Primes des casques bleus : Désaccord entre le Cameroun et l’Union africaine
L’organisation panafricaine ne reconnaît pas la somme de six milliards évoquée par le Mincom. Le sérail en ébullition.
Ça chauffe entre l’Union africaine (U.A) et le Cameroun ! Suite au mouvement d’humeur des casques bleus camerounais mercredi dernier et au point de presse du Mincom, dans la foulée, l’Union africaine n’est pas restée de marbre. Approchée hier par Radio France Internationale (Rfi), le commissaire paix et sécurité de l’U.A, Smail Chergui, s’est voulu clair : « Ce n’est pas une question de manque d’argent ou de mauvaise volonté, mais nous devons absolument satisfaire à des impératifs d’écriture comptable.
Si les écritures ne sont pas conformes aux règles et statuts [de l’U.A, ndlr], cet argent ne peut pas être transféré. Mais encore une fois, je voudrais tranquilliser tous ces militaires que l’argent existe, mais qu’il sera payé dans les prochains jours, une fois que nous aurons levé cette question d’écriture comptable ».
Le commissaire de l’U.A poursuit : « Le gouvernement camerounais n’est pas responsable, au contraire. Nous avons été à plusieurs reprises contactés par les membres du gouvernement. Et moi-même j’ai reçu il y a une semaine le ministre délégué à la Défense qui est venu jusqu’à Addis-Abeba pour me parler de cette question. Et d’ailleurs je profite pour dire que ce ne sont pas seulement les soldats camerounais qui sont concernés, mais également leurs collègues gabonais ».
En fait d’ « écriture comptable », il faut comprendre que l’Union africaine n’est pas d’accord avec la somme de six milliards Fcfa avancée par le gouvernement camerounais. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o est rentré « bredouille » de sa mission d’Addis-Abeba, du 30 août au 2 septembre 2015. La sortie hier du ministre de la Communication (Mincom) n’a pas arrangé les choses. L’évocation de la somme de six milliards, alors que l’Union africaine ne reconnaîtrait qu’environ un milliard Fcfa, a jeté de l’huile sur le feu. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans l’édition d’hier de Cameroon tribune, le propos liminaire de Issa Tchiroma Bakary, publié en page 2, a été amputé du montant des arriérés des casques bleus camerounais de retour de Centrafrique, sur instruction de la présidence de la République, très probablement du secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh.
Mais, à la Une du journal, la mention de la somme querellée (sans doute communiquée au Mincom par les services du ministère de la Défense) à suscité l’ire de la présidence de la République. Cette « méprise » est d’ailleurs prise très au sérieux en haut lieu. Hier, autour de 15h, le ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo a reçu en audience le représentant de l’Union africaine au Cameroun, Jean Gérard Mezui M’Ella. Principal point à l’ordre du jour : le paiement des arriérés de soldes des militaires camerounais. Suffisant pour la Crtv-radio de titrer au journal de 17h que «l’Union africaine fait son mea culpa ». Un triomphalisme qui laisse songeur.
Aux dernières nouvelles, le vent de la revendication des militaires camerounais de retour de Rca pourrait même souffler au-delà de l’Union africaine. En effet, les 1300 soldats en colère réclameraient également « six mois de primes comme casques bleus ». Autrement dit, le gouvernement camerounais et les Nations unies pourraient être interpellés sur cette autre patate chaude. Même si sur ce point, le principe onusien est limpide : la rémunération des militaires est prise en charge par les gouvernements dont ils relèvent, selon leur grade dans les forces nationales et selon le barème de rémunération applicable. Les pays qui fournissent volontairement des contingents aux opérations de maintien de la paix sont remboursés des coûts par l’Onu sur la base d’un taux standard approuvé par l’Assemblée générale des Nations unies. Ce taux est de 1332 dollars par soldat et par mois. Il sera revu à la hausse à partir du 1er juillet 2016.