Rebondissement : Dans les dédales des diplômes du Bts
Jacques Fame Ndongo a commis ses collaborateurs pour faire fabriquer des parchemins. Ceux-ci démentent, nos sources persistent.
Le
directeur du Développement de l’Enseignement supérieur au ministère du
même nom, Jean Marie Essono, a réuni hier les médias à qui il a présenté
un stock de diplômes du Bts des sessions 2008 et 2009. A l’occasion, il
a omis de rappeler la situation des promotions antérieures, logiquement
prioritaires si des parchemins réguliers et conventionnels venaient à
être délivrés. Ces promotions partent de 1994.. A en croire les témoins
de son échange avec les gens des médias, il n’a brandi aucun parchemin
de la session 2008. Une déclaration qui laisse interrogateurs les autres
lauréats des Brevets de techniciens supérieur (Bts), eux qui attendent
désespérément d’accéder à leurs parcheminsdepuis plusieurs décennies.
Pourtant,
jeudi 26 août 2010, entre 17h et 19h, M. Jean Marie Essono, qui se
trouvait dans les locaux de l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc),
était porteur d’une double doléance du ministre de l’Enseignement
supérieur, Jacques Fame Ndongo : faire fabriquer des diplômes du Bts, du
Higher National Diploma (Hnd, l’équivalent du Bts dans le système
anglophone) et du Diplôme supérieur d’études professionnelles (Dsep), à
tout prix et à tous les prix par le même circuit sécurisé utilisé pour
les diplômes du Bac. Notre source est formelle : «Sécurisés et
infalsifiables, ou pas, ça doit sortir.»
Le souci de l’émissaire de
Fame Ndongo était de produire autant de diplômes que possible pendant le
dernier week-end. Jean Marie Essono devait aussi obtenir de Zacharie
Mbatsogo, le directeur de l’Obc, de jouer le rôle d’inter-médiateur
entre le président de l’Association des promoteurs d’instituts
d’enseignement supérieur, Joseph Ndi Samba, et le Minesup. Face à cette
proposition, le président du groupe Ndi Samba a opposé son refus: «Le
petit-frère a crée son bourbier … Il faut qu’il s’embourbe seul dans
son enlisement.»
Echecs cuisants
Dans l’un et l’autre
cas, les deux initiatives se sont révélées des échecs cuisants, l’Obc
faisant fabriquer ses diplômes par l’une des entreprises de M. Tamba,
qui les commande à l’étranger. Selon les exigences des directives
européennes en la matière, il faut passer les commandes trois mois au
moins avant livraison. Le Minesup n’a cependant pas désarmé puisqu’il a,
malgré tout, envisagé de faire imprimer ces précieux sésames sur place
au Cameroun, l’essentiel étant de les rendre disponibles à son cabinet
hier, lundi, au cas où les lauréats ayant promis de passer les réclamer,
l’auraient fait.
Selon des sources dignes de foi, techniquement,
l’opération n’a pas prospéré. Jean Marie Essono l’a-t-il réussi
autrement ? Difficile de savoir. Toujours est-il qu’il a brandi, hier,
des diplômes à la presse. Des sésames qui se trouvaient non pas dans le
bureau du Minesup, comme initialement annoncé, mais dans le sien.
Plus grave encore, le directeur du Développement de l’Enseignement
supérieur a reconnu que le Bts fait face à de sérieux problèmes
d’organisation et de certification, sans les nommer.Au rang desquels
figurentl’improvisation et l’inexpérience accusées au 13éme étage.
Une
révélation cependant assortie d’une accusation grave de M. Essono, qui
révèle que les promoteurs d’établissements ruent dans les brancards
parce qu’ils marchanderaient la distribution des attestations de
réussite au Bts, tâche qui incombe uniquement au Minesup. Une pratique
connue du département de l’Enseignement supérieur, contre laquelle ce
département n’a cependant rien pu faire jusqu’alors. Or, le directeur du
groupe Ndi Samba rappelle qu’il y a 07 ans, le Minesup de l’époque,
Jean Marie Atangana Mebara, avait interdit la délivrance des
diplômes-école (des parchemins délivrés par les instituts pour attester
de la formation reçue).
Depuis lors, cet établissement n’en a plus
délivré. Surtout que les lauréats des sessions successives depuis 1994
sont impatients de savoir la procédure en vigueur pour accéder à leurs
diplômes.
Léger Ntiga