Prison Centrale de Yaoundé: Abah Abah voulait bel et bien s’évader. Comment la DGRE a opéré sur le terrain
YAOUNDÉ - 16 Mai 2012
© Joe EHIGUE | L'Epervier
Comment expliquer que ce Jeudi 10 Mai 2012 de 7 Heures à 11 Heures, l'ancien argentier national qui savait qu'il avait un rendez-vous important avec un docteur jouait encore au tennis alors que généralement, il ne s'y attarde pas.
Comment expliquer que ce Jeudi 10 Mai 2012 de 7 Heures à 11 Heures, l'ancien argentier national qui savait qu'il avait un rendez-vous important avec un docteur jouait encore au tennis alors que généralement, il ne s'y attarde pas.
Tout indiquait alors qu'il planifiait son arrivée tardive chez le médecin avec la complicité du chef SAF qui aurait au passage reçu 06 millions FCFA pour mise en condition.
Entre temps, 04 étranges personnes campaient dans un véhicule 4x4 aux abords du domicile de l'ancien ministre des finances à Odza. Des hommes qui n'étaient ni ceux des services secrets, ni d'autres forces de sécurité, mais qui avaient vraisemblablement l’intention de procéder à l'enlèvement de Abah Abah.
Le retard volontairement accusé chez le docteur tenait donc de cette opération dont le régisseur ignorait.
Ignorance
A ceux qui claironnent que la DGRE qui a fait échec au plan d'évasion de l'ancien ministre n'était pas dans ses compétences puisque s'occupant de la sécurité extérieure, il faut dire que la sécurité de l'intérieur et de l'extérieur sont étroitement liées et que ce service qui connait mieux qu'un autre les grands dossiers de notre vie intérieure est à ce titre le dernier rampart contre les velléités de déstabilisation et autres basses manœuvres qui sont ourdies de l'intérieur.
Renforcer la sécurité
La nécessité de créer une zone d'hébergement des prisonniers de luxe sous la garde des gendarmes et militaires s'impose d'autant plus que les gardiens de prison ont étalé leurs faiblesses dans l'encadrement efficace de ces hommes qui parlent avec des millions en main.
Les rendez-vous avec les médecins devraient cesser d'être fantaisistes pour des hommes de bonne santé dont les sorties sont organisées pour des rendez-vous dans des hôtels avec des copines ou des beuveries dans les circuits. Les observateurs ne relèvent-ils pas que l'hôtel Santa Lucia situé à 500m du pénitencier de Kondengui sert de lieu de rencontre entre ces prisonniers de luxe et leurs complices encore en liberté. Quelque chose doit être fait car, à l'allure où vont les choses, toutes les conditions d'un chao sont réunies.
Complicités
La prison centrale de Yaoundé est un centre de trafics de tout genre. Les drogues, des armes, des téléphones portables, des objets contondants, des uniformes des armées ou de la police sont livrés aux détenus par des réseaux solidement implantés depuis des années. Les gardiens de prison tous grades confondus, les visiteurs qui échappent aux contrôles et des commerçants qui entrent chaque matin à la prison centrale pour livrer du pain et autres denrées alimentaires, sont les principaux acteurs de ces trafics qui sont à la base de toutes les évasions et de permanente insécurité. Le chanvre qui se vend à l'intérieur de la prison à raison de 100 FCFA le petit paquet est consommé tant par les détenus que par leurs geôliers, ce qui constitue l'une des preuves de l'anarchie qui y règne.
Malheureux précédents
Il y a quelques années, un certain Menye lieutenant de l'armée de l'air dont les complices voleurs de voitures étaient gardés dans cette prison, favorisait l'évasion du chef de gang le jour de la Saint Sylvestre. Il était venu deux jours avant lui remettre une tenue militaire, rangers, galons et insignes à l'appui. Il ne restait plus au bandit que de s'habiller tranquillement le jour du nouvel an et de sortir devant le haie d'honneur des gardiens de prison. Mais le malfrat qui s'était retrouvé à l'agence BUCA voyage à Mvan en tenue et galons d'officier des forces aériennes sera repéré par un gendarme qui avait remarqué son attitude étrange, il était arrêté et ramené à la case départ.
Une autre fois, c'est un pistolet automatique qui a été retrouvé à l'intérieur d'un pain de 1000 FCFA bien chargé et dont les destinataires n'étaient que les locataires du quartier des condamnés à mort.
Fuite en avant
A chaque événement malheureux à la prison centrale de Yaoundé, suivent des décisions mortes nées. Le chaos qui y règne émane de la responsabilité de ceux qui décident dans les arcanes du pouvoir. Depuis des années l'on parle de l'extension ou de la délocalisation de cette prison dont la présence au cœur de la ville est un facteur de grande insécurité tant pour les détenus que pour des populations. La porosité de sa sécurité démontre plus que jamais qu'il faut cesser de jouer chaque fois aux sapeurs pompiers et agir pour qu'elle devienne une vraie prison. Mais comme les grosses baleines qui y sont gardées ne veulent pas s'évader, on peut continuer à se limer les ongles au sein du gouvernement car, il y a encore quelque temps l'on signalait la présence régulière de ce même Abah Abah en compagnie d'Olanguena Awono à l'Hôtel Santa Lucia sis à Mobile Kondengui sans que cela puisse susciter des remous.
Le régisseur a-t-il été sacrifié?
Pendant que détenus et collaborateurs font son deuil, il semble de plus en plus probable que celui qui est déjà appelé ex régisseur de la prison centrale de Yaoundé aurait manqué de lucidité dans la gestion des grosses baleines gardées dans ce pénitencier.
"Un garde prisonnier est un prisonnier", dit un adage bien connu et monsieur Ndjeng qui n'a que passé 08 maigres mois au fauteuil de régisseur fait face à l'amère expérience.
Même si tout le monde est unanime qu'il paie arbitrairement le prix des turpitudes des autres, il faut tout de même relever qu'il a été débarqué par le fait qu'il était le donneur d'ordres qui, sous n'importe quel prétexte ne devait pas laisser les autres agir à sa place. L'ancien régisseur que tout le monde veut considérer comme une colombe a fait preuve de laxisme car, il ne pouvait ignorer qu'on ne gère pas Abah Abah, Atangana Mebara ou Fotso comme on le fait avec de vulgaires malfrats anonymes.
Maladresses
Dans l'affaire Atangana Mebara, le régisseur aurait fait preuve de faute lourde en remettant la photocopie d'un document considéré comme décision de sa mise en liberté après son acquittement partiel au tribunal. Une fois détenteur de la photocopie de cette décision l'ancien secrétaire général de la présidence de la république aurait mis ses avocats et lobbies de soutien à contribution pour déplorer ce document qui faisait état de sa libération le 04 Mai 2012, vraisemblablement signée le 03 Mai, n'était pas respectée.
Il ne manquait donc plus que ses avocats utilisent le fameux document pour attaquer l'Etat en justice. Atangana Mebara se considère donc aujourd'hui comme un prisonnier politique par le seul fait qu'il détienne la photocopie d'une décision de sa libération non exécutée.
Machine à broyer
Le fauteuil du régisseur de la prison centrale est éjectable. En l'espace de 05 ans, on a vu défiler Pogmoni, Simo, Nkemanda, Mbock, Tiwa et Ndjeng. Le poste ne met pas ses détenus à l'abri des tentations qui sont par ailleurs grandes. La concentration des prisonniers de luxe dans ce pénitencier pour des raisons occultes tient de l'absurde quand on sait qu'à moins de 200m de là, se trouve la prison principale qui offre des conditions de détention sécurisantes. Le successeur de monsieur Ndjeng échappera t-il au triste sort de ses prédécesseurs? Là est la question. Il a tout de même la chance de connaître où il met ses pieds.
© Joe EHIGUE | L'Epervier
Comment expliquer que ce Jeudi 10 Mai 2012 de 7 Heures à 11 Heures, l'ancien argentier national qui savait qu'il avait un rendez-vous important avec un docteur jouait encore au tennis alors que généralement, il ne s'y attarde pas.
Comment expliquer que ce Jeudi 10 Mai 2012 de 7 Heures à 11 Heures, l'ancien argentier national qui savait qu'il avait un rendez-vous important avec un docteur jouait encore au tennis alors que généralement, il ne s'y attarde pas.
Tout indiquait alors qu'il planifiait son arrivée tardive chez le médecin avec la complicité du chef SAF qui aurait au passage reçu 06 millions FCFA pour mise en condition.
Entre temps, 04 étranges personnes campaient dans un véhicule 4x4 aux abords du domicile de l'ancien ministre des finances à Odza. Des hommes qui n'étaient ni ceux des services secrets, ni d'autres forces de sécurité, mais qui avaient vraisemblablement l’intention de procéder à l'enlèvement de Abah Abah.
Le retard volontairement accusé chez le docteur tenait donc de cette opération dont le régisseur ignorait.
Ignorance
A ceux qui claironnent que la DGRE qui a fait échec au plan d'évasion de l'ancien ministre n'était pas dans ses compétences puisque s'occupant de la sécurité extérieure, il faut dire que la sécurité de l'intérieur et de l'extérieur sont étroitement liées et que ce service qui connait mieux qu'un autre les grands dossiers de notre vie intérieure est à ce titre le dernier rampart contre les velléités de déstabilisation et autres basses manœuvres qui sont ourdies de l'intérieur.
Renforcer la sécurité
La nécessité de créer une zone d'hébergement des prisonniers de luxe sous la garde des gendarmes et militaires s'impose d'autant plus que les gardiens de prison ont étalé leurs faiblesses dans l'encadrement efficace de ces hommes qui parlent avec des millions en main.
Les rendez-vous avec les médecins devraient cesser d'être fantaisistes pour des hommes de bonne santé dont les sorties sont organisées pour des rendez-vous dans des hôtels avec des copines ou des beuveries dans les circuits. Les observateurs ne relèvent-ils pas que l'hôtel Santa Lucia situé à 500m du pénitencier de Kondengui sert de lieu de rencontre entre ces prisonniers de luxe et leurs complices encore en liberté. Quelque chose doit être fait car, à l'allure où vont les choses, toutes les conditions d'un chao sont réunies.
Complicités
La prison centrale de Yaoundé est un centre de trafics de tout genre. Les drogues, des armes, des téléphones portables, des objets contondants, des uniformes des armées ou de la police sont livrés aux détenus par des réseaux solidement implantés depuis des années. Les gardiens de prison tous grades confondus, les visiteurs qui échappent aux contrôles et des commerçants qui entrent chaque matin à la prison centrale pour livrer du pain et autres denrées alimentaires, sont les principaux acteurs de ces trafics qui sont à la base de toutes les évasions et de permanente insécurité. Le chanvre qui se vend à l'intérieur de la prison à raison de 100 FCFA le petit paquet est consommé tant par les détenus que par leurs geôliers, ce qui constitue l'une des preuves de l'anarchie qui y règne.
Malheureux précédents
Il y a quelques années, un certain Menye lieutenant de l'armée de l'air dont les complices voleurs de voitures étaient gardés dans cette prison, favorisait l'évasion du chef de gang le jour de la Saint Sylvestre. Il était venu deux jours avant lui remettre une tenue militaire, rangers, galons et insignes à l'appui. Il ne restait plus au bandit que de s'habiller tranquillement le jour du nouvel an et de sortir devant le haie d'honneur des gardiens de prison. Mais le malfrat qui s'était retrouvé à l'agence BUCA voyage à Mvan en tenue et galons d'officier des forces aériennes sera repéré par un gendarme qui avait remarqué son attitude étrange, il était arrêté et ramené à la case départ.
Une autre fois, c'est un pistolet automatique qui a été retrouvé à l'intérieur d'un pain de 1000 FCFA bien chargé et dont les destinataires n'étaient que les locataires du quartier des condamnés à mort.
Fuite en avant
A chaque événement malheureux à la prison centrale de Yaoundé, suivent des décisions mortes nées. Le chaos qui y règne émane de la responsabilité de ceux qui décident dans les arcanes du pouvoir. Depuis des années l'on parle de l'extension ou de la délocalisation de cette prison dont la présence au cœur de la ville est un facteur de grande insécurité tant pour les détenus que pour des populations. La porosité de sa sécurité démontre plus que jamais qu'il faut cesser de jouer chaque fois aux sapeurs pompiers et agir pour qu'elle devienne une vraie prison. Mais comme les grosses baleines qui y sont gardées ne veulent pas s'évader, on peut continuer à se limer les ongles au sein du gouvernement car, il y a encore quelque temps l'on signalait la présence régulière de ce même Abah Abah en compagnie d'Olanguena Awono à l'Hôtel Santa Lucia sis à Mobile Kondengui sans que cela puisse susciter des remous.
Le régisseur a-t-il été sacrifié?
Pendant que détenus et collaborateurs font son deuil, il semble de plus en plus probable que celui qui est déjà appelé ex régisseur de la prison centrale de Yaoundé aurait manqué de lucidité dans la gestion des grosses baleines gardées dans ce pénitencier.
"Un garde prisonnier est un prisonnier", dit un adage bien connu et monsieur Ndjeng qui n'a que passé 08 maigres mois au fauteuil de régisseur fait face à l'amère expérience.
Même si tout le monde est unanime qu'il paie arbitrairement le prix des turpitudes des autres, il faut tout de même relever qu'il a été débarqué par le fait qu'il était le donneur d'ordres qui, sous n'importe quel prétexte ne devait pas laisser les autres agir à sa place. L'ancien régisseur que tout le monde veut considérer comme une colombe a fait preuve de laxisme car, il ne pouvait ignorer qu'on ne gère pas Abah Abah, Atangana Mebara ou Fotso comme on le fait avec de vulgaires malfrats anonymes.
Maladresses
Dans l'affaire Atangana Mebara, le régisseur aurait fait preuve de faute lourde en remettant la photocopie d'un document considéré comme décision de sa mise en liberté après son acquittement partiel au tribunal. Une fois détenteur de la photocopie de cette décision l'ancien secrétaire général de la présidence de la république aurait mis ses avocats et lobbies de soutien à contribution pour déplorer ce document qui faisait état de sa libération le 04 Mai 2012, vraisemblablement signée le 03 Mai, n'était pas respectée.
Il ne manquait donc plus que ses avocats utilisent le fameux document pour attaquer l'Etat en justice. Atangana Mebara se considère donc aujourd'hui comme un prisonnier politique par le seul fait qu'il détienne la photocopie d'une décision de sa libération non exécutée.
Machine à broyer
Le fauteuil du régisseur de la prison centrale est éjectable. En l'espace de 05 ans, on a vu défiler Pogmoni, Simo, Nkemanda, Mbock, Tiwa et Ndjeng. Le poste ne met pas ses détenus à l'abri des tentations qui sont par ailleurs grandes. La concentration des prisonniers de luxe dans ce pénitencier pour des raisons occultes tient de l'absurde quand on sait qu'à moins de 200m de là, se trouve la prison principale qui offre des conditions de détention sécurisantes. Le successeur de monsieur Ndjeng échappera t-il au triste sort de ses prédécesseurs? Là est la question. Il a tout de même la chance de connaître où il met ses pieds.