Présidentielle 2011 : Le pouvoir et l'opposition courtisent la Communauté internationale

Mutations

Des leaders des deux camps ont engagé depuis peu une campagne en direction des «grands décideurs» internationaux.

A deux mois de l’élection présidentielle, la campagne électorale sur le front international est résolument ouverte ; alors que l’on attend encore au Cameroun la convocation du corps électoral. Pour ce qui est de l’opposition par exemple, des sources crédibles signalent qu’un certain nombre de candidats déclarés au scrutin prévu en octobre, notamment Kah Walla-photo (qui s’est déjà rendue dans d’autres pays étrangers pour la même cause), Vincent Sosthène Fouda Essomba et Paul Ayah Abine seront reçus cette semaine par des lobbies proches du parti démocrate américain, parti au pouvoir au pays de l’Oncle Sam.

Sur son site, le candidat Paul Ayah Abine, transfuge du Rdpc, confirme cette information. L’un des invités des lobbies proches de Barack Obama, qui a quitté Yaoundé il y a juste quelques jours a, quant à lui, affirmé à Mutations qu’au cours de l’échange annoncé, il sera question «d’élaborer une stratégie de campagne en vue de la prochaine élection présidentielle». Ce candidat indiquait du reste que « la communauté internationale est un élément avec lequel il faut compter pour remporter la présidentielle».

Pour sa part, Jean Jacques Ekindi, autre candidat déclaré à la présidentielle, qui a organisé un séminaire de formation le 12 et 13 août derniers à Garoua à l’intention des cadres locaux du Mouvement progressiste (Mp) ; a séjourné en juillet dernier en France et aux Etats-Unis. Officiellement pour prendre langue avec l’électorat de la diaspora. Mais plus tôt, au mois de mai, c’est à bien à Paris que le leader du Mp a présenté en exclusivité «son livre de campagne» intitulé «Politiques du Cameroun et d’Afrique : les défis». A défaut de manœuvrer à l’extérieur, Ni John Fru Ndi, le président national du Social democratic Front (Sdf), a capitalisé la semaine dernière sur la visite, à Yaoundé, d’une délégation du Commonwealth et du secrétaire général de l’Internationale socialiste, Luis Ayala. Le chairman en a profité pour remiser, auprès du gouvernement et d’Elecam, son mémorandum en 11 points pour une «élection libre et transparente» au Cameroun. Avec un accent particulier sur le bulletin de vote unique. Au cours de la conférence de presse donnée mercredi à Yaoundé, Luis Ayala, a d’ailleurs clairement fait chorus avec Ni John Fru Ndi sur ce point.

Pressions

Du côté du pouvoir, en dépit du discours officiel sur la «souveraineté du Cameroun dans la gestion de ses affaires», l’on ne prive pas de faire une cour assidue à la Communauté internationale. Dans cette veine, l’on peut relever ce «message de félicitations » (qui trône encore sur le site de la présidence) du chef de l’Etat, Paul Biya, au président américain Barack Obama, le 4 août dernier, à l’occasion de son 50e anniversaire. Soit 6 jours après l’audience (synonyme de prime à la démocratie) accordée par le locataire de la Maison blanche à quatre présidents d’Afrique francophone, Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mahamadou Issoufou (Niger), Yayi Boni (Bénin) et Alpha Condé (Guinée).

« A l'occasion de votre anniversaire le 4 août 2011, il m'est particulièrement agréable de vous adresser avec mes chaleureuses félicitations, mes souhaits de santé et de bonheur pour vous-même et votre famille. Je voudrais y associer mes vœux pour la prospérité de votre pays. Je saisis cette occasion pour vous réitérer mon engagement d'œuvrer avec Vous au renforcement continu des relations confiantes de coopération et d'amitié qui existent si heureusement entre nos deux pays», écrivait Paul Biya.

La visite du chef de l’Etat en Chine est également, à l’analyse, à verser dans la « campagne de lobbying » du pouvoir à l’étranger. Selon le politologue, Mathias Eric Owona Nguini, « les différents compétiteurs politiques camerounais se disputent le soutien d’acteurs influents, d’opérateurs liés aux multinationales et autres lobbies d’influence. Il s’agit pour les uns et les autres de convaincre de la pertinence de leurs candidatures et de leurs programmes. Pour certains leaders, il est également question d’obtenir que ces acteurs extérieurs puissent faire pression sur les autorités locales afin que les règles du jeu électoral soient transparentes et équitables pour tous. Mais dans un contexte de monopolisation politique persistante, cela est loin d’être acquis».

Côté pouvoir, déclare Owona Nguni, «il est question de convaincre que le candidat du Rdpc est le meilleur risque à l’heure actuelle pour le Cameroun. Par ailleurs, en se rendant en Chine, Paul Biya, qui se méfie de la posture actuelle des puissances occidentales, a voulu avoir des garanties quant au soutien de ce pays, qui est membre du Conseil de sécurité des Nations Unies. En cas de crise post-électorale, ce soutien va servir», explique-t-il.

Georges Alain Boyomo



16/08/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres