Présidentielle en Afrique : Rajoelina dit niet pour la bonne cause. Si cela pouvait servir de leçon aux Biya, Sassou,Mugabé ?

Idriss Deby Kabila:Camer.beAndry Rajoelina et Marc Ravalomanana sont out de la course à la présidentielle de mai 2013. une décision quasi rare en Afrique, surtout quand on sait que tous nos dirigeants n'ont pour objectifs que de mourir au pouvoir. Après l’ex-président Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina, le président de la Transition malgache, a annoncé qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle de mai 2013.Et si Biya au Cameroun, Mugabé au Zimbabwé, Sassou au Congo Brazza pouvaient suivre l'exemple de ce jeune de 38 ans.... Que nenni

Ce n’est peut-être pas normal que l’on s’extasie en Afrique lorsqu’un président en place annonce son intention de laisser le pouvoir pour l'intérêt supérieur de son peuple. En Afrique, certains chefs d'Etat, même venus au pouvoir de façon démocratique et pleins de vertus et de bonnes intentions finissent par y prendre goût et il est rare de les voir quitter aussi facilement le pouvoir. Des Nelson Mandela, Alpha Omar Konare ...
A Madagascar, la grande île de l'océan indien, dans  une allocution radiotélévisée, Andry Rajoelina a jeté l’éponge pour «contribuer au règlement pacifique» de la crise politique qui dure depuis 2009 sur la Grande Ile. «Je préfère me sacrifier plutôt que de sacrifier les 22 millions de Malgaches», a déclaré Rajoelina à ses concitoyens.

Malgré tout, on peut pousser un ouf de soulagement et se réjouir de cette décision du président de la Transition, car il n’est jamais tard pour bien faire, même si on aurait bien aimé voir ce sacrifice accompli beaucoup plus tôt.

Avec Ravalomanana et Rajoelina out, les gages d’une élection présidentielle apaisée sont en train d’être réunis. Les deux grands rivaux de la Grande Ile ont donc tous été visités par la voix de la sagesse, et tant mieux, c’est Madagascar qui gagne. Ces actes sont louables, car, ailleurs, on assiste à un spectacle pitoyable avec des leaders qui s’étripent, chacun tirant la couverture à lui si bien qu’au bout, c’est le pays qui est à terre.

Une chose est sûre : le geste d’Andry Rajoelina est suffisamment rare en Afrique pour ne pas être signalé, car ça doit être la première fois sous nos tristes tropiques qu’un chef d’Etat s’oublie, se sacrifie en ne s’accrochant pas au pouvoir.
 
Ce message est-il bien suivi au Cameroun ?

Quand Paul Biya déclarait en 2004 «je vous donne rendez-vous dans 20 ans», les gens n'avaient pas compris ce qu'il avait dit. Il voulait dire tout simplement qu'il va rester en poste tant que sa santé ou son âge avancé le lui permettront jusqu'en 2024. Avec cette logique, il est donc fort probable que le chef de l'Etat camerounais se présente à l'élection présidentielle de 2018 à l'âge de 85 ans. C'est possible, ce d'autant plus que le président Zimbabwéen, Robert Mugabé a 89 ans bien sonnés mais il a encore bon pied bon œil

Au Cameroun, Paul Biya, doit mourir au pouvoir». Dans son Eldorado d’égoïste  tout est si parfait qu’à France 24 qui l’interrogeait il y a de cela quelques temps sur ses échecs éventuels, il a répondu sans sourciller : «J’ai fait plus et mieux que ce que je devais» ! Pendant ce temps, les populations subissent les coupures d'électricité, le manque d'eau potable, l'insécurité, la hausse des prix semble échapper à tout contrôle, défier toute logique, nos routes sont devenus des terribles mouroirs, le choléra bat son plein en plein 21è siècle au Cameroun...

Au Congo Brazzaville, le Général d’armée, Denis Sassou Nguesso a réussi à faire main basse sur le paysage politique du Congo. En utilisant la seule usure du temps : tous ses opposants se sont ralliés un par un sauf quelques irréductibles qui comptent dans les doigts d’une main, dans une diaspora, dont le combat politique se réduit à rédiger des articles incendiaires sur le régime sur internet. Les moyens financiers ne suivent plus. Ils se sont évaporés au fil des ans. Depuis la dernière élection présidentielle (2009) contestée et remportée par Sassou comme une lettre à la poste, ce dernier ne compte pas de sitôt quitter le pouvoir. Tout semble plausible pour lui de se représenter à sa propre succession en 2016

En Algérie, Abdel Aziz Bouteflika est devenu ministre en 1962 quand Barack Obama des USA était âgé de 11 mois.

De tous ces prédécesseurs, Bouteflika est celui qui a passé le plus de temps à la présidence. Ben Bella a été destitué à l’âge de 49 ans, Boumediene est mort à 46 ans, Chadli a quitté le pouvoir à 63 ans, Mohamed Boudiaf a été assassiné à 73 ans, Liamine Zeroual a démissionné alors qu’il avait 57 ans. Bouteflika est encore président à 75 ans.

Mouammar Kadhafi est resté au pouvoir pendant 42 ans avant d'être assassiné froidement par les forces occidentales. Chez lui, on ne parlait pas d'élection. Il se disait "guide de la révolution". Certains chefs d'Etat Africains aimaient bien l'appeler "le Guide" tout court, comme s'ils étaient eux-mêmes Libyens. En Libye, Kadhafi voulait demeurer président à vie. Mal lui en a pris

Au Tchad, la démocratie n'est plus à l'ordre du jour, renvoyée aux calendes grecques. Déby s'accroche lui aussi. Il a modifié la constitution en 2005 pour être président à vie. Son seul adversaire est la mort. Inutile d'organiser des élections dans ce pays, quand on connaît le gagnant à l'avance.
Le Niger : il a fallu un coup d'Etat pour renverser Mamadou Tandja. Il a usé de tous les moyens pour s'accrocher.

Au Burkina Faso : Blaise Compaoré est à la tête du Burkina Faso depuis 1987, remportant les élections à plus de 80 % des voix dès le premier tour. Il s'accroche. Il mourra au pouvoir.

Une autre originalité en Afrique, il ya aussi des familles qui s'accrochent au pouvoir. Au Congo RDC, après l'assassinat de Kabila père, c'est Kabila fils qui a pris le pouvoir. Au Togo, après la mort d'Eyadéma, c'est son fils qui s'est imposé comme nouveau président à vie avec la complicité des puissances occidentales. Le Gabon : après la mort d'Oumar Bongo après 32 ans de règne, c'est son fils qui prend les affaires en main après des élections frauduleuses.

En ce  21ème siècle, n’en déplaise aux propagandistes des octogénaires qui sont au pouvoir en Afrique....Les grands dirigeants du monde ont tous, actuellement, la cinquantaine: Barack Obama, président de la première puissance mondiale; François Hollande,  dirigeant de la cinquième puissance mondiale ; Angela Merkel, chancelière d’Allemagne, etc. Paul Biya du Cameroun, lui-même, en accédant au pouvoir, n’avait que 49 ans. Actuellement, il en a … 80 ! C’est beaucoup trop.

© Camer.be : Y.T


17/01/2013
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