En ordonnant une contre-enquête sur l’affaire Michel Thierry Atangana, le chef de l’Etat camerounais, sous le feu nourri des pressions hexagonales, semble avoir ouvert la voie à une issue favorable des ennuis judiciaires du franco-camerounais.
Une lueur d’espoir est-elle permise pour celui que le journal français L’Express a baptisé « le Français oublié de Yaoundé » ? L’on est tenté de répondre par l’affirmative au regard des derniers rebondissements dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Michel Thierry Atangana.
Contre-enquête
En effet, selon le quotidien camerounais Mutations du 18 février 2013, le président de la République Paul Biya a ordonné le 30 octobre 2012 au délégué général à la Sureté nationale (le patron de la police), Martin Mbarga Nguelé, une enquête sur la gestion des fonds alloués au Comité de pilotage et de suivi des travaux routiers (Copisur), une structure créé par Paul Biya au lendemain de la présidentielle de 1992.
De cette enquête bouclée 2 mois plus tard, il ressort qu’en perspective de la mise oeuvre d’un important projet routier en début des années 1990, l’expert-financier et président du Copisur, Michel Thierry Atangana avait, grâce à un mécanisme financier, convaincu des entreprises françaises de mobiliser des financements à cet effet : « En contrepartie de ces financements, l’Etat camerounais se devait de consentir d’importants avantages fiscaux et douaniers », écrit Mbarga Nguelé.
Le courrier du délégué à la Sureté indique par ailleurs que la taxe spéciale sur les produits pétroliers qu’on a accusé Thierry Atangana d’avoir injustement reversé aux entreprises françaises (ce qui lui a valu une condamnation) était prévue dans la convention signée entre l’Etat camerounais et un consortium d’entreprises françaises (Dumez, Jean Lefebvre, France Telecom, Socamat). De quoi disculper Michel Thierry Atangana, incarcéré au secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) depuis 1997 pour malversations financières.
Paul Biya cède à la pression
Tout porte à croire, à travers cette enquête, que Paul Biya aurait cédé à la pression des autorités françaises. Puisque l’instruction donnée au patron de la police le 30 octobre dernier intervient quelques semaines après la réaction du gouvernement français suite à la condamnation de Michel Thierry Atangana à 20 ans de prison ferme et quelques mois avant la visite de Paul Biya en France.
Risque de discréditer la justice
Chose promise chose due. Puisque lors de l’entretien entre Paul Biya et François le 30 janvier dernier à l’Elysée, lors de la visite de travail du chef de l’exécutif camerounais en France, le cas du franco-camerounais Michel Thierry Atangana a été évoqué.