Présidence de la République: Les secrétaires généraux de Paul Biya

YAOUNDE - 17 NOV. 2011
© Guy Ndzié Essomba | L'Actu
 
Ils sont moins d'une quinzaine à avoir occupé ce poste de plus proche collaborateur du chef de l'Etat, devenu l'un des plus prestigieux du système, en 29 ans de Renouveau.
 
Quand Paul Biya hérite du pourvoir en 1982 à la faveur d'une succession constitutionnelle, c'est le fidèle serviteur de son prédécesseur Ahmadou Babatoura Ahidjo, Sadou Daoudou de regrettée mémoire, qui occupe le poste de secrétaire général de la Présidence de la République (SGPR) après avoir occupé celui de la Défense pendant de longues années. Il est remplacé moins d'un an après par Joseph Zambo, un natif du Sud, le 18 juin 1983. C'est le deuxième remaniement ministériel de l'ancien Premier ministre devenu chef d'Etat en l'espace de deux mois. A travers ces actes, l'on note la volonté du nouveau chef suprême de couper le cordon ombilical avec son prédécesseur en imprimant sa marque.

En fait, sur les 270 ministres pour 33 remaniements ministériels que l'homme lion a eu à faire tout au long de ses 29 ans de magistère, il a nommé moins d'une quinzaine de secrétaires généraux. Soit une moyenne de deux ans passés à cette position. Pourtant, certains n'ont connu qu'un passage éclair. C'est le cas de Sadou Hayatou, actuellement membre du bureau d'honneur du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Il est nommé SGPR le 7 décembre 1990 avant d'être bombardé Premier ministre quatre mois plus tard. Il a remplacé au poste de SGPR Edouard Koulla qui a aussi connu un bref passage. Même Abouem à Tchoyi y séjourne une année seulement en 1984. Amadou Ali qui vient de passer 11 ans comme secrétaire d'Etat à la gendarmerie ne fait pas mieux. Un tour éclair à cette fonction en 1996 le conduit un an seulement après au ministère de la Défense.


Détournements

Celui qui aura donné toutes les lettres de noblesse à ce poste est sans doute Joseph Owona, considéré à tort ou à raison comme ministre sapeur pompier du Renouveau. D'ailleurs, il est le seul à y être revenu deux fois. D'abord comme adjoint entre le 24 août 1985 et le 16 mai 1988. Il occupe pleinement la fonction de Secrétaire général entre le 09 avril 1992 et le 21 juillet 1994. Il est remplacé par Titus Edzoa qui va faire montre d'un excès de zèle pendant les deux ans qu'il passe à la PRC. Son passage sera marqué par l'organisation du sommet France-Afrique où il est accusé de détournement et de tentative de détournement des véhicules y afférents. Ses frasques avec Michel Thierry Atangana dans l'affaire Copisur vont d'ailleurs le conduire en prison où il y séjourne depuis 14 ans.

Comme Titus Edzoa, Atangana Mebara est également en attente de jugement à la prison centrale de Kondengui dans le cadre de l'opération épervier plus précisément dans l'affaire Albatros. Il a séjourné à la présidence comme SGPR pendant quatre bonnes années entre 2002 et 2006. Un record qui est entrain d'être battu par Laurent Esso, la force tranquille qui a remplacé Atangana Mebara. Il est à sa cinquième année. Marafa en son temps avait également passé cinq ans à ce poste entre 1997 et 2002 apportant ainsi sa touche d'élégance et d'assurance dans l'exécution de cette prestigieuse tache de plus en plus convoitée avant d'être affecté au ministère de l'Administration territoriale où il y est toujours comme ministre d'Etat. Il a donc l'habitude de la durée à un poste. Cette longévité contraste avec la moyenne de deux ans ou un peu moins que tonnait la plupart des SGPR comme Jean Nkuété (1986¬1988), Edouard Akame Mfoumou...

Parmi ces SGPR, Paul Tessa qui y a séjourné pendant un an en 1988 est déjà décédé. Ferdinand Oyono, qui a été SGPR en 1985, est aussi décédé. Deux sont en prison, l'un en attente de jugement, l'autre purge une lourde peine de 15 ans. Certains sont en poste et occupent toujours de hautes fonctions malgré le poids de l'âge comme les vice-premiers ministres Amadou Ali et Jean Nkuété et dans une moindre mesure le ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya. D'autres sont au garage depuis quelques années comme Joseph Owona et Akame Mfoumou. Ils espèrent toujours rebondir. Ils n'auraient pas tout à fait tort, leurs alter ego sont toujours là. En plus, le chef de l'Etat n'a-t-il pas le secret de sortir ses anciens collaborateurs de leur retraite paisible ?


17/11/2011
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