Procès -arrestation: Le bouc-émissaire
Procès -arrestation: Le bouc-émissaire
Par robert.ngono.ebode | Mercredi 21 avril 2010 | Le Messager
C’est du moins ce que l’on peut dire, au regard de tout ce qui a émaillé tous les jours de l’incarcération de Michel Atangana à la police judiciaire. Alors qu’il revient de la messe le matin du 12 mai 1997, il est « cueilli comme un bandit » au niveau du quartier Bastos à Yaoundé. Dans ce lieu d’information judiciaire, il est interdit de communiquer avec l’extérieur. Il est présenté comme un bandit de grand chemin, « très » dangereux pour la société. Il est resté en cellule de cette date d’arrestation jusqu’au 03 juillet 1997 avant d’être déféré devant le Procureur de la République, par ailleurs juge d’instruction à l’époque. « Il y a quelque chose de très fondamental à retenir. Lorsque Titus Edzoa démissionne du gouvernement en avril 1997 et annonce sa candidature à l’élection présidentielle, plusieurs personnes sont allées rencontrer Thierry Atangana pour lui demander de quitter le pays parce qu’on allait l’arrêter. Au rang de ces personnes, Dieudonné Ambassa Zang. Ce que Thierry a refusé, ne se reprochant de rien », soutient un proche. La suite ne s’est pas fait attendre. « Après l’examen de situation pour s’enquérir de la véritable identité du prévenu, et les autres enquêtes préliminaires, on découvre qu’il n’y a rien de consistant dans le dossier. Que tout ce qui a été avancé n’est qu’allégations. Vers la mi-juin de 1997, après plus d’un mois en cellule, on lui apporte un document pour signer. Ce document accablait le Pr Titus Edzoa. On lui a dit que s’il tenait à sa libération, il devait signer. On a mis à contribution ses proches, notamment sa mère, ses amis, et même des commissaires de police. C’était là la condition pour qu’il ne soit pas poursuivi comme les autres. Ce qu’il a refusé, compte tenu de l’éducation chrétienne qu’il a reçue. Il disait que sa conscience le lui reprocherait et qu’au nom de la vérité, il préfère tout ce qu’on lui fera, que de porter de faux témoignages sur une affaire qu’il ignore », raconte un proche.
Coaction au forceps
Face à ce refus catégorique, sa détention administrative va durer près de deux mois pour grand banditisme, sous le commandement de l’actuel ministre de la défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o, alors préfet du Mfoundi à l’époque. Le 03 juillet 1997, il est inculpé par le procureur de la République. Il est conduit à la prison de Kondengui. « C’est pendant qu’il se trouve entre les mailles de la justice qu’il apprend à travers les médias nationaux et internationaux qu’il est le directeur de campagne de Titus Edzoa. La campagne de délation était ainsi lancée contre lui pour l’accabler le moment venu, alors que ça faisait des mois qu’il n’a pas vu Edzoa », relève la défense. Ironie du sort, c’est le même jour que Titus Edzoa est arrêté et transféré à la prison de Kondengui. Les motifs connus lui sont collés. Détournement de fonds publics dans le cadre de la gestion du Copisur, trafic d’influence, tentative de détournement de deniers publics dans le cadre de l’organisation du 32ème sommet de l’OUA, détournement de fonds publics dans la gestion d’avance créée dans le cadre de ce sommet.
Edzoa et Thierry furent condamnés à 15 ans de prison ferme au terme de cette procédure. La même affaire a rebondi et a fait l’objet d’une instruction chez le juge Pascal Magnaguémabé le 23 octobre 2008. Après cette instruction, le juge a prononcé un non lieu pour ce qui est de Thierry Atangana. Les charges contre lui manquent de preuves et sont non fondées.