Présidentielle 2018 : les manœuvres mensongères d’un cabinet américain pro-biyaiste

Source: Camer.Be 19 septembre 2018

 

  • lavoixdukoat.com : Serge Aimé BIKOI
  • mercredi 19 septembre 2018 09:18:00

Les résultats du sondage de Ennovative Solutions rendus public de manière soporifique, coercitive et prescriptive par onze journaux participent d’une grossière manipulation et d’un grossier mensonge orchestrés par un cabinet basé aux Etats-Unis. A quelques semaines de la tenue de l’élection présidentielle 2018, une agitation a droit de cité depuis quelques jours dans l’agora. Selon Ennovative Solutions Inc 9494, le président sortant devrait remporter la présidentielle avec 81% de voix contre 7% pour Joshua Osih, 5% pour Maurice Kamto. Le 4ème, dans le classement de cet organe, est Cabral Libii Li Ngué du parti Univers, qui est crédité de 2,25% contre 2% au profit de Garga Haman Adji de l’Alliance pour la démocratie et le développement (Add). Viennent ensuite Adamou Ndam Njoya de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) avec 1,43%; Akere Muna du Front populaire pour le développement (Fpd) avec 1,25%; Frankline Ndifor Afanwi du Mouvement citoyen national camerounais (Mcnc) avec 0,8% et Serge Espoir Matomba, candidat du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs) avec 0,00%.

 

Méthodologie biaisée

Quels que soient les chiffres et les pourcentages publiés par le cabinet américain Ennovative Solutions Inc 9494 South West Ste 410 Houston Texas 770744 sa, il y a un questionnement autour de la méthodologie du travail de recherche fourni. Eu égard aux statistiques présentées supra, lesquelles accordent les faveurs à Paul Biya, des questions éminemment scientifiques méritent d’être formulées:

  1. Quelle est la méthode d’échantillonnage choisie par cet organe? Et pourquoi?
  2. S’agit-il de la méthode d’échantillonnage probabiliste ou, a contrario, de la technique d’échantillonnage non-probabiliste?
  3. Quel est le type d’échantillon correspondant à chaque méthode d’échantillonnage ciblée au préalable?
  4. S’il s’agit de l’échantillonnage probabiliste, autrement appelé échantillonnage aléatoire ou échantillonnage au hasard, quelle est la base de sondage de cette étude?
  5. S’il est question, à la différence, de l’échantillonnage non-probabiliste, quelles sont les raisons du choix d’une telle technique?
  6. Quelles sont, en outre, les variables indépendantes présidant à la constitution de l’échantillon de la population d’étude?
  7. Les résultats chiffrés publiés sont-ils généralisables à l’ensemble de la population mère?
  8. Sont-ils représentatifs à la population de base?

    Escroquerie politique

Telles sont les questions basiques qui méritent d’être posées lorsque les enquêtes par sondage sont faites, l’enjeu étant de savoir si la méthodologie de l’administration dudit sondage a été bien menée. Mener une enquête par sondage d’opinion comme le prétend ce cabinet américain, lequel postule l’argument suivant lequel ses enquêteurs ont séjourné, pendant plusieurs mois, au Cameroun, est-il un déterminant susceptible d’accorder une certaine crédibilité et une certaine légitimité à cette étude? Où l’enquête a-t-elle été menée? Sur une population-mère de combien de personnes? Dans quels quartiers les enquêtes ont-elles été réalisées? Dans les quartiers populaires, quartiers moyens ou, à la différence, dans les quartiers résidentiels? L’étude réalisée qui ne fournit aucun indicateur de réponse à ce questionnement épistémologique ressemble, à s’y méprendre, à une forme d’escroquerie politique, à une stratégie de manipulation de l’opinion publique et à une enquête en commandite biaisée autant dans la forme, sur le fond que sur la méthodologie puisqu’elle est, au demeurant, dénuée de toute scienticité. Ennovative Solutions Inc est, en réalité, un cabinet américain qui ne rassure guère sur la démarche technique utilisée pour rendre public une étude d’un tel acabit. En réalité, des études crédibles et fiables méritent d’être faites avec une méthodologie plus affinée exempte de biais épistémologiques et de questions et d’interrogations susceptibles de mettre sur la sellette l’ossature de la procédure mise à contribution.

 

Contenu des indicateurs qualitatifs de ce « sondage » d’opinion

 

D’après cette « étude » de Ennovative Solutions, l’enquête repose sur le postulat selon lequel le Cameroun est un pays avec un électorat conservateur, qui est également stable. « Si l’analyse est menée correctement et objectivement, relèvent Marinus Atanga, les résultats des sondages d’opinion ne changent pratiquement jamais et reflètent la réalité sur le terrain ». Partant donc de ce postulat stéréotypé parce que fondé sur les a priori nés de la construction des fiefs dits naturels dans certaines communautés, le concepteur de la présente étude précise: « Le plus grand électorat au Cameroun, peu importe l’élection, est localisé dans le fief septentrional: le Nord, l’Extrême-Nord et l’Adamaoua« . Cette « enquête » postule donc la thèse suivant laquelle celui qui remporte les votes dans le septentrion est certain d’être élu. Et Marinus Atanga de conclure: « Depuis 1997, P. Biya a toujours visité es régions septentrionales pendant les campagnes. C’est pourquoi, poursuit Atanga, ces trois régions sont des bastions du Rdpc.’’ Le contrôle de l’électorat du septentrion donne, précise un acteur sociopolitique, 45% du total des votes valablement exprimés. Atanga pense, de surcroît, que les partis politiques qui contrôlent plus de 98% de l’électorat ont fait une coalition pour voter en faveur du Rdpc, à savoir l’Undp, l’Andp et le Fsnc.

 

D’abord, le sondage de Ennovative Solutions table sur les permanences. Or, à un moment donné de l’évolution actionnaliste, historiciste et dynamiste de la société, il y a des ruptures dont il faut tenir compte. Actuellement, dans l’Extrême-Nord, l’on note la percée du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) avec la concurrence qu’oppose Mamadou Mota, 1er vice-président national du Mrc à Cavaye Yeguié Djibril, député du Mayo Sava. Il est possible qu’il y ait rupture et, singulièrement, une reconfiguration de l’espace politique à la faveur de la captation des suffrages par le parti de Kamto. Si antérieurement, Cavaye Yeguié avait l’apanage de la majorité sociologique et psychologique dans la région de l’Extrême-Nord, aujourd’hui, Mamadou Mota, adoubé de sa stature de 1er vice-président du Mrc, à la dernière convention dudit parti politique, est engagé dans un travail de conquêtes des militants de la base. Ce jeune homme politique fait frémir le camp adverse et est susceptible de remodeler et de redéfinir l’espace public.

 

Faiblesse épistémologique

Si l’Extrême-Nord était alors appréhendé comme un fief dit naturel au Rdpc, il s’agit de constater que le Mrc est susceptible de contrebalancer les proportions jadis acquises au parti du flambeau ardent. Mamadou et ses pairs sont donc susceptibles de faire main basse sur le parti au pouvoir au regard de leur capacité de mobilisation. C’est non sans pertinence les « vandales » enclins aux méthodes anachroniques. L'information claire et nette. Le Rdpc, visiblement, n’a donc qu’à bien se tenir -. En tenant exclusivement compte des permanences, l’étude de Marinus Atanga présente une insuffisance et est biaisée puisque le champ politique peut connaître, à temps et à contretemps, des ruptures. Toute chose susceptible d’aboutir, in fine, à la reconfiguration de l’échiquier politique. Autant le phénomène des ruptures est expérimenté dans l’Extrême-Nord, où le Mrc est dans une dynamique de quête d’un capital de suffrages vu le degré d’implantation de ce parti. Il est donc possible que certains aient envie de susciter ce dynamisme dans les zones afin que la re-configuration de cet espace politique soit aussi une réalité dans d’autres régions camerounaises.

 

En considérant Cabral Libii Li Ngué, Akere Muna, Afanwi Frankline Ndifor et Serge Espoir Matomba comme des candidats nouveaux, qui ne sont pas connus du grand public et contrôlent moins de 6% de l’électorat national selon l’imaginaire de Marinus Atanga, cette « étude » démontre, une fois encore, sa faiblesse épistémologique parce que reposant sur des affects. En appréhendant ses leaders politiques comme ceux qui construisent leur notoriété dans les débats publics sur l’antenne des radios et télévisions locales et sur les réseaux sociaux, l’initiateur de cette « étude » pèche du point de vue de la perception sociale desdits acteurs. Certes, trois parmi les quatre sont jeunes leaders, dont l’un est un élu local. S. E. Matomba, visiblement Atanga ne le sait pas, est conseiller municipal dans la commune d’arrondissement de Douala IIème depuis le scrutin législatif et municipal de 2013. Nanti de cette stature de conseiller municipal, Matomba jouit d’une certaine légitimité politique. N’est pas élu local qui veut, mais qui peut! Attribuer 0% à cet élu local dans les résultats de ce « sondage » est absurde et insensé pour celui qui prétend connaître le champ politique.



19/09/2018
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