Quand je serai président du Cameroun : la question de l'équilibre régional
A l'approche de l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun, Marcel
Ebene nous présente ses propositions sur plusieurs thèmes importants de
la vie politique camerounaise.
Source: Bonaberi.com du 29/06/2010
Note de la rédaction : Alors que les élections présidentielles de 2011 approchent à grands pas dans notre pays, Marcel Ebene a voulu nous présenter dans le cadre d'une chronique hebdomadaire, ses propositions pour le Cameroun.
Pendant quelques mois donc et au travers d'un papier par semaine, il abordera divers thèmes de la vie socio-politique camerounaise (équilibre régional, agriculture, marchés publics, culture et lutte contre la piraterie, etc) et présentera les idées clés pour les futurs candidats à la magistrature suprême du Cameroun. Le thème abordé cette semaine sera celui de l'équilibre régional.
La logique de l’activité étant basée sur le fait que ce sont les élites qui aideront en priorité le développement de la province. Nous disons que cette logique est biaisée car c’est à l’état de s’assurer du développement harmonieux du Cameroun. Le livre publié par Ateba Eyene il y a quelques temps et intitulé « Les paradoxes du pays organisateur », illustre pour ce qui est du Sud (avec tous les ministres et directeurs généraux) que les élites peuvent faillir dans le développement de la région.
Le développement d’un pays ne doit pas se baser sur l’espérance d’une bonne volonté de tiers, mais sur une politique éclairée, lucide et volontariste. Le Cameroun doit recruter en priorité les meilleurs pour aller où nous voulons qu’il aille.
1) Le pourcentage d’admis sur les compétences sera augmenté d’au moins 15% sur chaque concours et s’établira à au moins 60%.
2) Dans la proportion dévolue à l’équilibre régional, la part de chaque région sera calculée en fonction de l’indice de développement de la région (calculée par le ministère de l’économie) et de la population de la région (ceci implique la publication du dernier recensement).
A partir des deux premières propositions ci-dessus nous redonnerons déjà plus d’objectivité et plus d’efficacité (dans l’objectif qu’elle se vise à atteindre) à cette politique. Je rappelle que selon les informations en ma possession (prière de m’apporter de plus fraiches), la répartition actuelle officielle est d’après l'arrêté d'application du décret sur l'équilibre régional qui date du 7 Septembre 1982 :
Article 1 - Le présent arrêté fixe en application les dispositions du décret n° 82/407 du 7 Septembre 1982 susvisé, les quotas de places réservées aux originaires de chaque province ainsi qu'aux anciens militaires sans distinction d'origine, candidats aux concours administratifs d'entrée aux différentes catégories de la Fonction publique et aux concours donnant accès aux établissements nationaux de formation.
Article 2 - Compte tenu de l'importance démographique et du taux de scolarisation de chaque province, les quotas de places réservés aux candidats originaires de chacune d'elles ainsi qu'aux anciens militaires, sont arrêtés comme suit :
- Province du Centre Sud : 19 %
- Province de l'Est : 4%
- Province du Littoral : 12 %
- Province du Nord : 30 %
- Province du Nord-ouest : 12 %
- Province de l'Ouest : 13%
- Province du Sud Ouest : 8%
- Anciens Militaires : 2%
Source : Socpa, démocratisation et autochtonie au Cameroun
Chacun s’étonnera de la pertinence de tels chiffres, avec des provinces qui ont depuis été remodelées.
3) Seront compris dans la part dévolue à chaque région, les personnes habitant dans la région en question, quelles que soient les origines tribales. On s’affranchit ainsi des questions ethniques, au profit des opportunités liées à l’environnement (enseignement, accès à la santé, etc.). A titre d’exemple, un Boulou ayant vécu toute sa vie au Nord sera intégré dans le contingent du Nord.
4) Les décisions seront actualisées tous les cinq ans, à savoir : nouveau calcul d’IDH régional, taux minimal d’accession due à la compétence et décision ou non de continuer la politique d’équilibre régional.
Deux concours. 1000 places chacun, le premier a actuellement un taux de réussite par le mérite de 55% (le reste étant dû à une répartition régionale), le second de 35%.
Considérant que plus l'IDH (indice de développement humain) est fort, plus le développement est avancé, prenons 5 régions de la manière suivante :
R1 avec un IDH de 1.2 et une population de 1.2 million d'habitants,
R2 avec un IDH de 2 et une population de 1.2 million d'habitants,
R3 avec un IDH de 1.2 et une population de 4 millions d'habitants,
R4 avec un IDH de 3 et une population de 4 millions d'habitants,
R5 avec un IDH de 2 et une population de 2 millions d'habitants.
Parmi les nombreuses formules possibles (ceci étant un aspect technique), prenons en deux pour illustrer la faisabilité des propositions :
F1 : barycentrique avec pondération du dixième de la population /IDH
F1(Ri) =(0.1*Pi/IDHi)/((0.1*P1/IDH1)+(0.1*P2/IDH2)
+(0.1*P3/IDH3)+(0.1*P4/IDH4)+(0.1*P5/IDH5))
F2 : barycentrique avec pondération du logarithme du double de la population /IDH
F2(Ri)=(ln(2*Pi)/IDHi)/((ln(2*P1)/IDH1)+(ln(2*P2)/IDH2)
+(ln(2*P3)/IDH3)+(ln(2*P4)/IDH4)+(ln(2*P5)/IDH5))
Cela nous donne donc pour les taux de réussite au mérite avec la réforme
C1: de 55 à 70% des places soit 300 places pour l'équilibre régional (+15%)
C2: de 35 à 60% des places soit 400 places pour l'équilibre régional (au moins 60% si +15%<60%)
pour C1, les 300 places seront réparties de la manière suivante
Formule 1: R1=42; R2=25; R3=137; R4=55, R5=41
Formule 2: R1=51; R2=31; R3=122; R4=48, R5=48
pour C2, les 400 places seront réparties de la manière suivante
Formule 1: R1=56; R2=33; R3=183; R4=73, R5=55
Formule 2: R1=68; R2=41; R3=162; R4=64, R5=65
Dans les deux cas, on note bien une répartition qui prend en compte les déséquilibres effectifs dans le développement et non plus une quelconque préférence ethnique basée sur des critères non objectifs.
Source: Bonaberi.com du 29/06/2010
Note de la rédaction : Alors que les élections présidentielles de 2011 approchent à grands pas dans notre pays, Marcel Ebene a voulu nous présenter dans le cadre d'une chronique hebdomadaire, ses propositions pour le Cameroun.
Pendant quelques mois donc et au travers d'un papier par semaine, il abordera divers thèmes de la vie socio-politique camerounaise (équilibre régional, agriculture, marchés publics, culture et lutte contre la piraterie, etc) et présentera les idées clés pour les futurs candidats à la magistrature suprême du Cameroun. Le thème abordé cette semaine sera celui de l'équilibre régional.
Symptômes constatés :
Un remaniement
ministériel, un concours administratif : Et c’est reparti ! On regarde
si la proportion de Bulus, de Bamilékés, de ressortissants du grand
Nord, a été respectée. Ce qui fait qu’avant même la compétence, on doit
s’assurer que mon frère du village a été nommé et va aussi nous faire
manger. Chacun peut voir les lacunes que de tels raisonnements
impliquent sur la compétitivité d’un pays (si l’on ne retient pas
prioritairement les meilleurs) et même sur sa cohésion (tant que l’on
continue à mettre en avant les différences ethniques sans nécessité).
C’est pour cela que nous avons estimé réagir sur le sujet. Diagnostic et objectifs de la solution :
Pourquoi cette politique
a été instituée ? Cette pratique avait pour but initialement de
remédier aux trop grandes disparités entre ressortissants de différentes
provinces pour l’accès à divers postes. La logique de l’activité étant basée sur le fait que ce sont les élites qui aideront en priorité le développement de la province. Nous disons que cette logique est biaisée car c’est à l’état de s’assurer du développement harmonieux du Cameroun. Le livre publié par Ateba Eyene il y a quelques temps et intitulé « Les paradoxes du pays organisateur », illustre pour ce qui est du Sud (avec tous les ministres et directeurs généraux) que les élites peuvent faillir dans le développement de la région.
Le développement d’un pays ne doit pas se baser sur l’espérance d’une bonne volonté de tiers, mais sur une politique éclairée, lucide et volontariste. Le Cameroun doit recruter en priorité les meilleurs pour aller où nous voulons qu’il aille.
Proposition de solution :
Nous rappelons que
l’objectif à moyen terme est de ne juger les gens que sur le mérite.
Mais la lucidité nous impose à l’heure actuelle de reconnaitre que les
disparités régionales dans la marche du développement ont un impact dans
les résultats que les habitants de telle ou telle région sont
susceptibles d’avoir. C’est pourquoi nous amenderons l’existant de la
manière suivante.1) Le pourcentage d’admis sur les compétences sera augmenté d’au moins 15% sur chaque concours et s’établira à au moins 60%.
2) Dans la proportion dévolue à l’équilibre régional, la part de chaque région sera calculée en fonction de l’indice de développement de la région (calculée par le ministère de l’économie) et de la population de la région (ceci implique la publication du dernier recensement).
A partir des deux premières propositions ci-dessus nous redonnerons déjà plus d’objectivité et plus d’efficacité (dans l’objectif qu’elle se vise à atteindre) à cette politique. Je rappelle que selon les informations en ma possession (prière de m’apporter de plus fraiches), la répartition actuelle officielle est d’après l'arrêté d'application du décret sur l'équilibre régional qui date du 7 Septembre 1982 :
Article 1 - Le présent arrêté fixe en application les dispositions du décret n° 82/407 du 7 Septembre 1982 susvisé, les quotas de places réservées aux originaires de chaque province ainsi qu'aux anciens militaires sans distinction d'origine, candidats aux concours administratifs d'entrée aux différentes catégories de la Fonction publique et aux concours donnant accès aux établissements nationaux de formation.
Article 2 - Compte tenu de l'importance démographique et du taux de scolarisation de chaque province, les quotas de places réservés aux candidats originaires de chacune d'elles ainsi qu'aux anciens militaires, sont arrêtés comme suit :
- Province du Centre Sud : 19 %
- Province de l'Est : 4%
- Province du Littoral : 12 %
- Province du Nord : 30 %
- Province du Nord-ouest : 12 %
- Province de l'Ouest : 13%
- Province du Sud Ouest : 8%
- Anciens Militaires : 2%
Source : Socpa, démocratisation et autochtonie au Cameroun
Chacun s’étonnera de la pertinence de tels chiffres, avec des provinces qui ont depuis été remodelées.
3) Seront compris dans la part dévolue à chaque région, les personnes habitant dans la région en question, quelles que soient les origines tribales. On s’affranchit ainsi des questions ethniques, au profit des opportunités liées à l’environnement (enseignement, accès à la santé, etc.). A titre d’exemple, un Boulou ayant vécu toute sa vie au Nord sera intégré dans le contingent du Nord.
4) Les décisions seront actualisées tous les cinq ans, à savoir : nouveau calcul d’IDH régional, taux minimal d’accession due à la compétence et décision ou non de continuer la politique d’équilibre régional.
Eventuels effets de bord :
Le but est que seul le
mérite, ou alors plus de mérite, règne. A titre d’exemple, prenons le
cas de deux concours soit à une école, soit à la fonction publique, et
appliquons ce que nous avons dit dans les propositions 1) et 2).Deux concours. 1000 places chacun, le premier a actuellement un taux de réussite par le mérite de 55% (le reste étant dû à une répartition régionale), le second de 35%.
Considérant que plus l'IDH (indice de développement humain) est fort, plus le développement est avancé, prenons 5 régions de la manière suivante :
R1 avec un IDH de 1.2 et une population de 1.2 million d'habitants,
R2 avec un IDH de 2 et une population de 1.2 million d'habitants,
R3 avec un IDH de 1.2 et une population de 4 millions d'habitants,
R4 avec un IDH de 3 et une population de 4 millions d'habitants,
R5 avec un IDH de 2 et une population de 2 millions d'habitants.
Parmi les nombreuses formules possibles (ceci étant un aspect technique), prenons en deux pour illustrer la faisabilité des propositions :
F1 : barycentrique avec pondération du dixième de la population /IDH
F1(Ri) =(0.1*Pi/IDHi)/((0.1*P1/IDH1)+(0.1*P2/IDH2)
+(0.1*P3/IDH3)+(0.1*P4/IDH4)+(0.1*P5/IDH5))
F2 : barycentrique avec pondération du logarithme du double de la population /IDH
F2(Ri)=(ln(2*Pi)/IDHi)/((ln(2*P1)/IDH1)+(ln(2*P2)/IDH2)
+(ln(2*P3)/IDH3)+(ln(2*P4)/IDH4)+(ln(2*P5)/IDH5))
Cela nous donne donc pour les taux de réussite au mérite avec la réforme
C1: de 55 à 70% des places soit 300 places pour l'équilibre régional (+15%)
C2: de 35 à 60% des places soit 400 places pour l'équilibre régional (au moins 60% si +15%<60%)
pour C1, les 300 places seront réparties de la manière suivante
Formule 1: R1=42; R2=25; R3=137; R4=55, R5=41
Formule 2: R1=51; R2=31; R3=122; R4=48, R5=48
pour C2, les 400 places seront réparties de la manière suivante
Formule 1: R1=56; R2=33; R3=183; R4=73, R5=55
Formule 2: R1=68; R2=41; R3=162; R4=64, R5=65
Dans les deux cas, on note bien une répartition qui prend en compte les déséquilibres effectifs dans le développement et non plus une quelconque préférence ethnique basée sur des critères non objectifs.