Présidentielle 2011 :Les potentiels candidats du SDF

Présidentielle 2011 :Les potentiels candidats du SDF

Logo SDF:Camer.beLa participation du SDF à la prochaine élection présidentielle ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Le fait que le dernier comité exécutif national qui s’est tenu il y a deux semaines ait décidé, contre toute attente d’appeler les Camerounais en âge de voter à aller massivement s’inscrire sur les listes électorales, est le signal que ce parti est désormais sur les starting-blocks de la présidentielle prochaine au Cameroun. Mais le congrès électif qui devait se tenir depuis un an pour renouveler les organes dirigeants du parti et surtout choisir son porte-étendard à l’élection présidentielle, a été plusieurs fois annoncé et reporté et est finalement devenu un serpent de mer.Mais des voix dans cette formation politique s’élèvent de plus en plus, comme pour coller à une vision très partagée sur le territoire national et au-delà, que le président national qui est au poste depuis deux décennies, devrait céder la place à plus jeune. Un débat qui n’a pas cependant cours officiellement dans les réunions du comité exécutif national. Mais entre temps, que d’impatients ! Alors que la chose est désormais certaine : « Lorsque le corps électoral sera convoqué, un congrès extraordinaire du parti aura lieu pour la désignation du candidat, si ce n’est avant »,  réaffirme un cadre de la direction du parti. Une lapalissade en fait. Qui sera donc cet oiseau rare du principal parti de l’opposition camerounaise à la présidentielle de 2011 ? Les quelques candidats qui se sont déclarés ces derniers temps au moment où les choses semblent se précipiter provoquent une certaine effervescence. Ambiance.

Ni John Fru Ndi, le guerrier vaillant

Ni John Fru Ndi est né le 7 juillet 1941 à Bamenda, région  du Nord-Ouest. Il est le fondateur et dirigeant du Social Democratic Front (SDF). Il a été candidat aux élections présidentielles de 1992 et 2004. Ses concitoyens l'ont surnommé le Chairman en référence au titre anglophone de président de son parti. Le très charismatique Chairman, homme courageux et « guerrier vaillant » reste un phénomène au Cameroun. C’est du reste l’image que nombre de ses détracteurs ont perdue de lui. L’homme du bas peuple manque pourtant de finesse et de diplomatie, ce qui lui ferra commettre ses premières fautes politiques sans que le peuple s’en rende compte à temps : il étale sur « la place du marché » son intransigeance avec Paris qui a fait du Cameroun sa chasse gardée avec pour conséquence le premier coup d’état électoral en 1992. Le slogan « Power to The People » va alors perdre progressivement sa dimension substantielle au fur et à mesure que le « leader anglophone » du SDF se ferme aux conseils des cadres de son parti qui tentent en vain de colmater les fissures de son mouvement. Mais loin de prêter une attention quelconque à ces têtes pensantes, l’homme qui sort « de la brousse », pour reprendre le professeur Hogbe Nlend, exclut tous ses contradicteurs sur la base de l’article 8.2 des statuts de son parti, devenu une véritable guillotine.  En 2011, cet homme qui reste l’unique président que son parti ait connu depuis qu’il existe, tient encore fermement les rênes. Et conserve une influence certaine sur l’essentiel de ses cadres. Comme Paul Biya au Rdpc, il est encore le seul à permettre que les choses bougent dans son parti.

Jean-Michel Nintcheu, jamais à court d’idées

C’est en janvier 91 qu’il entre dans l’arène politique. Il crée alors le comité pour la libération de Njawé-Monga qui se transformera très vite en « Cap liberté ». Il anime les fameuses « villes mortes » jusqu’à la dissolution de Cap Liberté un an plus tard au profit du Rassemblement pour la République, plus connu sous le vocable de Rap. Jean Michel Nintcheu devient le directeur de campagne du candidat Fru Ndi pour le Littoral dans le cadre de l’Arc-Cns. L’imprimeur est au four et au moulin. Après les résultats controversés de l’élection présidentielle de 92, son imprimerie est incendiée. De guerre lasse, il est dans la rue, nommé président du comité de suivi du plan d’action de l’Union pour le changement. Fidèle du leader du Sdf, c’est dit-il, à son corps défendant qu’il est cité comme le candidat en faveur de qui  le consensus pourrait se faire, dans le cas ou Fru Ndi ne souhaiterait pas entrer dans la compétition présidentielle. Tard venu au Sdf par rapport aux débuts mouvementés de ce parti, les faits d’armes plaident pour celui qui dirige la plus importante province Sdf du pays.  Désigné par les forces de l’ordre comme « dangereux », il fusionne son parti, le Rap, avec le Sdf et le Cpc du regretté Djoumbi Sango en 1996. Un an plus tard, il est nommé vice-président national du Sdf. En 2002, on retrouve JM Nintcheu tête de liste et mandataire du Sdf aux élections couplées à Wouri 5. Il entre à l’assemblée nationale 5 ans plus tard comme député de Wouri Est. Jusqu’où ira t-il ? Entre l’animation du front du non à la modification de la constitution et la création de la fondation des martyrs, celui qui aura connu plusieurs dizaines d’arrestations, n’est jamais à court d’idées pour l’avènement d’une société plus juste.

Célestin Djamen, le téméraire

Ce téméraire militant de France est le premier, il y a au moins un an, à proclamer haut et fort son intention de briguer le fauteuil du président de la République du Cameroun. Directement. Il a cru devoir marquer l’opinion publique, notamment par cette plainte qu’il a portée contre le président Paul Biya il y a quelques mois devant les tribunaux de Paris « Pour biens mal acquis ». Depuis lors, il a presque élu domicile au pays. Pour se conformer à loi sur la résidence permanente et continue sur le territoire national. Les textes du Sdf sont clairs. Pour porter l’étendard du parti, il faut se battre au cours des primaires avec celui qui est vissé sur ce fauteuil depuis sa création, Ni John Fru Ndi. Lequel entretient le plus grand mystère sur ses intentions présidentielles, même comme d’aucuns sont certains qu’il est plus que jamais partant. Pendant tout ce temps, Célestin Djamen a mené passablement une campagne autour de sa candidature. Le chairman est resté de marbre. Rendez-vous au congrès pour tous les prétendants. C’est en 1998 qu’il adhère au Sdf en France où il a occupé plusieurs fonctions avant que cette circonscription ne commence à battre de l’aille.

Honorable Nchinda Fobi, l’architecte

L’honorable Fobi Nchinda Simon est architecte de métier. Rentré au Cameroun en 1975 après une formation de neuf ans aux Etats-Unis, il est à l’origine de plusieurs projets d’envergure comme : l’hôpital général de Douala, le centre des affaires maritimes, l’hôtel Hilton, le Crédit foncier, le camp Sic Mendong et bien d’autres. Militant de la première heure au sein du Sdf, il faisait partie du « Think Thank » du parti sous la direction de Sengat Kuo. C’est en 2006 qu’il décide de sortir des rangs pour affronter ses électeurs. En 2007, il devient député et vice-président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Il  est de ceux qui pensent que pour donner une chance au Sdf de faire de bons scores à l’élection de cette année, « Fru Ndi ne doit plus porter les couleurs du parti ». Dans cette optique, cet autre prétendant  essaie depuis plusieurs mois de convaincre les délégués appelés à voter le candidat du SDF lors du congrès extraordinaire. Une lettre  a été adressée au chairman dans ce sens par, dit-on, l’honorable Fobi. Dans ce document de plusieurs pages dont nous avons pu avoir connaissance, l’auteur assure au chairman que s’il est candidat, « je soutiendrai votre candidature et vous soutiendrai. » Mais ajoute l’auteur, « vous avez plusieurs fois indiqué que le parti accepterait un candidat autre que vous-même pour l’investiture à la présidence de la République ». Le député a donc surfé sur l’état d’esprit du chairman en lui écrivant pour lui demander « humblement votre acceptation pour que je puisse me présenter comme candidat du parti à la présidentielle 2011. » Le candidat à la candidature ajoute: « sous votre leadership, je ferai tout ce qui est nécessaire pour gagner cette élection présidentielle pour le parti. » Bien entendu, rien n’enseigne que le chairman ait apprécié cette initiative. Certains pensent que la dissolution du bureau régional du Sdf du Nord-Ouest dont il est militant, est une riposte à ce qui peut-être a été considéré comme un crime de lèse-majesté.

Dr Nfor Nwayuke Susungi, en quête de consensus

Né le 31 août 1948 au village de Tabenken dans le Département du Donga  Mantung (région du Nord-Ouest), le Dr. Susungi a déclaré sa candidature le 30 novembre 2010. « Je tiens à déclarer solennellement que je me porte candidat à l'élection présidentielle qui se tiendra en Octobre 2011 en République du Cameroun » a-t-il  reconfirmé cette position sur les antennes de BBC Afrique récemment.  Il est un ancien cadre de la Banque africaine de développement dans laquelle il a occupé des hautes fonctions de banquier international pendant vingt ans. Dr Nfor Nwayuke Susungi se fait appeler  «  le candidat du cinquantenaire »   parce que  les élections, dit-il auront lieu au moment où le Cameroun célèbre le cinquantenaire de la réunification en Octobre 2011.  Comme le candidat du cinquantenaire aux élections présidentielles d’octobre 2011, Dr Nfor Susungi laisse entendre  qu’il veut  simplement  succéder au président Biya à la tête du pays afin de canaliser les aspirations d’une nouvelle génération de Camerounais vers d’autres horizons.

De ce fait, cet aspirant a la magistrature suprême propose un document intitulé « Newcam Prosperity Pact», qui énumère un certains nombre de  propositions très ambitieuses de réformes économiques, politiques et constitutionnelles qu’il  mettra en œuvre si le peuple camerounais décide de voter pour lui à l'élection présidentielle de 2011.  Mais le Dr. Susungi retient le fait que le « Newcam Prosperity Pact » est une plateforme  politiquement et idéologiquement neutre.  C’est la raison pour laquelle dans une lettre qu’il a adressée au Président Biya et au Chairman John Fru Ndi le 20 mai 2011,  il a proposé  le « Newcam Prosperity Pact » simultanément au SDF et au RDPC afin de solliciter le soutien conjoint de ces deux partis.   En d’autres termes, le Dr. Susungi souhaite l’investiture du SDF et du RDPC.  Le Dr. Susungi estime que l’approche qu’il a proposée est la seule qui est susceptible de conduire le Cameroun vers une transition pacifiqu.

Joshua Osih, le Joker

En tout cas c’est la force montante d’un parti qui finira bien par faire son aggiornamento un jour, face à une jeunesse moderne et surinformée qui a besoin de repères. Pilote dans le civil, totalement bilingue, l’image du vice-président du Sdf passe bien dans les médias. La tête bien calée sur ses épaules, il sait où ne pas aller pour le moment, en ce début de transition politique où la subversion risque de faire basculer bien des idées reçues. Au Sdf depuis le début, il a également été président provincial du Sud-ouest. D’après les sources du parti, c’est le Joker, candidat idéal pour le chairman et le Sdf. Au cas où  Ni John Fru Ndi renonce à la magistrature suprême.

© La Nouvelle Expression : Frédéric Takang


17/08/2011
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