Rapport CONAC 2011: Massi Gams accusé d'amateurisme
Yaoundé, 03 Décembre 2012
© Mamouda Labaran | La Météo
Depuis la publication (vendredi dernier) du rapport 2011 sur l'Etat de la corruption au Cameroun, des voix fusent de toutes parts pour décrier les méthodes du président de la Commission national anti-corruption (Conac). Lesquelles agressent outrancièrement la présomption d'innocence, le principe du contradictoire. Et, comble de facilité, font la part belle au «journalisme de liste».
© Mamouda Labaran | La Météo
Depuis la publication (vendredi dernier) du rapport 2011 sur l'Etat de la corruption au Cameroun, des voix fusent de toutes parts pour décrier les méthodes du président de la Commission national anti-corruption (Conac). Lesquelles agressent outrancièrement la présomption d'innocence, le principe du contradictoire. Et, comble de facilité, font la part belle au «journalisme de liste».
La Conac a mal à ses méthodes
d'enquête. Le constat demeure à la lecture des différentes
investigations que cette institution, créée en 2006 par décret
présidentiel, a déjà eues à rendre publique depuis son fonctionnement.
Ainsi comme ses devanciers, le rapport 2011 est un véritable scandale en
matière de respect de l'éthique et de la déontologie régissant toute
enquête publique. Faut-il dès lors désespérer de la qualité des
personnes placées aux manettes de la Conac? Oui. La récurrence des
«dérives» commande qu'on s'y préoccupe. Car, le dernier rapport est un
navet de plus de trois cent pages noircies de procédure à charge,
farcies de publication fantaisiste de liste de personnes n'ayant pas
fait l'objet de condamnation judiciaire définitive, mais présentées, à
l'opinion, comme convaincues de corruption (ailleurs, on qualifierait
cela de journalisme de liste, digne de la presse à gages) et parsemées
d’auto-congratulation. Le ridicule ne tue pas, on le sait. Mais, elle
(la Conac) aurait dû, par égard pour le contribuable camerounais, se
garder de gaspiller tant de papier et d'encre. Ou encore de dilapider
des deniers publics en frais de mission. A ce sujet, La Météo reviendra,
dans une de ses parutions ultérieures, sur le véritable montant des
sommes englouties dans le cadre de cette «autre controversée» enquête.
Vivement un audit sur la gestion de cette institution, question de freiner le gaspillage auquel Massi Gams et sa clique se livrent.
«Jurisprudence» Messengue Avom.
La lecture, de part et d'autre, du rapport de la Conac sur l'état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2011 conduit inévitablement à cette fâcheuse constatation: les accusés, dans leur grand nombre, sont de facto acheminés à l'abattoir, comme on l'eût fait des moutons charnus. C'est à croire que les responsables de la Conac n'ont tiré aucune leçon de la polémique Messengue Avom, du nom de l'ancien ministre des Travaux publics étrillé dans un rapport d'enquête dont l'auteur (Garga Haman Adji, en l'occurrence) n'avait pas cru bon de lui accorder ne serait-ce que l'aumône dune audition. Les enquêtes à charge et à tête chercheuse semblent être une religion à la Conac.
Au moment où le chef de l'Etat l'envisage à l'intention de ses ministres fainéants, des observateurs avertis proposent non seulement la tenue pour les collaborateurs de Massi Gams d'un séminaire de mise à niveau. Cela leur permettra de s'imprégner des rudiments d'une enquête équilibrée, complète et fiable. Car, ces James Bond tropicaux sont de véritables désastres en matière d'investigation et de contre-enquête.
Juge et partie.
Une dérive marchant dans le sillage d'une autre: les pages 136, 165-167 et 171 offrent des tableaux de noms de personnes prisent dans les filets de l'institution logée dans une aile du palais des Congrès de Yaoundé. Nulle part, il n'est mentionné dans le rapport que ces femmes et hommes ont été entendus par les enquêteurs de la Conac, ou ayant fait l'objet de poursuites judiciaires couronnées d'une condamnation précise. Violant ses propres textes, la Conac s'improvise procureur et offre en holocauste à l'opinion publique des personnes qu'aucun tribunal n'a, jusqu'ici, reconnues coupables des délits à elles prêtées. Suprême indignation quand on a écouté Massi Gams, vendredi dernier, dire dans son discours que «la Conac respecte et a toujours respecté le principe de l'indépendance de la justice. C'est ainsi qu'elle refuse systématiquement d'intervenir lorsque la requête dont elle est saisie évoque une procédure judiciaire en cours. Dans un tel cas, le requérant est conseillé d'attendre sereinement l'aboutissement du contentieux... Certains requérants sont invités à saisir les instances judiciaires compétentes à connaître leur problèmes». De deux choses l'une: Ou Massi Gams n'a pas lu toutes les pages du rapport 2011. Ou, il n'est pas à un mensonge près.
Quoiqu'il en soit, la dernière enquête de la Conac a le mérite, et c'est le seul, à remettre au goût du jour les méthodes, ô combien discutables de ses enquêteurs et mandants sur le terrain. Et c'est dommage pour la crédibilité d'une institution considérée comme un maillon essentiel de la lutte contre la corruption.
Décidément, il y en a qui font tout pour ramer à contre courant de la noble mission à eux confiés par Paul Biya.
Vivement un audit sur la gestion de cette institution, question de freiner le gaspillage auquel Massi Gams et sa clique se livrent.
«Jurisprudence» Messengue Avom.
La lecture, de part et d'autre, du rapport de la Conac sur l'état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2011 conduit inévitablement à cette fâcheuse constatation: les accusés, dans leur grand nombre, sont de facto acheminés à l'abattoir, comme on l'eût fait des moutons charnus. C'est à croire que les responsables de la Conac n'ont tiré aucune leçon de la polémique Messengue Avom, du nom de l'ancien ministre des Travaux publics étrillé dans un rapport d'enquête dont l'auteur (Garga Haman Adji, en l'occurrence) n'avait pas cru bon de lui accorder ne serait-ce que l'aumône dune audition. Les enquêtes à charge et à tête chercheuse semblent être une religion à la Conac.
Au moment où le chef de l'Etat l'envisage à l'intention de ses ministres fainéants, des observateurs avertis proposent non seulement la tenue pour les collaborateurs de Massi Gams d'un séminaire de mise à niveau. Cela leur permettra de s'imprégner des rudiments d'une enquête équilibrée, complète et fiable. Car, ces James Bond tropicaux sont de véritables désastres en matière d'investigation et de contre-enquête.
Juge et partie.
Une dérive marchant dans le sillage d'une autre: les pages 136, 165-167 et 171 offrent des tableaux de noms de personnes prisent dans les filets de l'institution logée dans une aile du palais des Congrès de Yaoundé. Nulle part, il n'est mentionné dans le rapport que ces femmes et hommes ont été entendus par les enquêteurs de la Conac, ou ayant fait l'objet de poursuites judiciaires couronnées d'une condamnation précise. Violant ses propres textes, la Conac s'improvise procureur et offre en holocauste à l'opinion publique des personnes qu'aucun tribunal n'a, jusqu'ici, reconnues coupables des délits à elles prêtées. Suprême indignation quand on a écouté Massi Gams, vendredi dernier, dire dans son discours que «la Conac respecte et a toujours respecté le principe de l'indépendance de la justice. C'est ainsi qu'elle refuse systématiquement d'intervenir lorsque la requête dont elle est saisie évoque une procédure judiciaire en cours. Dans un tel cas, le requérant est conseillé d'attendre sereinement l'aboutissement du contentieux... Certains requérants sont invités à saisir les instances judiciaires compétentes à connaître leur problèmes». De deux choses l'une: Ou Massi Gams n'a pas lu toutes les pages du rapport 2011. Ou, il n'est pas à un mensonge près.
Quoiqu'il en soit, la dernière enquête de la Conac a le mérite, et c'est le seul, à remettre au goût du jour les méthodes, ô combien discutables de ses enquêteurs et mandants sur le terrain. Et c'est dommage pour la crédibilité d'une institution considérée comme un maillon essentiel de la lutte contre la corruption.
Décidément, il y en a qui font tout pour ramer à contre courant de la noble mission à eux confiés par Paul Biya.