Au Cameroun, trouver du travail relève, entre autres détails, du parcours du combattant, si ce n’est la chance pour les esprits simples, le mysticisme pour les autres ou la pédophilie pour le reste. De ce fait, a priori, on ne devrait pas manquer de main d’œuvre en cas de besoin. Un fort taux d’illettrisme associé à une presque inexistante politique de l’emploi dans une ambiance de corruption et de favoritisme ont plombé l’emploi dans l’Afrique en miniature.
Il y a plus d’un an, le Président Biya inventait le « recrutement spécial des 25.000 jeunes dans la fonction publique » ; les uns y ont vu une ruse pour détourner l’opinion de ceux-ci dans une Afrique en plein printemps Arabe. Toujours est-il que les jeunes se sont levés comme un seul homme pour déposer les dossiers de candidature dans l’espoir de décrocher un précieux emploi signe de fin de la galère. Plus de 300.000 d’entre eux se sont signalés. Pour un recrutement de 25.000, même le dernier de la classe sait que l’arithmétique est bien trop simple.
Mais ceci était bien trop beau, un rêve de gosse en fait. La simplicité du calcul, c’était sans prendre en compte que dans le berceau de nos ancêtres, les choses ne vont qu’à contre sens. Au mieux tout marche en dents de scie et au pire va-à-vau l’eau.
C’est à se tordre de rires cette histoire de recrutement où le boss des opérations, pourtant Michel Ange, ne discerne le bon grain de l’ivraie ! Depuis un an, le secrétariat technique ne parvient pas à mettre le grappin sur 25.000 jeunes pour boucler cette affaire. Incroyable mais vrai. Ils ont beau avoir 300.000 dossiers avec eux, mais ils n’en trouvent pas 25.000 ! Un casse-tête Chinois que n’auraient même pas flairé Steven Spielberg ou Martin Scorcèse à Hollywood pour un film à suspens. Le Cameroun, c’est le Cameroun !
Et c’est là que survient l’incompréhensible. Les affectations par ministère, sorties le 01 Mars 2012 par le communiqué radio-presse n°D1/35/016/CTRS/ST délivrent une liste de seulement 1341 recrues sur les 5178 retardataires convoqués. En clair, il y a un déficit de 3.837 personnes qui ne se sont pas jusqu’ici présentées pour finaliser leur dossier. Du coup, le secrétariat technique ne peut boucler l’opération, à cause du fort taux de désistement. Près de quatre mille présélectionnés qui n’ont plus « rien à cirer » avec la suite de leur recrutement.
La sous-information ne pouvant être la cause, il est à regarder du côté de la grille salariale pour comprendre les raisons de l’abandon total par certains d’un projet qui au préalable avait fait des centaines de milliers de rêveurs. Une façon de dire que ce n’est pas parce que l’on est chômeur que l’on va accepter n’importe quel emploi, ou mieux, n’importe quel salaire.