Protestations et indignations après les déclarations faites par monsieur le Procureur de la république près le Tribunal de première instance de Yaoundé, au cours de l'interrogatoire du Dr. Vincent Sosthène FOUDA. Monsieur le Secrétaire Général,Présidence de la République. La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous présente ses respectueux compliments, et se fait un impérieux devoir, de vous transmettre les protestations et les manifestations d'indignation très nombreuses des citoyens et citoyennes, à la suite des déclarations faites par monsieur le procureur de la république près le tribunal de première instance de Yaoundé.En effet selon le compte rendu fait par le Dr Vincent Sosthène FOUDA et amplement reproduit par la presse, le Procureur de la république lui aurait demandé "pourquoi lui qui est Béti, s'occupe d'une affaire concernant une fille Bamiléké". (voir le quotidien Le Jour du 13 février 2012)
Il importe de rappeler que le Dr. V.S. FOUDA a été interpellé devant l'hôpital Gynéco Obstétrique de Yaoundé le Jeudi 08 février, lors d'une manifestation spontanée en soutien à la jeune Vanessa Tchatchou dont le bébé a été mystérieusement volé à la naissance le 20 Août 2011. Le médecin a en outre été trimbalé d'une cellule à une autre et d'un procureur de la république à un autre, passant un weekend hors de son domicile dans des conditions exécrables, et traité comme un dangereux bandit avec des menottes et cagoule, pour être ensuite inculpé.
Sans préjudice des suites de la procédure engagée contre ce citoyen d'une honorabilité et d'un sens incomparable de la solidarité et de la justice sociale, et par ailleurs sous réserve de la confirmation effective de l'intégralité des propos attribués au haut fonctionnaire de la magistrature cité, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination exprime son étonnement et son effroi devant de tels déclarations. Notre condamnation est sans équivoque, et notre souhait est qu'une enquête soit diligentée pour rassurer rapidement les citoyens.
Les citoyens qui nous saisissent sont d'autant plus outrés, qu'ils ne comprennent pas que le tribalisme gagne jusqu'au coeur de notre système judiciaire, et met ainsi en péril, le principe même de la justice en hypothéquant bien évidement sa pratique devant les cours et tribunaux de la république. Si les magistrats rendent la justice selon la tribu et selon la gueule ethnique, il faut admettre que nous risquons d'entrer dans la perte totale de confiance en ceux qui sont chargés de dire le droit, de garantir la protection des biens et des personnes par leur arbitrage impartial, et de cimenter la cohésion nationale par la lettre et l'esprit des lois.
En tout état de cause, la Commission indépendante
contre la corruption et la discrimination exprime encore mieux, les
attentes pressées et empressées des citoyens nombreux, qui
souhaiteraient voir la lumière faite sans délai, sur la position des
plus hautes autorités de l'Etat et de la république sur l'effectivité
de l'impartialité des magistrats, leur indépendance réelle, et leur
adhésion aux canons sacrés de l'unité et de l'intégration nationale.
C'est dans ce contexte que la Commission compte sur votre excellence,
pour réaffirmer le caractère général et impersonnel de la citoyenneté,
de même que l'égalité des citoyens, de tous les citoyens sans exclusive,
devant la loi.
Il va en effet sans dire, que les déclarations d'un magistrat catégorisant les justiciables selon l'appartenance tribale et ethno régionaliste, constitue une époustouflante violation de la déclaration universelle des droits de l'Homme et des libertés fondamentales ainsi que de ses protocoles additifs. Ne rien faire, ne rien dire, ou taire cette bavure, consacrerait une inacceptable, dommageable et condamnable soustraction explicite du Cameroun de ses obligations internationales.
Faut-il le rappeler, le Dr. V.S. Sosthène FOUDA est un citoyen dont le sens de la justice et de la solidarité nationale, intègre des valeurs cardinales d'humanisme, de loyauté, de probité et d'honnêteté qui font cruellement défaut aux comportements hélas répandus dans notre société aujourd'hui. Lui indiquer une orientation compassionnelle fondée sur l'ethnicité, risque d'envoyer à quelques partenaires internationaux, un très mauvais message sur notre système de gouvernance judiciaire, et aggraver la fracture ethno régionaliste dans une société déjà trop morcelée en clans villageois qui prennent chaque jour un peu plus, la forme de micros Etats.
Dans l'attente de votre prompte réaction, la
Commission adresse à votre Excellence, ses sincères félicitations pour
sa brillante nomination, et saisit également cette occasion pour
l'assurer de sa très haute et fraternelle considération./.
Le Président de la Commission,
SHANDA TONME,
Médiateur universel