Paul Biya mourra au pouvoir. C’est certain. Il a mis sur pied le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) qui lui permettra de mâter dans le sang toute tentative de révolution populaire à la Tunisienne ou, toute tentative de coup d’Etat. Il ne perdra aussi jamais une élection car, outre le mécanisme de fraude qu’il a mis en place (bricolant fréquemment les organes d’organisation des élections ONEL I, ONEL II, ELECAM I…), il a compris qu’il faut attiser la peur dans l’esprit des Camerounais pour être perçu comme un messie.
Les trois années précédant chaque élection, il recrute massivement dans l’armée. Comme pour envoyer un signal à ses compatriotes qu’il tient à bonne distance, à chacune de ses sorties, à travers des éléments de la Garde Présidentielle (GP) lourdement armés. Ses lieutenants bassinent aussi les Camerounais des discours sur la paix en le présentant comme le seul qui peut éviter au Cameroun, le chaos.
Il n’est pas gêné pour demander aux Camerounais, lors du 3ème congrès extraordinaire de son parti, de choisir entre «la paix ou l’aventure», «la stabilité ou l’incertitude», «l’ordre ou la chaos». Pour cadenasser son pouvoir, il a fait nommer dans les postes clés de son appareil sécuritaire, les hommes de son ère géographique d’origine. Ainsi donc, il est à l’abri des « surprises désagréables » et peut tranquillement passer des mois entiers à l’étranger tout en sachant que ses gorilles surveillent « son » pouvoir à Yaoundé.
Ayant constaté que les lions indomptables, opium du peuple, ne gagnent plus rien, il a décidé de livrer son peuple à une autre distraction (sanguinaire) : il envoie ses ministres et anciens ministres en prison à la pelle. Son peuple, paupérisé et avide de sang se distrait de cette lutte contre la corruption qui ne ramène rien dans les caisses de l’Etat (même les biens meubles et immeubles des ministres condamnés restent leurs propriétés).
« L’homme lion » qui refuse de faire appliquer l’article 66 de la constitution (ce qui permettrait de mieux contrôler l’enrichissement) se livre ainsi à un jeu dangereux qui met en péril l’avenir même de sa propre famille lorsqu’il mourra au pouvoir. Il a accumulé autant d’ennemis que la vengeance sera au rendez-vous dès le soir de sa mort. Si aujourd’hui, l’ancienne Première dame, Germaine Ahidjo, moisit au Sénégal et mène une vie de misère, la situation de sa famille Biya pourrait être pire !
En outre, Franck Biya qui a été entrepreneur, propriétaire de sociétés forestières pourraient avoir bien de casseroles. Paul Biya, au soir de sa vie, se préoccupe-t-il du Cameroun qu’il laissera et surtout de la sécurité de sa famille après lui ? Peut-être ! Mais, il n’a plus le choix. Il est pris dans un redoutable engrenage. Il ne peut plus quitter le pouvoir car sa sécurité ne pouvant plus être garantie. Mais, on voit mal comment il échapperait à des poursuites.
Par exemple, dans l’affaire de l’acquisition de l’avion présidentiel, c’est lui qui a donné l’ordre de virement, il donnait des contre-ordres et a suivi le processus de bout en bout. Malheureusement, il ne passera jamais devant la barre pour donner sa version des faits…