Protocole A propos des cérémonies dans lesquelles le chef de l’Etat est impliqué

Écrit par Edmond Kamguia K.   
Jeudi, 12 Août 2010 10:02

Afin d’éviter de vaines polémiques sur la place à accorder au chef de l’Etat ou  à la personnalité qui le représente lors des obsèques officielles et des obsèques quasi-officielles, il est utile de rappeler certains usages établis.
Certains usages sont établis dans le protocole administratif, diplomatique et républicain. Cela rentre dans ce que l’on peut appeler la coutume en matière de formes à respecter lors des cérémonies auxquelles la haute administration de l’Etat est concernée et lorsque particulièrement le président de la République est impliqué directement ou indirectement. Il s’agit d’une pratique habituellement observée.

Des obsèques nationales peuvent être décrétées par le chef de l’Etat pour des personnalités ayant occupé des fonctions de premier rang au sein des institutions étatiques ou ayant participé de manière significative au progrès de la nation ou à l’évolution de la vie politique nationale. Des obsèques nationales ou des obsèques officielles peuvent aussi être décrétées à l’occasion du décès du président de la République.

En ce qui concerne le deuil national, il peut être décrété par le chef de l’Etat à l’occasion de grands sinistres ou d’évènements tragiques pour la nation. Le président Ahmadou Ahidjo décréta un deuil national d’un jour après  les plébiscites des 11et 12 février 1961 qui débouchèrent sur le rattachement au Nigeria du Northern Cameroons, la partie britannique du Cameroun septentrional. Les drapeaux nationaux avaient été mis en berne. Le 31 mai 1961, le président Ahmadou Ahidjo adressa un message à la nation pour exprimer sa douleur de voir 800.000 frères obligés de vivre sous la législation du Nigeria à partir du 1er juin 1961. 

Un deuil national d’un ou de plusieurs jours peut également être décrété en cas décès du président de la République. Au Gabon par exemple, après l’annonce du décès du président Omar Bongo en Espagne des suites de maladie, le 8 juin 2009, un deuil national de 30 jours a été décrété par le gouvernement gabonais.

Dans ce cas également, les drapeaux nationaux avaient été mis en berne.

Des obsèques officielles peuvent être décrétées par le chef de l’Etat pour des personnalités ayant occupé des fonctions importantes au sein des institutions étatiques ou ayant participé d’une manière significative à l’évolution de la vie politique, économique ou culturelle nationale. Le chef de l’Etat peut prendre part ou se faire représenter aux obsèques officielles.

Le 11 décembre 1999, Charles Assalé, ancien Premier ministre de l’ex-Cameroun oriental décède à Yaoundé des suites de maladies à l’âge de 88 ans. Le président Paul Biya, qui l’avait nommé entre temps ambassadeur itinérant, a décrété des obsèques officielles et s’est fait représenter.

Autre exemple d’obsèques officielles. Cette fois-ci avec la présence  physique du chef de l’Etat aux obsèques. Le 29 août 2001,  Emah Basile, célèbre délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé décède à l’âge de 80 ans, à Etetak. Ses obsèques officielles se déroulent en présence du président Paul Biya le 8 septembre 2001 au Sanctuaire marial qui est devenu Basilique mineure de Mvolyé à Yaoundé. Emah Basile fut inhumé peu avant ses obsèques officielles dans le caveau familial.

 

« L’intérêt du pays doit primer »

 

Des obsèques quasi-officielles sont des obsèques  qui ne sont pas officiellement décrétées mais dont le protocole exige le respect des formes à cause de l’implication du chef de l’Etat. Il s’agit d’obsèques presque officielles ou officielles de facto, c’est-à-dire de fait. Exemple : le 1er mars 2001, lors des obsèques à Baba II de Mme Abu Susana Angob Ndi, la mère de John Fru Ndi, le président de la République est représenté par le gouverneur de la province de l’Ouest qui y présentera le message de condoléances du chef de l’Etat, à la clôture des témoignages. On se souvient d’ailleurs du mot de gratitude de John Fru Ndi ce jour-là : « M. le gouverneur, je tiens à dire merci au président Biya. Dites que j’apprécie sincèrement son geste (…) Au-delà de nos divergences et de nos idéologies, c’est l’intérêt du pays qui doit primer sur nos intérêts personnels ». Dans ce cas précis, le chef de l’Etat avait adressé un message de  condoléances à John Fru Ndi et l’avait soutenu dans l’organisation des obsèques. La différence entre les obsèques de la mère de John Fru Ndi et celles de Pius N. Njawé est que le soutien que le chef de l’Etat avait accordé  à son challenger n’avait pas fait l’objet de la publicité ou de la théâtralisation orchestrée par le ministre de la Communication.  

Il importe de souligner que les obsèques de Pius Njawé rentrent dans la nomenclature des obsèques quasi-officielles. A partir du moment où  le chef de l’Etat est impliqué par le message des condoléances et par l’assistance financière aux obsèques, les autorités administratives de la région ont l’obligation de s’impliquer pour veiller à ce que tout se passe dans la tranquillité et comme le veulent les usages. La famille est désormais liée. Le programme de la cérémonie doit alors tenir compte des autorités administratives qui viennent assister aux obsèques.

C’est tout à fait normal que le gouverneur de la région de l’Ouest veille à ce que le message de condoléances du chef de l’Etat soit lu au moment approprié. C’est dans cette optique que Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, le gouverneur de la région de l’Ouest, s’est donc retrouvé le samedi 7 août 2010 à Babouantou, aux obsèques de Pius N. Njawé. Ce n’est pas hasard non plus que Faï Yengo Francis, le gouverneur de la région du Littoral, était présent à la grande veillée funèbre qui s’est déroulée à Bonaberi, au domicile de Pius N. Njawé le jeudi 5 août 2010.

Pour éviter l’incident de samedi dernier à Babouantou, Jean Vincent Tchienehom, le maître des cérémonies qui semble connaître en quoi consiste son travail, devait veiller à ce que l’éloge funèbre de Célestin Monga à Pius N. Njawé soit présenté avant le message de condoléances du chef de l’Etat.

 

Agitation et prétention

 

Il faut regretter le fait que la gestion du programme de la cérémonie des obsèques de Pius N. Njawé à Babouantou par certains de ses collaborateurs ait donné l’impression que quelqu’un a joué à se faire peur en voulant défier l’autorité de l’Etat. Sans doute par ignorance des règles protocolaires d’usage ou pour des raisons inavouées qui n’honorent ni la mémoire de Pius N. Njawé, ni ses collaborateurs qui font de l’agitation avec la prétention de défendre l’image de Pius N. Njawé plus que lui-même de son vivant. Sous le fallacieux prétexte que l’Etat n‘aurait rien à voir  avec des obsèques familiales qui n’ont pas été décrétées obsèques officielles.

Le comble du ridicule est que Célestin Lingo, l’un des journalistes qui jouent aux gardiens du temple de l’institution Messager a traité le fils aîné du défunt de « délinquant » dans l’édition N° 3158 du Messager du lundi 9 août 2010, à la page 2,  parce que le fils de Njawé a voulu que la patrie soit reconnaissante à l’égard de son père. Paul Biya n’a-t-il pas reconnu dans  son message de condoléances que Pius N. Njawé est « l’un des pionniers de la presse d’opinion au Cameroun » et l’une des grandes figures ayant « contribué à sa manière à l’animation du paysage  politico-médiatique national » ? 



12/08/2010
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