Rebuffade : Eyebe Ayissi expédié en 15 minutes au Quai d’Orsay
Rebuffade : Eyebe Ayissi expédié en 15 minutes au Quai d’Orsay
Le conseiller Afrique de Alain Juppé a reçu sommairement le ministre des Relations extérieures dimanche dernier.
Faire reconnaître aux autorités françaises la victoire du président
Biya à la dernière élection présidentielle n’est décidément pas une
mission aisée. Dimanche dernier, en dépit de l’indication donnée aux
Camerounais vivant ou établis en France (et répercutée hier par certain
confrère) selon laquelle, il n’a pas été dépêché à Paris pour «négocier
quoi que ce soit», mais «uniquement» en qualité de chef de la délégation
camerounaise à la 36e conférence générale de l’Unesco, Henri Eyebe
Ayissi n’a eu droit qu’à un quart d’heure pour faire le lobbying de Paul
Biya, au cours d’une audience qu’à bien voulu lui accorder (à sa
demande insistante, précise-t-on) Jérôme Bresson, le conseiller Afrique
du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, au nom du maître des
céans. Selon nos sources, les démarches du ministre des Relations
extérieures visant à décrocher une audience à l’Elysée se sont révélées
infructueuses. «Pascal Collange, le conseiller Afrique noire de Nicolas
Sarkozy, a tout simplement dit qu'il est en vacances et que le ministre
peut laisser un dossier», explique-t-on. Le «chargé de mission» de Paul
Biya a eu plus de veine auprès des Camerounais de la diaspora, le même
dimanche à 14h30 dans les locaux de l’ambassade du Cameroun à Paris.
En
effet, d’après nos sources, près de 500 Camerounais, en provenance de
la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne ou les Pays-Bas ont
honoré l’invitation de Henri Eyebe Ayissi ; qui était assisté pour
l’occasion de Roger Milla, ambassadeur itinérant, Lejeune Mbella
Mbella, ambassadeur du Cameroun, en France, au Portugal, en Grèce et
auprès de l’Ocde et Youssouf Hadjidja Alim, ministre de l’Education de
base. Cette réunion s’est voulue une «rencontre de partage
d’informations sur la situation politique au Cameroun».
Outre le
ministre Henri Eyebe Ayissi, le pouvoir de Yaoundé a dépêché en France
«une délégation ad hoc» depuis plus d’une semaine pour négocier
l’onction de Paris après la présidentielle du 9 octobre dernier. Cette
mission est composée, entre autres, de Pascal Charlemagne Messanga
Nyamding (membre frais émoulu du comité central du Rassemblement
démocratique du peuple camerounais, Rdpc et ancien président de section
Rdpc en France) et les présidents des sections Rdpc France Nord, M.
Mvondo et France Sud, Jules Kamga.
Cette délégation, qui était
appuyée par l’ambassadeur Lejeune Mbella Mbella a rencontré, selon des
indiscrétions fiables, Jean François Copé, le secrétaire général de
l’Union pour la majorité populaire (Ump), Alain Juppé, François Baroin,
Harlem Désir, Julien Drey, Claude Chirac, Bernard Ponce, etc. Joint au
téléphone, Pascal Messanga Nyamding a affirmé: «Nous avons dit à nos
interlocuteurs que les dysfonctionnements d’Elections Cameroon ne
peuvent pas être considérées comme une volonté de tripatouillage. La
victoire du candidat du Rdpc est incontestable. C’est le résultat d’un
travail de longue haleine conduit notamment par le secrétaire général,
René Sadi, qui comme je l’ai à nos amis français, est un secrétaire
général moderne».
Avant de regagner le Cameroun ce jour, Eyebe
Ayissi offre un cocktail à la communauté camerounaise vivant en France
et aux «amis français». Quant au «groupe de pression» qui l’a précédé à
Paris, certains de ses membres sont attendus samedi à Yaoundé. Un jour
avant la célébration du 29e anniversaire de l’accession de Paul Biya à
la magistrature suprême.
Georges Alain Boyomo