Recrutement des 25000 : La décentralisation en marche
Recrutement des 25000 : La décentralisation en marche
Suite à divers incidents enregistrés sur les différents sites où
s’organisaient jusque-là le dépôt des candidatures au recrutement des
25.000 personnels de la Fonction publique, le ministre Emmanuel Bondé a
signé mercredi un communiqué éclatant les postes de réception des
dossiers de candidature afin de désengorger les services des gouverneurs
des régions. Dans les différentes villes concernées par cette mesure,
l’affluence n’a pas pour autant baissé. Les jeunes usent de tous les
subterfuges pour déposer leurs dossiers de candidature et laisser faire
le hasard, ou les réseaux, qui leur ouvriront les portes de la fonction
publique camerounaise. A cette occasion, Mutations vous propose de faire
le tour des expériences vécues ici et là. Entre espoir, sérénité et
fatalisme, les personnes intéressées par ce recrutement disent leurs
attentes et leurs frustrations sur le chemin de l’emploi qui reste
encore, sous nos cieux, bien tortueux.
Les bousculades
survenues dans les services du gouverneur de la région du Centre mardi
dernier et l’évanouissement 24 heures plus tôt d’une dizaine de
candidats sur le même lieu, ont, visiblement, amené le ministre de la
Fonction publique et de la Réforme administrative Emmanuel Bonde, à
revoir la stratégie gouvernementale pour fluidifier le déroulement de
l’opération de recrutement des 25.000 jeunes diplômés à la fonction
publique.
Mercredi dernier, après la bousculade qui a endommagé les
baies vitrées de l’entrée principale des services du gouverneur, le
président du comité technique a tenu à informer les candidats des
nouveaux circuits qui encadrent le dépôt des dossiers.
«En vue de
désengorger le site des services du gouverneur de la région du Centre,
il est créé à compter du 17 mars huit postes de réception des dossiers
de candidature», indique-t-il dans un communiqué. Ainsi, les candidats
de la ville qui se dirigeaient tous vers la Province, déposent leurs
dossiers à Nlongkak, Tsinga, Efoulan, Kondengui, Nkolmesseng, Biyem-assi
et Nkolbisson, quartiers abritant respectivement les sept
sous-préfectures du Mfoundi.
Patience
Pour se rendre
compte de l’effectivité de la mesure qui, pour les candidats en
provenance des autres départements de la région les oriente dans les
services du gouverneur, Jules Doret Ndongo, secrétaire général des
services du Premier ministre, Emmanuel Bonde et le gouverneur de la
région du Centre ont fait le tour des postes spéciaux dans la journée
d’hier.
Sur le terrain, malgré la mesure, les candidats sont toujours
nombreux. A la sous-préfecture d’Efoulan, si la légalisation des pièces
du dossier de candidature est relativement facile, difficile d’en dire
autant du dépôt. «Les enfants-là sont très têtus; quand on leur demande
faire quelque chose avec gentillesse, ils ne font qu’à leur tête. Voilà
pourquoi déposer est très compliqué», confesse une employée de la
sous-préfecture.
A Biyem-Assi, le décor est identique: candidats
alignés sous le soleil, assis à même le sol, suivent l’appel comme lors
des délibérations d’un examen. Ici, c’est un agent de police qui
distribue les fiches de candidatures jadis mises en vente aux abords de
la délégation régionale de la fonction publique du Centre.
Seulement,
à Tsinga, dans les coups de 14h, rupture du stock des fiches de
candidature! Solidarité oblige, certains candidats n’ayant pas encore
rempli la leur, aident leurs camarades d’infortune à faire rapidement
des photocopies. Si les rangs sont désespérément longs et l’attente plus
encore, la tension quant à elle est moins perceptible. «On ne voit pas
les vendeurs de fiches à 1500 ou de chemises cartonnées à 500 ici; tout
le monde va vers l’agent de police retirer la fiche sans problème»,
renseigne un candidat.
Cette photographie idyllique ne cadre pas avec
la sous-préfecture de Yaoundé 1er à Nlongkak. Quel que soit le côté où
l’on vient, des vendeurs de fiches, de chemises cartonnées ou
d’enveloppes timbrées sont aux aguets. «La fiche coûte 200Fcfa, la
chemise 150Fcfa», indique l’un d’entre eux. Les marchandages ont
décidément la peau dure. L’espace quant à lui n’est plus bondé comme en
début de semaine. Même si, en traversant la route, les rangs contournent
le bâtiment des services du gouverneur, et continuent d’engorger
l’entrée principale. Si la question de la saturation de la province a
été réglée, reste maintenant à régler celui de la célérité dans le
traitement des dossiers.
Pierre Célestin Atangana