Non contents de la décision du conseil électoral d'Elections Cameroon (ELECAM, organisme chargé de l'organisation de ce scrutin) d'invalider leurs dossiers dans une liste de 21 candidats retenus sur 52, plusieurs recalés à la présidentielle du 9 octobre au Cameroun ont décidé de saisir la Cour suprême de justice agissant comme Conseil constitutionnel.
Multipliant les mouvements entre le siège d'ELECAM et la Cour suprême à Yaoundé samedi au lendemain de la publication la veille dans la nuit de la liste des sélectionnés, ces candidats remettent en cause les motifs de leur mise à l'écart de la course à la présidence pour laquelle le président sortant Paul Biya aura en face de lui principalement les ténors de l'opposition.
« On va introduire notre requête et on sera rétablis dans nos droits. Je suis à Yaoundé pour ça. Le motif de défaut de certificat de non imposition qui est indiqué pour le rejet de mon dossier de candidature est un argument fallacieux », s'est plaint à Xinhua Anicet Ekanè, candidat du Manifeste africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM).
L'un des 16 candidats officiels de la présidentielle de 2004 où il s'était contenté de 0,35% des voix, loin derrière le président Biya, 70,92%, Ekanè, résident à Douala, la métropole économique, se dit surpris de l'interprétation de la loi par les dirigeants d' ELECAM. « C'est le même dossier que j'ai déposé pour la présidentielle de 2004 et les municipales de 2007. C'est passé », dit-il.
Non assujetti à l'impôt sur les revenus des personnes physiques, le certificat de non imposition ne s'impose pas à lui, se défend-il. « Ça paraît quand même bizarre. Ça nous amène à nous poser la question de savoir si ce n'est pas délibéré. En tout cas, nous continuons tranquillement notre campagne comme on le fait depuis trois semaines ».
La plupart des recalés ont investi le siège d'ELECAM dont ils accusent les dirigeants de ne les avoir pas notifié le rejet de leurs dossiers au moment de la publication de la liste des 21 sélectionnés, contrairement à la déclaration lue vendredi soir à la presse par le président du conseil électoral, Fonkam Samuel Azu' u.
« Je suis très mal par rapport à la publication de cette liste, d'autant plus que les membres d'ELECAM font des efforts de publier la liste très tard dans la nuit et annoncent que notification a été faite aux candidats n'ayant pas été retenus. Nous étions obligés d'aller faire le pied de grue à ELECAM », a affirmé Charly Djapa du Parti socialiste et des écologistes camerounais (PSEC).
A ce jeune économiste fiscaliste de 36 ans, il est reproché le défaut d'acte de naissance datant de moins de trois mois et de la légalisation de la signature. Comme Lamartine Tchana de la Dynamique conquérante libérale des indomptables du Cameroun (DCLIC) ou encore André Teuabo du Parti socialiste populaire camerounais ( PSPC), il a entrepris des démarches pour son recours en justice.
« On était à ELECAM. Ils ne nous ont pas encore notifié le motif du rejet de notre dossier. Il nous ont fait comprendre qu'on verra ça lundi », a souligné le trésorier général du PDC, Donatien Noah.
Les candidats recalés ont pourtant jusqu'à dimanche à minuit pour saisir le Conseil constitutionnel, qui a ouvert ses bureaux exceptionnellement ce week-end, comme l'a fait ELECAM même, pour le dépôt des candidatures, le week-end suivant l'annonce de la date du scrutin par un décret présidentiel le 30 août.