Quand Paul Biya espionnait Ahidjo et les opposants camerounais de l'hexagone

Quand Paul Biya espionnait Ahidjo et les opposants camerounais de l'hexagone

Ahidjo Biya:Camer.bePeu après son accession à la magistrature suprême, Paul Biya aurait missionné Jacques Tillier, alors reporter au Journal  du dimanche (JDD) de ‘’surveiller’’Ahmadou Ahidjo, alors installé sur la Côte d’Azur. Les relations entre les deux hommes d’Etat s’étaient sérieusement dégradées. Exit la lune de miel des premiers mois qui suivirent le passage de pouvoir et la bénigne querelle du couple Ahidjo -Biya au sujet de la préséance du  président du parti-Etat ( l’Unc, en l’occurrence) sur le président de la République, lors des cérémonies officielles. Le torchon brûle sérieusement, quand le président démissionnaire veut l’étendre à l’administration du pays. ‘’Le parti  arrête  les grandes lignes de la  politique nationale.  Le président de la République les met en application’’, déclare Ahmadou Ahidjo.

Son successeur ne l’entend pas de cette oreille et le fait savoir à travers des  actes ‘’souverains’’, sans en référer au parti, encore moins  à son président national. Mis en minorité après un baroud d’honneur aux résultats mitigés, Ahidjo prend le chemin de l’exil.  Le nouveau président bien qu’heureux d’avoir débarrassé sa chaussure d’un caillou, sait qu’il lui reste néanmoins une épine à retirer du pied. ‘’Le père de la nation’’, a laissé derrière lui un noyau dur d’hommes liges.  Le nouveau ‘’maître de Yaoundé’’, cautionnera un système qui lui permettra d’être informé des moindres faits et gestes de son prédécesseur. ‘’Il faut dire que Tillier, est un spécialiste. Ancien agent de la Direction de la surveillance du territoire (DST), l’homme  est aussi chargé de faire la promotion de M. Biya dans les colonnes du JDD. Jacques Tillier était missionné par le chef de la Sûreté nationale camerounaise’’, écrit le journaliste français Thomas Deltombe, dans un  article titré : Chantre français pour dictateurs africains. Tillier, contacté par Deltombe n’a pas ‘’souhaité revenir sur cet épisode’’.  L’ancien de la DST, qui est aujourd’hui le directeur de l’Union de Reims (110.000 exemplaires), traîne une réputation de journaliste à gages.

A en croire un ancien diplomate camerounais en France, le putsch d’avril 1984 a été ‘’attribué’’ à  Ahmadou Ahidjo. L’occasion faisant le larron, le pouvoir de Yaoundé a mis à la tête des putschistes  un fou furieux, regrettant les honneurs liés au pouvoir et ne sachant pas tenir sa langue. ‘’Si ce sont mes partisans, ils auront le dessus’’, dixit Ahidjo. Aveu de complicité ?

Adefi  espionne les opposants camerounais à l’hexagone

‘’Dans un contexte troublé, où les rumeurs de complot bruissent à Yaoundé, et où s’agitent à Paris des réseaux « françafricains » concurrents, le jeu des communicants dépasse la simple propagande. Les agences de Com’ tendent à se transformer en officines de renseignement. C’est du moins ce qui se produit avec  celle de Jean Pierre  Fleury : Adefi  espionne les  opposants camerounais installés dans l’hexagone et filme leurs rassemblements parisiens’’, peut-on lire dans Chantres français pour dictateurs africains. Contacté, par nos soins, un conseiller de Biya a qualifié ces accusations de ‘’graves affabulations ‘’. Au sujet des relations entre la présidence camerounaise et Jacques Tillier, l’éminence grise du Palais les perçoit comme une  ‘’instrumentalisation du passé à des fins macabres’’.

Toutefois, on ne peut pas nier que Paul Biya a ses habitudes au JDD. C’est un ancien cadre de ce journal, en l’occurrence François Mattei, que l’homme-lion  a ‘’missionné’’ pour  lui rédiger un panégyrique de 350 pages (Le Code Biya).  Le même Mattei, qui 23 ans plus tôt, avait fait ‘’fuiter’’  dans la presse les activités de Tillier en faveur du régime Biya !

© Camer.be : Th.D


10/07/2012
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