Elles sont désormais trois à briguer la magistrature suprême dans un environnement politique qui ne leur est par toujours favorable.Le 12 mai dernier, Esther Dang Bayibidio, transfuge du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a décidé d’affronter le président Paul Biya, par ailleurs président national du Rdpc, lors de la présidentielle d’octobre prochain. Ce 12 mai, l’ancienne directrice générale de la Société nationale d’investissements (Sni), a déposé, auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avec copie au directeur général d’Elections Cameroon (Elecam) et au président de la Cour suprême agissant comme Conseil constitutionnel, sa candidature pour la prochaine élection présidentielle.
Cette dame de 65 ans, adosse sa candidature sur les maux dont souffre le Cameroun, selon elle : «L’extrême pauvreté, le sous emploi structurel et le chômage chronique de nos enfants, la famine, la soif, l’insécurité à tous les niveaux et dans tous les domaines, les maladies de la saleté qui tuent tant tous les jours associées à la malnutrition et aux nombreux problèmes de santé publique, la vie vraiment chère, tous ces maux qui frappent durement les 4/5e des citoyens camerounais», disait-elle dans une interview accordée à Mutations.
Cette candidature vient quelques semaines après celle de Kah Walla, ancienne militante du Sdf investie par le Cameroon people’s party (Cpp), une formation politique d’obédience sociale-démocrate née à la faveur du retour au multipartisme au début des années 1990 au Cameroun. Ses pères fondateurs sont Tita Samuel Fon, Fonki Asah Jefferson David, Baba Mathias Mchiaji, Maurice Nya, entre autres.
Agée de 46 ans, la candidate du Cpp est entrée en politique en 2007 à la faveur des élections législatives et municipales d’où elle sortira avec un mandat de conseillère municipale de Douala 1er, Kah Walla est l’un des premiers responsables de l’opposition à déclarer sa candidature à la Présidentielle de 2011.
Avancée
La présidente de la Dynamique conquérante des indomptables du Cameroun
(Dclic), un parti créé le 8 mars de cette année, a fait l’annonce devant
les médias vendredi 1er juillet. Jusque-là inconnue au bataillon,
Lamartine Tchana reste toutefois enthousiaste et optimiste. Dans son
projet social, elle veut lutter contre les formes de violence physique
et morale que subissent les femmes. Elle veut aussi bannir toute forme
de discrimination entre les Camerounais pour enfin instaurer un dialogue
citoyen qui fasse la promotion des droits et libertés de tous les
Camerounais.
Une sortie qui ne laisse pas indifférents les responsables de diverses
associations de promotion des droits des femmes, à l’instar du réseau
More Women in Politics. Pour Justine Diffo la présidente de cette
association, ces candidatures sont des éléments positifs pour
l’émergence des femmes au Cameroun.
Toutefois, pense-t-elle : «Cela ne va pas de soi,
dans la mesure où la majorité des femmes entretiennent encore une
relation assez ambiguë avec le pouvoir. Très souvent, le plafond de
verre qui freine l’ascension politique des femmes se trouve dans leur
tête. Ces candidatures permettront justement d’évaluer l’éveil de la
conscience participative des femmes. C’est pour nous une avancée
psychologique considérable», pense-t-elle.
Pour Georges Mboé, psychologue des organisations, ces candidatures ne
doivent cependant pas tromper sur l’implication de la femme dans la
prise de décision au Cameroun. Selon lui en effet : «Si le critère
statistique quantitatif est convoqué pour ce qui est la représentativité
des femmes, elles n’ont pas de place dans la prise de décisions. En
dépit des assurances du président Paul Biya qui affirmait qu’il
s’«engage à faire de l’égalité entre les droits de l’homme et des droits
de la femme une réalité», la réalité des chiffres sur le terrain laisse
songeur».
Selon certaines statistiques en effet, au Cameroun, on compte tout juste six femmes ministres sur la trentaine en poste, six autres sont directeurs générales d’entreprises publiques, contre une seule ambassadrice, 25 femmes députés sur 180 et seulement 23 maires sur 339 au total. C’est dire que le chemin à parcourir reste encore bien long.