Présidentielle 2011: Voici comment Bello Bouba a fait chanter Paul Biya
YAOUNDE - 05 SEPT. 2011
© Nadine Bella | La Météo
En complicité avec les radicaux de son bureau politique, le président de l'Undp a fait monter la pression autour de sa candidature. Suffisant, pour que le candidat du Rdpc revisse à la hausse les termes de la plate-forme qui lie les deux partis.
© Nadine Bella | La Météo
En complicité avec les radicaux de son bureau politique, le président de l'Undp a fait monter la pression autour de sa candidature. Suffisant, pour que le candidat du Rdpc revisse à la hausse les termes de la plate-forme qui lie les deux partis.
"Arrêtez moi, ou je fais un malheur ".
Bello Bouba a joué à cette grossière farce, et a gagné. Devant les
caméras, le Rdpc l'a prié de ne pas ''faire'' un malheur en sortant de
la majorité présidentielle. Conséquence, dimanche dernier à la fermeture
des bureaux d'Elecam à Yaoundé, le parti du ministre d'Etat, ministre
des Transports n'a pas déposé de dossier de candidature à la
présidentielle du 09 octobre prochain. L'Undp n'en a investit aucun. Son
candidat ''naturel'', Bello Bouba Maïgari s'est désisté en faveur de
Paul Biya, candidat du Rdpc. Rebelote donc, puisqu'il avait appelé en
1997 et en 2004 à voter pour le candidat au pouvoir. Mais à la
différence des scrutins antérieurs, cette fois le président de l'Undp en
a fait des siennes. Contraignant ses amis du Rdpc à lui tourner à
nouveau autour.
Son ''ralliement'' aurait été obtenu, nous apprend-on, moyennant de fermes promesses de reconduction de sa personne au gouvernement en cas de réélection de Paul Biya, et de l'élargissement du nombre de ministres Undp au gouvernement ou à la mangeoire, comme aiment à railler les Camerounais. Ces assurances lui auraient été apportées samedi dernier par des ténors du Rdpc, dépêchés dit-on, par Paul Biya himself. René Sadi et Grégoire Owona, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du Rdpc, se sont invités aux assisses de l'Undp à Yaoundé. Leur mission : demander à l'allié en chéchia de "soutenir le candidat de la majorité". Comment en est on arrive là ? Au commencement était le sketch du bureau politique. Loin d'avoir l'agilité d'un sphinx politique, Bello Bouba a tout d'un lâche, qui se contenterait bien de la portion congrue, quand bien même la conquête de la totalité du pouvoir est à portée d'urne. Le longiligne peulh n'a jamais eu de courage pour dénoncer de sa propre bouche, le bilan du pacte politique entre l'Undp et le Rdpc. Conscient qu'il ne pouvait en profiter seul pendant longtemps des retombées ministérielles, le vrai faux fils spirituel d'Ahmadou Ahidjo a écrit le scénario d'une révolte de l'intérieur, face à laquelle lui, il serait impuissant. Et, le Rdpc grand perdant d'un allié inoffensif certes, mais stratégique tout de même. Réunis à Yaoundé le 24 août, les membres du bureau politique ont tapageusement enjoint leur président de se porter candidat à l'élection d'octobre. Pour cause, la plateforme Rdpc-Undp est "un marché de dupes". Bello Bouba, tout en édulcorant les termes du communiqué final, n'en a pas moins joué les otages consentants. Etrangement frileuse, la hiérarchie du Rdpc s'est précipitée "à ses pieds". Que craignait-elle ? L'Undp : Quelle menace ? S'il est un fait sur lequel les politologues sont unanimes, c'est la perte d'agressivité de l'Undp et la grosse désaffection que suscite son président au sein de l'opinion nationale. Une candidature de Bello Bouba n'aurait pas le moins du monde compromis la (probable) réélection de Paul Biya, pensent-ils. Autant les observateurs politiques sont ahuris, autant les militants du Rdpc n'en reviennent pas du grand intérêt que leur président national attache à un ex opposant sans envergure national. Et sans véritable assisse populaire dans son Nord natal. ''Même au ministère des Transports, il est loin d'être aimé. Ses décisions malencontreuses sont en déphasage avec les réalités du terrain et néfastes pour l'économie nationale. Faudrait pas compter sur lui pour ralentir les hécatombes sur nos routes. Faudrait pas compter sur lui pour faire avancer quoi que ce soit. J'ai peine à croire que c'est avec ce bras cassé que Biya va inaugurer son prochain septennat'', s'est emporté dimanche un militant du Rdpc. ''Et si toute la démarche du Rdpc n'était qu'un baiser de Juda ?'', a malicieusement interrogé un autre militant. En politique tout est possible… |
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