QUEL EN SERAIT L’APPORT DES ÉLECTIONS DE SEPTEMBRE PROCHAIN TANT POUR LE PEUPLE QUE POUR LES ACTEURS POLITIQUES? :: CAMEROON

Hafis Ruefli:Camer.beLe calendrier électoral proposé et imposé au peuple camerounais a, marqué en lettres noires bien visibles la date des prochaines échéances. Des échéances auxquelles plusieurs partis et leaders politiques prendront part avec vaillance et certitude pour accomplir leur devoir national. Le peuple, lui, ira aux urnes avec l’intime conviction de participer à la réorganisation d’un pan des institutions nationales démocratiques. Une belle vue panoramique pour le profane du cercle politique ou social camerounais. Mais ce même cercle se serait regardé dans un miroir qu’il ne s’occuperait pas seulement à se lisser la peau avec un produit de gommage.

Effectivement le traitement épidermique en surface n’est valable que contre une invasion d’acné. Or le Cameroun, notre cher et beau triangle national n’en est plus à ses balbutiements en politique.
Ceci n’est un secret pour personne, juste pour Polichinelle sûrement. Le schéma électoral national tel que pensé jusqu’à nos jours est une grande scène de théâtre qui n’a de rivalités qu’une pièce d’un autre siècle. Une comédie burlesque à laquelle associer son témoignage et sa sympathie revient à être comptable demain face aux futures générations. Le terme ÉLECTIONS, vous le savez tous, sous d’autres cieux, est une expression fédératrice de débats francs et constructifs. Si l’annonce des prochaines consultations électorales nous donne à voir et témoigner de l’engouement de la classe politique à y prendre part pour, sûrement, une participation à la vie administrative et sociale pour une amélioration des conditions de vie quotidienne, le réalisme devrait assister certains. Le bon sens politique, la raison morale et la responsabilité face au peuple m’interdisent de prendre part à ce casting national dont l’objectif est inavoué mais clairement visible.

Les élections s’apparentent-elles aux Olympiades où juste la participation est la première loi? Mais alors, quel en serait l’apport tant pour le peuple que pour les autres acteurs? La participation de certains leaders serait est peut-être conditionnée par des termes non écrits en noir su blanc. Retenons toutefois que pour un homme politique, donc public, tout acte de sa part devrait être encadré d’un certain nombre d’éléments primaires de réflexion. Car son engagement n’est plus une question d’identité personnelle, mais de groupe et de respect des idéaux que ce dernier incarne.
La course aux élections est pour moi un souci que je ne me fais pas. Seul le peuple, devant lequel la comptabilité se fera m’y orientera.

Participer et donner son aval avant l’heure du grand rendez-vous fausse les comptes. Et fort malheureusement certaines contributions concourent à ne pas voir clair dans ce jeu social. Oui, car tout est représentation de la société pour laquelle les plus grandes batailles politiques sont engagées. La liberté d’opinion et d’expression est un des éléments forts qui contribuent à crédibiliser la marche vers la démocratie, ou du moins ce qui y ressemblera. Une liberté politique et fondamentale dont l’information est la ressource première. Mais sa manipulation et sa gestion sont, plus que cette liberté, d’une sensibilité première. Le libéralisme des TIC, des organes de presse écrite et audio-visuels, une nécessité pour le plan démocratique est cependant orienté vers une pseudo-liberté d’expression. Si plusieurs libertés sont accordées, il est cependant prépondérant de noter la manipulation de la matière première à des fins inavouées. Mais ce capharnaüm de liberté d’expression où l’État reste le seul garant de la norme et du respect de la déontologie prête le flan à des dérives et certains citoyens se laissent entrainer à toutes sortes de libertinage vocal et écrit.

Il est d’ailleurs su de tous, que « ce n’est pas celui qui possède la plus grosse bombe qui domine le monde, mais celui qui raconte la plus belle histoire ».

Avec une arme aussi redoutable que la communication sur tout le territoire national, l’équipe du parti RDPC met en œuvre le processus électoral, une grosse et impitoyable machine montée pour satisfaire ses intérêts. A tout seigneur tout honneur, car il faut le dire, ELECAM ne peut obéir qu’aux desiderata des hauts dignitaires qui votent et lui octroient son budget de fonctionnement. Cet organe gouvernemental suit sans sourciller le plan de route qui lui est fixé. La démocratie se retrouve prise au piège. Face à ce système l’option d’un contrepoids est une évidence. Un contrepoids crédible.

Mais tous ces défis de pensée et d’organisation ne sont pas des combats perdus à l’avance pour un pays qui regorge de ressources et capacités individuelles. Ces individualités, mises en commun pour une synergie d’actions. Ces capacités et ressources, notre triangle national n’en est pas orphelin. Ces matières premières foisonnent à souhait, mais leur gestion représente un autre défi. La volonté politique et administrative fait montre d’une défaillance incomparable. A se poser des questions sur les intérêts que nourrissent les uns et les autres pour notre cher et beau pays. Mais à y bien regarder, ces pontes et autres dignitaires ont-ils intérêt à voir les choses changer? Assainir la gestion administrative dans laquelle une obscurité des plus noires s’est installée depuis reviendrait à faire table rase et demander des comptes aux responsables. Or ils sont nombreux impliqués dans des magouilles et autres actes de bouffonnerie indescriptibles.

Fort heureusement le peuple camerounais n’est pas dupe. En quête et à la recherche d’un leader, d’un rassembleur en qui s’identifier et qui s’identifiera à lui, le choix de la sélection lente est un acte réfléchi. L’organe politique dont la communication sans dialogue est la plus régulière peine dans les débats et les sorties médiatiques. Le citoyen camerounais, féru de lecture, s’y oriente par désespoir et habitude. Mais n’y croit pas. Il n’y croit plus.

Le peuple camerounais, dans sa quête de leader digne de sa confiance a souvent posé le regard sur certains hommes ou groupes politiques ou sociaux. On aurait pu la penser en successeur légitime, mais la famille Ahidjo, du premier président de la République ne représente à ce jour qu’un symbole. Elle n’a aucune légitimité politique. Certes le nom Ahidjo renvoie à un fort passé politique, mais on retrouve vite un prénom devant, Ahmadou. Et comme en politique l’héritage ne se fait pas sur la base du sang, mais par la reconnaissance de ses faits d’armes. Mr FRU NDI par exemple, il y a quelques années se positionnait comme un sérieux challengeur. C’était sans compter ses rencontres en privé avec M. Paul BIYA. Il combattait durement et avec pugnacité le RDPC sur tous les fronts.

Mais ce rapprochement masqué au peuple camerounais est une remise d’armes, un renoncement. Tout ceci s’apparente au clientélisme, considéré à tort ou à raison comme un danger pour la saine évolution de la démocratie. Une attitude, vous en conviendrez, qui change les termes et les clauses au moment des échanges, car un interlocuteur se sera mis en position vassale, assujettie.

Cependant, une remise d’armes, loin d’être un acte à blâmer, s’inscrit dans une logique évolutive pour le bien de tous. Donc un acte que l’on pourrait voir comme altruiste. Mais seulement, le paramètre de jugement est la négociation efficace pour des objectifs et un but à atteindre. Quels en ont-été ceux de M. FRU NDI? Nul ne le sait à ce jour. Mais alors, si les sympathisants et militants n’en savent rien, comment les sensibiliser davantage sur les idéaux d’un combat que nous menons et disons le leur?

 

Dipl. Ing. (M.Sc.) Hafis Rüefli
Rothausstrasse 7, 4132 Muttenz, Schweiz

NB: Mr Hafis Ruefli est le président du Conseil Citoyen des Camerounais (CCC )

http://www.ccdescamerounais.com 

© Correspondance : Hafis Rüefli


05/09/2013
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