Recrutement de 25 000 fonctionnairs : l'avis de Babissakana "Cette décision ne relève pas de la rationalité économique"

 L’ingénieur financier Babissakana  pense que la décision de recruter 25 000 fonctionnaires ne relève pas de la rationalité économique. L’ingénieur financier Babissakana  pense que la décision de recruter 25 000 fonctionnaires ne relève pas de la rationalité économique. "C’est une décision délibérée du président de la République, Paul Biya, que le gouvernement met simplement en œuvre. Dans le contexte de la prochaine élection présidentielle, cette décision me paraît être plus une décision de couverture stratégique de risque et de marketing politiques qu’une décision de rationalité économique et de bon management public."


  
 
Le gouvernement vient de lancer un recrutement de 25 000 fonctionnaires. Quel commentaire vous suggère cette annonce ?
C’est une décision délibérée du président de la République, Paul Biya, que le gouvernement met simplement en œuvre. Dans le contexte de la prochaine élection présidentielle, cette décision me paraît être plus une décision de couverture stratégique de risque et de marketing politiques qu’une décision de rationalité économique et de bon management public.
La décision extra-budgétaire révèle que, l’optimum de premier rang du président de la République étant de conserver le pouvoir à tout prix, les exigences de rationalité économique et de qualité de la dépense publique sont quelque peu sacrifiées et reléguées au second rang des préoccupations. La création de 25 000 postes de travail dans l’administration de l’Etat sans justifications techniques et de soutenabilité financière préalables et sans assainissement du fichier solde (agents publics fictifs) est susceptible de se traduire par des conséquences graves en matière de maîtrise de la masse salariale et surtout de la productivité des agents publics.


C’est-à-dire ?
En effet, si l’on retient en hypothèse conservatrice et minimale le salaire moyen des agents publics qui était de 165 000 FCFA en 2006, la masse salariale annuelle des 25 000 nouveaux postes sera estimée à 49,5 milliards de F Cfa,  soit 4,125 milliards de F Cfa par mois. En référence à la prévision officielle en 2011 du PIB courant (12 451 milliards de F Cfa), cela représentante 0,4% du PIB. C’est énorme ! Le budget 2011 de l’Etat central prévoit une masse salariale 665 milliards de F Cfa soit 5,3% du PIB et absorbe 26% du budget. Ce poste passerait ainsi à 714,5 milliards soit 5,7% du PIB. Avec ce recrutement à fort relent politique, la probabilité que la masse salariale devienne un problème économique et financier majeur pour les finances publiques devient très élevée. En fait, face à une croissance économique anémique et atone depuis plusieurs années, l’on oppose une croissance quasi-exponentielle de la masse salariale de l’Etat centrale tout en ignorant la question critique de l’alignement des niveaux de rémunération avec les exigences de la productivité des agents de l’Etat en comparaison aux autres acteurs du secteur public et même au secteur privé.
               

Recruter 25 000 jeunes dans la fonction publique est-il le meilleur moyen de lutter contre le chômage ?
C’est une action directe sur l’emploi pouvant contribuer à réduire très marginalement le nombre de chômeurs. Mais, au regard de ses conséquences potentiellement dommageables sur les finances publiques, elle est loin d’être meilleure en comparaison notamment des actions ciblées de soutien stratégique aux activités de production en l’occurrence dans le secteur agricole et bien d’autres.
 
 
Quelle est la véritable solution que l'Etat devrait mettre en place pour lutter contre le chômage des jeunes et pour relancer la croissance ?
Il n’y a pas de lutte crédible possible contre le chômage en dehors du relèvement substantielle et durable de la croissance économique. Pour accélérer le rythme de croissance économique, il faut définir et mettre en œuvre une politique économique couplant savamment l’économie internationale avec l’économie de proximité et centré sur l’impératif de l’industrialisation  et de sécurité alimentaire (ou le rattrapage technologique du pays). C’est n’est pas une simple équation à résoudre.

 

Source:© beaugasorain.blogspot.com : Beaugas-Orain DJOYUM


19/03/2011
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