La Commission ad hoc de discipline du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, créée par le président national du Rdpc, Paul Biya, pour ramener la sérénité dans les rangs est prise dans le piège de la qualification de l’indiscipline.
Après notre article de l’édition N° 1570 sur le titre : où sont
passées les conclusions de la commission Musonge ? Indirectement, nous
avons été répondus sur le fait que La Commission de discipline ad hoc
créée par le Chef de l’Etat pour ramener la sérénité dans les rangs du
parti-Etat, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc)
est à pied d’œuvre et poursuit ses auditions. Les conclusions sont
annoncées pour les mois à venir. On parle de fin avril ou début mai
prochain. On ne perd rien à attendre. Seulement, les militants des
différentes structures de base de ce parti qui y ont été traduits et qui
passent progressivement devant cette commission avec comme conseils des
cadres recrutés dans l’aile progressiste du Rdpc, soulèvent une
question de fonds qui semble embarrasser la Commission Musonge.
Elle porte notamment sur la qualification de l’indiscipline, lorsqu’on
sait que les querelles de clochers, et les actes antipartis, considérés
comme déviances internes, pour la plupart des cas, sont issus de
l’application des instructions données par la haute hiérarchie du parti
aussi bien dans le cadre des investitures des candidats devant concourir
pour le double scrutin législatif et municipal du 30 septembre 2013 que
pour les élections des exécutifs municipaux dans les mairies remportées
à la majorité simple ou relative. Ce qui avaient entrainé d’énormes
frustrations et causé des blessures profondes au sein du Rdpc. Au point
que le parti au pouvoir s’en était sorti fortement lézardé. Avec une
importante fracture entre la base et le sommet. On comprend pourquoi, la
création en janvier 2014 d’une commission ad hoc de discipline avec à
sa tête l’ancien premier ministre Mafany Musonge avait sonné comme un
soulagement pour les frustrés.
Ils y voyaient une sorte de justice qui serait finalement rendue. Car,
les palies étaient si béantes que trois mois plus tard, elles étaient
loin d’être cicatrisées. Même les meetings de remerciements organisés çà
et là, perçus comme de la poudre aux yeux pour tromper la hiérarchie du
parti d’une symbiose n’y sont pas parvenus à clamer la grogne qui
sourdait comme un volcan en phase de latence. Et au jour d’aujourd’hui,
on s’achemine allégrement vers la désillusion de la base qui estime que
sa voix n’a pas compté dans le choix des candidats et que leur parti
s’est révélé être pris en otage par certains barrons du parti. Qui ne
s’étaient pas empêchés de profiter de la procédure d’investiture,
dépourvue de tout vernis démocratique, qu’avait décidé le président du
Rdpc, pour faire prévaloir la puissance financière, les réseautages, les
ordres, et les loges. Pour au final, imposer les fraters ou faire un
hold-up familial.
Conséquence, la Commission Musonge est interpellé sur la qualification
de l’indiscipline. A savoir : Pour le cas des investitures, est-ce, ceux
des militants qui ont dénoncé le non respect des instructions du
Président national du Rdpc, Paul Biya ou alors ceux-là-même qui les ont
ostentatoirement violées avec la complicité des membres des commissions
d’investitures, par des compromissions souvent mercantiles, qui sont
indisciplinés ? Pour le cas des élections des exécutifs communaux dans
les mairies remportées à la majorité absolue ou relative, est-ce ceux
qui ont profité de l’imprécision de l’instruction du Secrétaire général
du Comité central qui demandait que les groupes communaux des
conseillers Rdpc soient constitués et que ce soit au sein de ceux-ci que
devrait être élus les exécutifs communaux, sans pour autant préciser si
cette élection devrait se faire à la majorité simple ou relative.
L’intégrité de la commission à l’épreuve
Dans ce second cas, des conseillers municipaux, visant la fonction de
maire ont profité du vide de l’instruction du Sg du Comité central du
Rdpc pour réclamer un deuxième tour là où il y avait plusieurs
candidatures, en vain. Ne s’étant pas fait entendre, lors de la session
de plein droit, ils ont fait prévaloir des alliances de circonstance
aussi bien entre candidats qui ne sont pas arrivés en tête qu’avec les
conseillers des autres formations composant le conseil municipal pour
reprendre leur revanche et par ricochet le poste tant convoité de maire
qu’il avait perdu au sein du groupe des conseillers municipaux Rdpc. Il
reste tout de même que certains cas ont été si flagrants que la Chambre
administrative de la Cour suprême qui en a été saisie par les militants
d’un même parti, ont vu l’élection des exécutifs municipaux annulée.
Par ailleurs, la base attend impatiemment de voir comment des barrons
qui ont inféodé les commissions d’investitures seront sanctionnés. Ce
d’autant plus qu’il y en a qui ont pris en otage les listes du Rdpc
investies, en les constituant majoritairement des membres de leur
famille, et autres laudateurs et griots, ou des militants qui ont cassé
la tirelire pour être investis.
Et très souvent qui n’ont aucune assise politique dans l’unité administrative, voire de résidence ; au détriment des vrais militants de base et même des responsables des structures de base qui ne les font pas allégeance. C’est le cas du très controversé député, Théophile Baoro, vice-président de l’Assemblée nationale à la Commune du Dir dans du département Mbéré.
lDe Pierre Moukoko Mbonjo, membre de la commission Musonge, qui s’était entêté d’imposer son filleul, Gaston Kwedi, maire sortant au bilan catastrophique, tête liste Rdpc pour l’élection municipale à la Commune de Yabassi. Du Secrétaire d’Etat au Ministère des Travaux publics, Nyetam Nyetam qui a imposé son épouse tête de liste Rdpc à la commune de Ngambé. Dans les deux derniers cas cités, on y voit les raisons de l’échec des listes Rdpc, victime du vote sanction des populations de ces circonscriptions électorales. Le chapelet est loin d’être exhaustif.