dans les villes du pays, et qui font encore le sacerdoce. A Douala, ils sont plus nombreux à la cour d’appel du Littoral, et dans les différentes délégations des ministères représentées. Chaque jour, ils usent les semelles de leurs chaussures pour aller travailler pour l’Etat, sans visibilité sur leur traitement salarial. Certains ont même démissionné de leurs emplois respectifs.
Au ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra), c’est un mutisme total. Ce lundi 25 juin 2012, nous avons joint un responsable dudit ministère pour en savoir plus sur cette affaire, malheureusement, rien à se mettre sous la dent au finish. «Laissez-moi le temps de rassembler les informations, je vous appelle dans l’après-midi », propose le haut cadre. Jusqu’à ce que nous mettions sous presse, ce dernier n’avait pas fini de « rassembler ses informations ». Difficile de savoir exactement où ça coince. Le 27 mars 2012, le Minfopra a signé un communiqué où il informait que les bulletins de solde de 1000 nouvelles recrues seulement étaient disponibles.
Michel Ange Angoin, par ailleurs président du comité technique de
recrutement spécial de 25 000 jeunes diplômés dans la fonction publique
au titre de l'exercice 2011, a demandé un peu de patience pour les
autres candidats. Ils sont environ 20.000 dans cette situation, si l’on
tient compte des désertions en cascade enregistrées depuis le début de
l’année. Le président de la commission de coordination et de supervision
de l'opération de recrutement des 25 000 jeunes diplômés à la Fonction
publique, indiquait dans un communiqué divulgué en début d’année que les
retardataires et autres absents avaient jusqu'au 3 février dernier pour
se présenter dans les services compétents en vue de la signature de
leurs contrats de travail et à l'effet de prendre service dans les
administrations où ils avaient été déployés. Ce dernier indiquait ainsi
que 5178 candidats retenus à l'issue de l'opération manquaient à
l'appel.
La première date limite de signature de ces contrats avait été arrêtée au 29 novembre 2011, par l'ex-Minfopra, Emmanuel Bonde. D’après les informations puisées à bonne source, l’engouement noté lors du démarrage de l’opération a disparu. Au contraire, il y a, apprend-on, une croissance de déserteurs, même dans les rangs de ceux qui avaient déjà été notifiés de leurs affectations dans certaines administrations, soutiennent nos sources. Dans le quotidien gouvernemental du 13 mars 2012, le Minfopra a encore publié une liste de plus de 620 absentéistes invités à prendre service, à la suite d’une autre liste publiée dans les mêmes conditions et qui comportait 587 noms. « La suite dans notre prochaine édition », renseigne CT.
Comme pour dire que la liste des absentéistes est loin d’être exhaustive. Et l’accumulation des arriérés de salaire est loin d’être un facteur motivant pour ces jeunes très enthousiastes au départ, mais qui, au fil des mois, se découragent de plus en plus. Actuellement, il est difficile de dire avec exactitude combien de candidats ont pris effectivement service. Mais, une chose est sûre, ils ne sont plus 25.000.