Rapport de Transparency International: Et si la Police n’etait pas le corps de métier le plus corrompu?
Yaoundé, 14 Août 2013
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
Un vox-pop, réalisé par La Météo, tend à démontrer que le rapport d'évaluation de cette Ong internationale, récemment publié, est loin des faits. La Douane semble le corps le plus corrompu.
L'Organisation non gouvernementale (Ong) Transparency international a présenté le classement des institutions les plus corrompues du Cameroun. Il ressort de ce rapport que la Police occupe la première place, suivie du corps des magistrats et la troisième place revient à l'enseignement national. Le classement de cette Ong suscite souvent de nombreuses passions.
Aussitôt publié, aussitôt contesté, pourrait-on dire. Des observateurs avertis s'interrogent sur la méthode Transparency, notamment sur le caractère scientifique, donc inattaquable, de sa démarche et ses conclusions.
L'Ong, par sa représentation camerounaise, se défend en relevant que ce classement est opéré à partir des enquêtes et des interviews réalisées auprès d'un échantillon sélectionné et jugé représentatif. Sauf que la démarche de Transparency international s'effectue indifféremment des habitudes des populations et de leurs contacts, plus ou moins fréquents avec les services publics.
Vox populi, vox dei. Le classement actuel de cette Ong peut-il être remis en question ou correspond-il à la réalité? Il faut reconnaître qu'il n'est pas évident de répondre à cette question sans y mêler quelques sensibilités. Pour se rapprocher un peu plus de la vérité dans un esprit éclectique, La Météo est allée auprès de ceux qui sont, au quotidien, confrontés à l'administration aussi bien dans les grands centres urbains que dans l'arrière-pays. Fonctionnaires, by Savings Wave">privés, chômeurs étudiants, paysans, transporteurs, voyageurs, opérateurs économiques, hommes d'affaires, prestataires de services et autres ont ainsi été interrogés sur les types de rapports qu'ils entretiennent avec les pouvoirs publics et le regard qu'ils portent sur ces derniers. Et le moins qu'on puisse dire c'est que les résultats laissent plus d'un pantois. Si tout le monde reconnait que la corruption est un phénomène très présent à la Sûreté nationale, bon nombre de Camerounais interrogés réfutent également le postulat selon lequel, la Police est le corps de métier le plus corrompu.
Cinquième au classement.
Après étude des chiffres, 60% des groupes cités supra pensent que c'est la Douane qui est le secteur le plus corrompu. Pour les interrogés, les agents des douanes ne laissent pas le choix aux usagers et ignorent sciemment la réglementation en vigueur. «Vous n'avez même pas idée de ce qui se passe aux postes de douanes à travers le pays, c'est tout simplement révoltant!», s'insurge un opérateur économique. Vient ensuite le fisc, plus connu sous l'appellation «les impôts», ils sont suivis de près par le corps de la magistrature.
Si les prisons camerounaises sont aussi bondées, ce n'est pas seulement dû au manque d'infrastructures, mais surtout à cause de la corruption observée chez les magistrats. Un tour à la prison centrale de Kondengui, permet de mesurer le niveau d'affairisme des hommes en toges. Ils brisent la vie de nombreuses familles pour des millions de billets de banque. Que dire des greffiers qui distraient certains dossiers sous les consignes des plaignants contre enveloppes? L’Éducation nationale n'est pas en reste dans le ressentiment des usagers. Dans ce secteur, l'enseignement supérieur affole tous les compteurs où les tractations illégales entre enseignants et étudiants se font «quasi officiellement», s'offusque un étudiant.
Au bas de ce tableau peu reluisant, vient la Police où 40% des enquêtés pensent que la corruption y est pratiquée dans des proportions moindres. Beaucoup notent tout de même que, malgré le malaise qui règne actuellement au sein de la Police et lequel nous avons largement fait écho dans nos colonnes, tous les Camerounais approchés sont unanimes sur un fait: c'est la douane, et non la Police, qui est le corps le plus corrompu aujourd'hui au Cameroun. Et que l'Ong doit revoir ses méthodes d'investigation.
© Yves Marc Kamdoum | La Météo
Un vox-pop, réalisé par La Météo, tend à démontrer que le rapport d'évaluation de cette Ong internationale, récemment publié, est loin des faits. La Douane semble le corps le plus corrompu.
L'Organisation non gouvernementale (Ong) Transparency international a présenté le classement des institutions les plus corrompues du Cameroun. Il ressort de ce rapport que la Police occupe la première place, suivie du corps des magistrats et la troisième place revient à l'enseignement national. Le classement de cette Ong suscite souvent de nombreuses passions.
Aussitôt publié, aussitôt contesté, pourrait-on dire. Des observateurs avertis s'interrogent sur la méthode Transparency, notamment sur le caractère scientifique, donc inattaquable, de sa démarche et ses conclusions.
L'Ong, par sa représentation camerounaise, se défend en relevant que ce classement est opéré à partir des enquêtes et des interviews réalisées auprès d'un échantillon sélectionné et jugé représentatif. Sauf que la démarche de Transparency international s'effectue indifféremment des habitudes des populations et de leurs contacts, plus ou moins fréquents avec les services publics.
Vox populi, vox dei. Le classement actuel de cette Ong peut-il être remis en question ou correspond-il à la réalité? Il faut reconnaître qu'il n'est pas évident de répondre à cette question sans y mêler quelques sensibilités. Pour se rapprocher un peu plus de la vérité dans un esprit éclectique, La Météo est allée auprès de ceux qui sont, au quotidien, confrontés à l'administration aussi bien dans les grands centres urbains que dans l'arrière-pays. Fonctionnaires, by Savings Wave">privés, chômeurs étudiants, paysans, transporteurs, voyageurs, opérateurs économiques, hommes d'affaires, prestataires de services et autres ont ainsi été interrogés sur les types de rapports qu'ils entretiennent avec les pouvoirs publics et le regard qu'ils portent sur ces derniers. Et le moins qu'on puisse dire c'est que les résultats laissent plus d'un pantois. Si tout le monde reconnait que la corruption est un phénomène très présent à la Sûreté nationale, bon nombre de Camerounais interrogés réfutent également le postulat selon lequel, la Police est le corps de métier le plus corrompu.
Cinquième au classement.
Après étude des chiffres, 60% des groupes cités supra pensent que c'est la Douane qui est le secteur le plus corrompu. Pour les interrogés, les agents des douanes ne laissent pas le choix aux usagers et ignorent sciemment la réglementation en vigueur. «Vous n'avez même pas idée de ce qui se passe aux postes de douanes à travers le pays, c'est tout simplement révoltant!», s'insurge un opérateur économique. Vient ensuite le fisc, plus connu sous l'appellation «les impôts», ils sont suivis de près par le corps de la magistrature.
Si les prisons camerounaises sont aussi bondées, ce n'est pas seulement dû au manque d'infrastructures, mais surtout à cause de la corruption observée chez les magistrats. Un tour à la prison centrale de Kondengui, permet de mesurer le niveau d'affairisme des hommes en toges. Ils brisent la vie de nombreuses familles pour des millions de billets de banque. Que dire des greffiers qui distraient certains dossiers sous les consignes des plaignants contre enveloppes? L’Éducation nationale n'est pas en reste dans le ressentiment des usagers. Dans ce secteur, l'enseignement supérieur affole tous les compteurs où les tractations illégales entre enseignants et étudiants se font «quasi officiellement», s'offusque un étudiant.
Au bas de ce tableau peu reluisant, vient la Police où 40% des enquêtés pensent que la corruption y est pratiquée dans des proportions moindres. Beaucoup notent tout de même que, malgré le malaise qui règne actuellement au sein de la Police et lequel nous avons largement fait écho dans nos colonnes, tous les Camerounais approchés sont unanimes sur un fait: c'est la douane, et non la Police, qui est le corps le plus corrompu aujourd'hui au Cameroun. Et que l'Ong doit revoir ses méthodes d'investigation.