Quel bilan pour l’année 2011 ?

Quel bilan pour l’année 2011 ?

Paul Biya heure:Camer.beL’on s’attend que, comme de tradition, le chef de l’Etat, au soir du 31 décembre, à 20 heures sur les ondes radio et Tv de la Crtv, adresse ses vœux à ses compatriotes, à l’aube de l’année qui commence. A chaque fois, c’est le moment pour le président de la République de dresser le bilan de l’année écoulée et de faire des projections sur l’année nouvelle.Dans quelques heures, l’année 2011 sera rangée dans les calendes grecques. Les camerounais continuent toujours à attendre de leur président une amélioration de leur quotidien promis en en 1983 et surtout en  2006  au lendemain de l’atteinte par le Cameroun en fin avril 2006, du point d’achèvement de l’initiative Ppte.

Toujours dans cette attente, avec le gouvernement du 09 décembre dernier, suite au réaménagement, le président Paul Biya a défini dans une perspective de croissance triptyque les priorités ayant trait à l’amélioration, la stimulation du progrès social et la lutte acharnée contre la corruption. Tout observateur averti de la scène politique camerounaise sait d’office que le gouvernement du 09 décembre dernier s'inscrit comme de bien entendu dans la continuité et ne tend à rien moins qu'à préserver ses acquis et d'hypnotisation d'un peuple qui subit plus qu'il n'adhère

Le message de fin d’année pourrait peut-être permettre au chef de l’Etat de dire, si des progrès accomplis dans la poursuite de ses objectifs autorisent de meilleurs espoirs pour 2012.

En effet, les mêmes difficultés, sinon davantage : problèmes de nutrition, d’éducation, de santé, d’insuffisance d’eau potable et d’électricité, d’enclavement, de chômage, de malnutrition, d’insécurité, sans oublier, évidemment, les éternels maux comme la corruption, le favoritisme, l’affairisme, l’inertie, bref la mal gouvernance perdurent. N’en déplaisent à ceux qui ne voient que la paix partout quand on sait qu’on n’est jamais en paix, quand l’on se couche avec un œil ouvert de peur d’être agressé par les brigands, ou mieux encore quand on a faim…

2011 était pleine de promesses au Cameroun. Désabusé par la kyrielle de maux  qui habitent ce pays, l’on a cru que de bonnes perspectives se profilaient à l’horizon. L’on a plutôt recommencé avec les mêmes revers de la médaille et encore pire cette fois, la misère a pris le temps  de construire son nid dans cet océan d’espérance. La quasi-totalité du peuple camerounais  s’est beaucoup plus occupée à une lutte acharnée contre le  combat pour la survie.

2011 qui s’achève au Cameroun aura connu le scrutin présidentiel avec pour corollaire la razzia  des voix du RDPC parti au pouvoir le tout noyé dans un processus électoral qui avait tout pour gagner en transparence et en crédibilité, mais qui a été entaché d’irrégularités. Ces résultats ayant inquiétés sans suite l’opinion publique nationale et internationale surtout que le taux de l’abstinence et des faveurs  entretenues lors des opérations de vote ne pouvaient que ragaillardir ses concepteurs

L’autre fait majeur important de l’année aura été l’élimination des lions indomptables de la prochaine coupe d’Afrique des nations. Un double honte pour ceux qui avaient pour habitude d’assurer leur positionnement politique à l’image de cette équipe nationale de football. Plus besoin de les citer car ils se connaissent tous avec leur chef de file
2011 restera dans l’histoire des Camerounais comme une année  d’hécatombe sur le plan sportif, où le football camerounais a inexorablement continué sa descente aux enfers. Une élimination pour la coupe d’Afrique des nations (Can) qui se joue dès janvier 2012 aux portes du Cameroun, en l’occurrence au Gabon et en Guinée Equatoriale. A cause de l’éternelle inorganisation entretenue par le ministère des Sports et  de l’Education physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot),
 
2011 aura aussi été une année jonchée de plusieurs accidents de circulations routières au Cameroun. Que ce soit les doubles drames de Njombé et de Bafia, en passant par ceux de l’axe reliant Yaoundé à Douala ou mieux encore Yaoundé- Bangangté, le Cameroun en 2011 a continué à compter ses morts.

Toujours en 2011, l’insécurité a construit son nid au Cameroun où désormais, la vie quotidienne dans les quatre coins de la république ne se conjugue plus que dans la crainte de vivre.

« Le 4 février 2010, Paul Biya, signe un décret créant « un comité national d’organisation du cinquantenaire de l’indépendance et de la réunification du Cameroun ». Placé sous la présidence du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République du Cameroun, « le comité a pour mission, sans préjudice des attributions dévolues au Cabinet civil, la conception, l’organisation, la supervision et l’évaluation de l’ensemble des préparatifs et des manifestations du cinquantenaire de l’indépendance et de la réunification du Cameroun ». A la fin de l'année, le cinquantenaire de la réunification ne s'est pas tenu. Aucun discours du chef de l'État, aucun communiqué du communiqué du cabinet civil de la présidence de la République pour donner des précisions sur cet événement historique. »1

En 2011, l’on a aussi assisté à  l’aboutissement de quelques procès, dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements de la fortune publique avec des sanctions indicibles (10, 15 , 30, 50 ans…) d’emprisonnement ferme pour des personnes déjà âgées qui risqueront de purger le reste de leur peine dans leur tombe.

En 2011, l’on a assisté à la libération de Lapiro de Mbanga suite à sa condamnation pour trois ans d’emprisonnement après les émeutes de février 2008. Cependant, plusieurs autres citoyens croupissent encore dans les prisons camerounaises dans le cadre de ces émeutes et ne cessent de subir des renvois récurrents de leur procès.  Le cas de Paul Eric Kingué en est une illustration parfaite. Interpellé lors des émeutes de février 2008 et condamné à six ans de prison, puis à dix ans, une troisième peine est en attente et ainsi de suite. Pour l’ex maire de la commune de Njombé Penja, son arrestation était longtemps programmée par les bananeraies françaises du Moungo. Ni la loi, ni le bon sens ne peuvent justifier le dilatoire sciemment entretenu dans son procès.

2011  a été une année difficile pour la communauté camerounaise en Guinée Equatoriale. Des centaines de camerounais ont été massacrés, pillés et chassés de la Guinée Equatoriale devant les yeux inertes de nos dirigeants qui ne se sont « réveillées » qu’au moment où la communauté internationale voulait déjà se saisir de la gestion de la crise.

Moins de quelques heures  avant le message de fin d’année du président de la République, on est  embarrassé et même plus motivé à se cloitrer devant son petit écran à 20 heures comme on le faisait il ya de cela exactement 30 ans.
Néanmoins, le peuple camerounais est demeuré en dépit de toutes les sévisses subies, à la fois amorphe et héroïque dans la recherche de sa pitance quotidienne. Chacun de son côté multiplie les astuces pour vaincre les dédalles de la vie, même s’il faut aller mendier chez le voisin lointain, les plus courageux n’ont pas hésité.

Les Camerounais attendent plus que jamais que des actes, rien que des actes, et surtout des actes parlent en lieu et place des discours

1- Boris Bertold, Le Jour

© Camer.be : Hugues Seumo


02/01/2012
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