Après
l'élimination de la première vague de tricheurs à travers des âges
dépassés et les fausses cartes d'identité, le gouvernement vient
d'effectuer un second contrôle qui ferme la porte de la Fonction
publique à de milliers, de recrues en possession de faux diplômes.
L'annonce était trop forte pour passer inaperçue. Au cours de son
passage devant les députés pour se soumettre aux rituelles questions
orales, Michel Ange Angouing, le Ministre de la Fonction publique et de
la reforme administrative, a révélé que moins de mille recrues passeront
à la caisse en fin mars pour toucher leur premier salaire. Alors que
les élus du peuple se demandaient pourquoi cet effectif mince sur le
gros lot, le Minfopra n'a pas attendu d'autres interpellations pour
déclarer que le processus est actuellement au ralenti à cause de la
pléthore de faux diplômes présentés par un grand nombre de candidats. Le
processus d'intégration à la fonction publique des vingt cinq mille
diplômés va donc prendre plus de temps que prévu. Cette fois, la
pirouette qui consiste à adosser toutes les lenteurs en pareille
circonstance à l'administration, ne se justifie pas. Ceux des candidats
dont les dossiers ne sont pas encore passés au contrôle vont encore
attendre avant de prendre leur salaire, à condition que le résultat du
contrôle leur soit favorable.
Selon des informations en provenance du Ministère
de la fonction publique et de la reforme administrative, cette traque
des fraudeurs est habituelle depuis que le recrutement des vingt cinq
mille a pris corps. Dans un premier temps, sous le règne d’Emmanuel
Bonde, ex-ministre de la fonction publique, plusieurs jeunes ont été
recalés pour âge dépassé et fausse carte d'identité notamment. La liste
de personnes qui seront mises à la touche va se rallonger avec ceux qui
ont voulu tromper l'administration avec des faux diplômes. Il faut en
pleurer parce qu'à cette allure, il y a lieu de s'inquiéter de la
moralité de certains compatriotes qui demandent de l'emploi à tue tête,
se passant pour des victimes du chômage, alors qu'ils ne peuvent
justifier le niveau d'études dont ils se réclament. Beaucoup sont
surpris par la démarche des pouvoirs publics, d'autant plus que la
rigueur intervient là où l'on s'attendait à ce que tout passe comme une
lettre à la poste.
Encore et toujours le faux
La tricherie à laquelle certains compatriotes
s'adonnent pour se faire un trou dans la société vient même des corps de
métiers au dessus de tout soupçon par le commun des mortels. C'est le
cas de trois jeunes médecins qui, recrutés au Centre Hospitalier
Universitaire, n'ont pas pu convaincre le Directeur de cet hôpital, Dr
Tetanye Ekoe, qui se trouve être le doyen de la faculté de médecine et
des sciences biomédicales où ces jeunes ont obtenu leur sésame. Ils ont
été recalés sans ménagement et in extremis. L'on ne peut imaginer un
seul instant l'ampleur des dégâts sur la santé des populations si ces
jeunes médecins avaient réussi à passer entre les mailles de l'ancien
président de l'ordre des médecins du Cameroun. Rien n'indique que l'on
ait suffisamment épuré pour empêcher aux brebis en quête d'emploi à tout
prix de se retrouver dans la bergerie étant donné que tous les médecins
ne seront pas aussi regardant que le Dr Tetanye.
Dès le lancement du recrutement de vingt cinq mille diplômés dans la
fonction publique, certains signes présageaient déjà de la triste
réalité que l'on est ému de vivre sous les yeux. Dans les quartiers,
toute honte bue, ils étaient nombreux des compatriotes qui disaient à
qui voulait les entendre que la fonction publique est synonyme de repos.
Ce qui se vérifie aujourd'hui avec des recrues qui, à peine ont-ils
commencé à fréquenter leur nouveau poste de travail, qu'ils le laissent
vide à longueur de journée pour se livrer à d'autres activités
lucratives plus rentables et plus exigeantes, perpétuant ainsi une
pratique qu'on croyait révolu avec le sang neuf qu'ils incarnent.